Réalisé par Tobe Hooper
Avec
Marilyn Burns, Allen Danziger et Paul A. Partain
Édité par Studiocanal
Fin du voyage. Le rêve s’achève dans la plaine du Texas pour
deux jeunes couples et un garçon infirme. Ce qui devait être
un trip campagnard, vire dans l’horreur pure, lorsque les
jeunes sont charcutés et transformés en T-Bone steak par
Leatherface et sa famille de bouchers détraqués. Une seule
fille survit, pour sombrer dans la folie.
« Massacre à la tronçonneuse » a fait couler des Mississippi
d’encre (souvent empoisonnée), et d’autres encore suivront.
Tobe Hooper s’inspire des méfaits d’Ed Gein pour mettre en
scène l’horreur pure, avec une barbarisation du mythe de la
famille gothique à la Edward Hopper qui suscite à la fois
l’hilarité et l’effroi. Oui, « Massacre à la tronçonneuse » est
aussi une comédie dark, ce qui prouve que les censeurs n’ont
aucun sens de l’humour..
Que reste t-il de « Texas Chainsaw » 27 ans après sa gestation ?
Un chef-d’oeuvre du macabre et du nihilisme, qui s’apparente
plus au road-movie qu’au horror grand-guignolesque ; le témoin
d’un cinéma avec les couilles (pensez à « Zabriskie Point »,
« Sugarland Express » ou « I Spit On Your Grave ») d’une époque où
on n’essayait pas de mener le public en bateau avec ces
"I’m soooo scared",
où on ne faisait pas de concessions de marché.
Certes, « Texas Chainsaw » a vieilli (moins que
La Dernière maison sur la gauche, cependant), ainsi que le
coeur de cible de ses fans historiques. Son style
documentariste et les hurlements à 150 décibels de Marilyn
Burns lui offrent une deuxième chance, un mot perpétuel. Il
faut le prendre (ou le laisser) pour ce qu’il est : une mise à
mort du rêve américain et de ses valeurs traditionnelles.
Il y a édition collector et Edition Collector. Les unes sont
des assemblages marketing d’éléments preconfectionnés à
l’avance ; les autres sont des réexhumations cinéphiles ou
ciné-bis de mythes dispersés dans la nature. Ce DVD ne voyage
pas dans le même classe de votre habituel produit Studio.
« Massacre à la tronçonneuse » est un disque hors-normes, un pur
« collector » dans le vrai sens du mot, un tour de force rare
qui se lance aux trousses d’un des grands films-culte du
cinéma fantastique.
Ce qui fait la différence n’est pas le packaging, ses menus
animés ou la remasterisation Arkamis de la VF d’origine, mais
la patience et l’assemblage de ses contenus sans prix (pour
les fans de « Texas Chainsaw »).
On peut regretter les sous-titres imposés et l’encodage en
4/3, mais StudioCanal réussit sa quête : ce DVD est un Graal
en miniature.
Les nouveaux spectateurs seront comblés, mais les vieux
routards de « Texas Chainsaw » seront au nirvana, grâce à cet
assemblage de contenus souvent rarissimes. Cerise sur le
gâteau : tout est sous-titré ou localisé en français, sans
exceptions.
Par quoi commencer ? Sans doute par le commentaire
audio de Tobe Hooper, Daniel Pearl (à la photo) et Gunnar
Hansen (« Leatherface »), qui redécouvrent leur avorton après
une petite éternité. Un concentré à la fois de nostalgie et de
petits secrets inédits.
L’option commentaire se trouve dans « Autour du tournage », le
sous-menu qui abrite les bonus les plus intéressants, comme
une collection de 6 scènes coupées et 3 scènes
remontées, disponibles en format muet ou sonorisé selon
les cas (on y trouve notamment le début original du film).
Chaque extrait est accompagné par une note de présentation,
qui peut s’étaler sur plusieurs pages (vérifiez s’il y a une
numérotation en haut). On trouve également les rushes
de la mort de Kirk, un bêtisier de 2 minutes, et une
featurette très intéressante sur les accessoires ultra-
macabres (ossements) qui ont servi au film.
Place ensuite à l’interview de Tobe Hooper (23’) - le
bonus le plus « récent » du disque - où le réalisateur offre une
analyse à froid sur son bébé. Le document est chapitré, ou il
peut être vu d’un seul coup.
En revanche, l’absence de chapitrage se fait sentir dans la
galerie d’images. Face à l’ampleur de l’iconographie,
certains spectateurs risquent de quitter cette archive, sans
découvrir que la partie finale contient plusieurs affiches et
lobby-cards internationales (mais aussi des parodies) du film.
En complément final, le disque offre les bandes-annonces des 4
premiers « Texas Chainsaw ». La filmographie de Tobe Hooper nous
rappelle que beaucoup de temps a passé depuis le dernier film
« potable » du réalisateur.
Quant au (minuscule) bonus caché, il s’agit uniquement
des crédits du DVD. Il suffit de faire flèche bas sur le menu
En+ : la voix correspondante apparaîtra entre « Interview » et
« Autour du tournage ».
C’est l’histoire du verre mi-plein et mi-vide. A certains
endroits (notamment le travelling sur le cadavre empalé du
début), l’encodage a la tremblotte, et suit mal les mouvements
de caméra. Mais en même temps, la vidéo a la pêche. Il ne faut
pas assimiler l’état guérillero de la source à un travail
bâché : la vidéo de « Texas Chainsaw » est meilleure de
n’importe quelle édition VHS (où les couleurs bavaient à
outrance), et même de plusieurs pellicules !
Seul regret : l’absence d’un master 16/9. On a du mal à
s’expliquer le pourquoi du comment, d’autant plus que le
format d’origine du film est le 1.75. L’effet est fatal en
visionnage VOST : impossible de zoomer sur l’image, sans
ronger les sous-titres…
Gadget inutile ou atout caché ? La VF 5.1 Arkamis, qui
spatialise la piste mono d’origine, divisera les fans. Oui à
l’Arkamis, diront ceux qui veulent se plonger au coeur du
récit, et entendre le bruit de la tronçonneuse derrière eux.
Jamais dans la vie, hurleront les autres, en estimant qu’elle
trahit l’esprit du film.
Notre préférence se porte vers la VO (remasterisée en Pro-
Logic par Hooper himself), car elle traduit bien le caractère
brut et sauvage de l’oeuvre. Mais pour les fans du 5.1 à
l’état pur, Arkamis a effectué une bonne conversion.
Pour finir, les puristes disposeront également de la VF
d’époque en mono.