Réalisé par Richard Kelly
Avec
Jake Gyllenhaal, Patrick Swayze et Mary McDonnell
Édité par Metropolitan Film & Video
Dans le monde, les choses sont rarement comme elles
paraissent. « Donnie Darko » illustre que tout est une question
de point de vue. Malgré les visions à répétition et l’effet de
bouche à oreille, le débat est loin d’être clos. Voici un OVNI
venu de nulle part - le premier film d’un jeune réalisateur
qui ira loin.
Vu au premier degré, « Donnie Darko » est l’histoire d’un
adolescent très perturbé, confronté à l’impossible : un
affreux lapin qui luit dit que la fin du monde, c’est pour
bientôt.
Mais « Donnie Darko » est un film qui aime creuser, où chaque
détail dans l’image a sa raison d’être. Ce conte de fées dark
plonge d’abord dans l’exploration de la solitude, et ensuite
dans la spéculation des voyages dans le temps. D’où vient le
réacteur d’un turbojet qui faillit de tuer Donnie ? Quelle est
l’identité de l’homme-lapin ? Quels sont les secrets sordides
de cette banlieue clean ? Et qui sont les « morts manipulés » ?
Comme le lapin de Lewis Carroll, on plonge dans le scénario le
plus sophistiqué depuis les temps de
Memento et dans une no man’s land digne de
Blue Velvet. Ce plongeons dans les années ‘80 n’est
pas fortuite : Richard Kelly nous dévoile tout le bien qu’il
éprouve pour l’âge Reagan.
Ce qui frappe aussi dans « Donnie Darko », est cette touche
Valium dans la mise en scène, et l’habilité de Richard Kelly
de ressortir le meilleur de ses acteurs. Chaque visage filmé a
le regard anticipateur de la catastrophe que nul ne pourra
éviter. Et chaque accompagnement musical (on revient vers la
new wave des 80’s) ajoute des étincelles poétiques à
l’imagerie du désastre.
Jake Gyllenhaal (qui interprète Donnie) est un nouveau Tobey
Maguire, un héros triste et romantique face à son destin. Les
autres (grands) acteurs renforcent le coté revival de
l’histoire. Et Drew Barrymore - ici dans la double casquette
de comédienne et productrice - pourra se réjouir d’avoir
offert la première chance à l’un des futurs visionnaires du
Septième Art.
Voici une galette qui sera vue et revue et revue encore, pour
saisir toutes les facettes de l’histoire. Un DVD bleu
électrique, à l’image des tonalités dominantes dans le film,
sa jaquette et ses menus.
Le label prestige n’est pas volé, même si l’un des deux
commentaires reste en VO non sous-titrée. L’exploration des
contenus et des dessous de l’histoire - notamment du coté des
aspects écartés du montage final - est assez complète. Les
sous-titres français sont imposés sur la VO. En contrepartie,
Seven7 offre un petit bonus caché plutôt intéressant.
Le commentaire audio du réalisateur et de Jake
Gyllenhaal (VOST) est intéressant et essentiel. Intéressant
pour l’avalanche d’informations, le contexte et les détails
qu’on va absorber au cours des 110 minutes suivants. Et
essentiel car les deux compères pointent parfois vers des
petits détails qu’on peut avoir raté pendant le visionnage du
film.
Le deuxième commentaire audio est en VO uniquement… et on
comprend aisément le pourquoi. Imaginez une troupaille d’une
dizaine de personnes (nous en avons identifié neuf) qui parle
souvent en même temps, et qui se renvoient des petites
blagues. Pas facile de reconnaître les voix ? Il y a mieux :
Drew Barrymore et les autres acteurs conviés à la session se
présentent sous le nom du personnage qu’ils interprètent dans
le film ! (James Duval se présentera donc comme Frank the
Rabbit, normal, non ?).
Même si le réalisateur tente (en vain) de mettre de l’ordre,
les propos ne sont pas très croustillants. Ce commentaire est
plutôt à suivre pour la dédication des acteurs envers
l’histoire et ce projet - mais seulement les anglophiles
pourront en témoigner.
Les scènes coupées ou intégrales (VOST) sont au nombre
de vingt, et elles constituent un élément clé pour approfondir
certaines facettes du scénario. Interdit de les visionner
avant d’avoir vu le film !
Chaque séquence peut être visionnée avec son audio d’origine,
ou avec le commentaire du réalisateur (lui aussi sous-titré).
Pourquoi elles se retrouvent sur le banc de touche ?
Essentiellement car elles nuisaient au rythme du film. Mais il
y en a d’autres qui ont été écartées (au grand regret du
cinéaste) car elles vendaient le mèche trop tôt. Il y a aussi
un plan gore qui concerne l’un des personnages de l’histoire
(pas de spoiler, nous ne dirons pas qui), qui a été retiré
pour le mieux : nous aimons bien cette personne, et elle ne
mérite pas une fin si explicite..
En contrepartie, l’ergonomie de cette section est franchement
irritante. Impossible de visionner les scènes de bout en bout,
il faut les lancer une par une. La touche des langues est
aussi « lockée », ce qui empêche le passage à la volée de
l’audio du film au commentaire.
La touche la plus amusante du DVD est l’inclusion de
l’infomercial de Jim Cunningham (5’40”). Il faut
regarder le film pour comprendre. Il suffit de dire qu’il est
hilarant. Les propos dans le commentaire greffé à la vidéo
sont aussi tordants, car ils supposent… que l’informercial
est « vrai ». Petite note pour les personnes qui souhaitent
décrypter le film : il faut les voir/écouter jusqu’au bout.
L’un et l’autre sont sous-titrés en français.
Dans l’interview d’un peu moins de dix minutes réalisée
par les bons soins de Metropolitan France, le réalisateur
revient sur les idées à la base du film et sur les conditions
de production, notamment sur l’acquisition des droits
musicaux. Petite déception, à un certain point, Richard Kelly
fait une référence à un bonus… qu’on ne trouve nulle part
dans ce DVD !
Le reste rentre dans les normes syndicales. Une bande-
annonce (VF ou VOST), 5 spots TV (tous en VOST) et
une belle brochette de filmographies.
Pour finir, une galerie d’images est dissimulée dans le disque
en bonus caché. Il suffit juste de cliquer à gauche dans
la page des bonus pour « allumer » l’oeil du lapin. Une jolie addenda au
DVD..
L’image est très volontairement très refroidie et bleuâtre,
pour donner au film l’air d’un univers qui se réveille au
petit matin. La fluidité - essentielle sur les scènes
musicales - tient bien le coup.
« Donnie Darko » est un film très dark et contrasté, mais
parfois la photo s’assombrit au-delà des normes courantes pour
une consommation homevidéo. Quelques regrets aussi du coté de
la définition, qui n’est pas aussi crispée qu’on le voudrait.
Il n’y aurait pas de « Donnie Darko » sans son travail
intelligent sur la musique, et vice-versa. Retour aux 80’s
garanti grâce au traitement respectueux de la BO et aux tubes
de Duran Duran, Echo & the Bunnymen ou Tears for Fears. Si ce
DVD ressortira un jour en édition ultimate, vivement l’arrivée
du clip de « Mad World » et j’ajout de la BOF dans le pack !
Le travail sur les ambiances sonores non musicales est tout
aussi percutant, avec quelques jolis boost des graves (Donnie
qui essaie de percer le vortex spatio-temporel avec la pointe
d’un couteau).
Une bonne restitution sonore, que ce soit en VF ou en VO.