Winter Sleep (2014) : le test complet du Blu-ray

Kis uykusu

Réalisé par Nuri Bilge Ceylan
Avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen et Demet Akbag

Édité par Memento Distribution

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Le 10/12/2014
Critique

Dans le cadre étrange de la Cappadoce, au coeur de l’Anatolie, Aydin, riche propriétaire terrien et comédien raté, exploite en despote un petit hôtel troglodyte avec sa jeune épouse Nihal, sa soeur Necla et Hidayet, l’homme à tout faire. Le départ des derniers clients annonce l’arrivée de l’hiver…

Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan a été salué cette année à Cannes par la Palme d’or et le Prix FIPRESCI (Fédération Internationale des Critiques de Cinéma). Cannes chouchoute depuis longtemps le cinéaste turc auquel elle a décerné divers prix pour Uzak en 2002, Les Trois singes en 2008 et Il était une fois en Anatolie en 2011. Il ne s’agit pas d’un entichement local : d’autres festivals ont été touchés par le virus à Dublin, Dubaï, Chicago, Berlin et, il fallait s’y attendre, à Ankara et en Anatolie.

Pourquoi un tel engouement ?

Le talentueux Nuri Bilge Ceylan, tout d’abord, prend son temps, précisément dix-sept ans pour sept films. Tous marqués par sa touche personnelle, puisqu’il en écrit lui-même le scénario. Et, pour assurer son indépendance, il est aussi le producteur de ses films.

Nuri Bilge Ceylan laisse aussi son empreinte en peaufinant la mise en scène. Il porte, notamment, une attention obsessionnelle aux acteurs, ce que nous permet de vérifier le documentaire de tournage. Il prend un soin presque maniaque à les faire répéter, à exiger leur soumission au script, ne cédant qu’après négociation quelques légères altérations.

Le réalisateur dit avoir été inspiré par les nouvelles de Tchekhov. Winter Sleep peut aussi faire penser au théâtre de Sartre, au cinéma de Michelangelo Antonioni et surtout d’Ingmar Bergman, plus particulièrement à Scènes de la vie conjugale à Saraband et à Sonate d’automne

Ni anges, ni démons…

Les étranges montagnes de Cappadoce dans lesquelles sont creusées les pièces de l’hôtel fournissent le cadre insolite d’un huis clos étouffant. Aydin, cultivé, intelligent, tente pourtant de se leurrer en prétendant écrire une histoire du théâtre turc. Cette glissade vers l’oisiveté est, peut-être, à l’origine d’une culpabilité, plus ou moins consciente, qui le pousse à humilier ceux qui l’entourent, qu’il sait tenir à sa merci parce qu’ils dépendent de lui financièrement.

La longue scène d’affrontement avec Nihal, chargée d’une sourde violence, soutient l’attention sans faillir, bien qu’elle dure 30 minutes, tant par la force des dialogues que par le rare talent des deux interprètes, Haluk Bilginer et Melisa Sözen.

Vue d’abord comme la victime d’un mari tyrannique, Nihal révèle aussi ses travers. À plusieurs reprises, on peut sentir la fragilité d’Aydin. Cette ambiguïté subtilement mise à jour donne aux personnages une exceptionnelle épaisseur.

Présentation - 4,5 / 5

Les deux disques, le Blu-ray du film (177 minutes !) et le DVD des bonus, sont présentés dans un digipack à trois volets décorés d’une vue panoramique du curieux hôtel dans son environnement. En couverture, l’hôtel sous une fine couche de neige avec un petit personnage en premier plan symbolise parfaitement l’isolement du lieu.

Le film n’est proposé que dans sa version originale avec sous-titres français imposés, parfaitement placés à cheval sur la bande noire.

Bonus - 5,0 / 5

On trouve sur le Blu-ray la bande annonce du film et celle de Il était une fois en Anatolie. C’est sur le DVD qu’on trouve l’essentiel des suppléments :

En premier lieu, un impressionnant documentaire sur le tournage de… 2h20 ! Un modèle du genre qui nous invite à observer sur le plateau le travail du réalisateur, à mesurer l’attention qu’il porte à la direction des acteurs. Réalisateur, acteurs et techniciens semblent oublier qu’ils sont filmés. On les voit donc travailler comme à l’habitude. Passionnant et, de plus, soigneusement filmé.

Suit Winter Sleep à Cannes (11’) avec une brève description du film à l’occasion de la présentation à la presse de la sélection de 2014, la montée des marches, la remise de la Palme d’Or et la justification du choix par le jury, présidé par Jane Campion.

Pour finir, une galerie de photos de plateau et de clichés pris à Cannes, une soixantaine en tout.

Image - 4,5 / 5

L’image (2.35, 1080p, AVC), dans une fine palette de couleurs, est délibérément douce, occasionnellement à la limite de la confusion dans quelques scènes sombres, manifestement tournées en lumière naturelle ou avec des éclairages très discrets.

Souvent, dans les scènes d’intérieur, la mise au point est faite sur un visage ou un objet en tout premier plan qui se détache sur un arrière-plan laissé dans le flou. Dans les scènes tournées en extérieur, la brume estompe le paysage. Ces choix donnent à l’ensemble de la photo une touche impressionniste.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 assure une parfaite clarté des dialogues, caractérisés par des timbres assez chauds. L’image sonore procure une immersion réaliste dans l’ambiance des lieux, restituée avec finesse : un aboiement lointain, le bruissement du vent, des pas étouffés, une porte qui s’ouvre… tout paraît naturel.

La musique d’accompagnement, l’andantino de la sonate pour piano D. 959 de Schubert, ponctue agréablement le récit, sans jamais être intrusive.

Crédits images : © Memento Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 7 décembre 2014
Cet oppressant huis-clos, filmé dans un cadre insolite, a décroché la Palme d’or 2014.
En complément, un passionnant documentaire nous fait pénétrer dans les coulisses du tournage.

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Winter Sleep
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