Réalisé par Matthew Vaughn
Avec
Colin Firth, Samuel L. Jackson et Taron Egerton
Édité par 20th Century Studios
Eggsy, un jeune délinquant du sud de Londres, arrêté pour un vol de voiture, se souvient que Harry Hart, un ami de son père tué au cours d’une mission, lui avait donné, il y a 17 ans, un médaillon avec un numéro de téléphone qu’il pourrait appeler s’il avait besoin de secours. Harry propose au jeune homme, aussitôt relâché, de réorienter sa vie en se soumettant à un exigeant programme de sélection pour devenir super-espion dans une organisation secrète, Kingsman. L’objectif du jour est de déjouer le plan très particulier que le milliardaire Richmond Valentine a mis au point pour sauver la planète.
Kingsman : Services secrets est, sans conteste, un film réjouissant, astucieux, débordant d’action, souvent ultra-violente mais montrée sous un angle humoristique. Une sorte d’aventure de James Bond à la sauce Kick-Ass, épicée à la X-Men.
Rien d’étonnant à cela : c’est le cinquième film de Matthew Vaughn, précédemment responsable (mais pas coupable) de Kick-Ass et X-Men : Le commencement. C’est l’adaptation d’une bande-dessinée créée (en collaboration avec Dave Gibbons) par Mark Millar auquel on doit aussi la BD Kick-Ass.
À l’inventivité d’un scénario loufoque à l’écriture duquel il a contribué, s’ajoute le talent du cinéaste britannique qui s’exprime par des angles de prise de vue originaux, un montage très astucieux (la scène de 15 minutes de la sanglante bagarre dans une église a les allures d’un long plan-séquence, alors que son tournage s’est étalé sur une semaine !).
L’humour de Kingsman : Services secrets montre le bout de son nez à tout bout de champ. Dans une course poursuite en voiture en marche-arrière ! Ou encore, au cours d’un dîner très formel, accompagné par un grand cru, quand la cloche d’argent se soulève sur un assortiment de… hamburgers encore emballés dans leur carton ! Quand Harry (Colin Firth), l’archétype du gentleman snob, dit à de jeunes voyous pourquoi il va leur administrer une leçon de bonnes manières « Manners maketh man ». Ou encore, quand des centaines de têtes explosent dans le tempo de la célèbre marche Pomp and Circumstance…
Kingsman : Services secrets, c’est aussi un casting royal. Colin Firth, aussi contrôlé et tiré à quatre épingles que dans Le Discours d’un roi, laisse pantois lorsqu’il est entraîné dans la sauvagerie du massacre des fidèles d’une église intégriste du Kentucky. Samuel L. Jackson lui dispute la vedette en campant, cheveu sur la langue, un personnage haut en couleurs cachant, derrière le masque d’un philanthrope, un exterminateur implacable mais qui défaille à la vue d’une simple goutte de sang.
Dans les seconds rôles, Michael Caine, Mark Hamill (le Skywalker de La Guerre des étoiles) et Mark Strong qui, pour une fois, ne joue pas les méchants. La jeune classe tient honorablement sa place, à commencer par Taron Egerton/Eggsy, dans son premier long métrage : il se métamorphose de voyou en dandy sous l’influence de Colin Firth qui joue avec lui les pygmalions. Il y a aussi la jeune Algérienne Sofia Boutella dans la peau d’un personnage qu’on croirait sorti de la franchise X-Men : Le commencement avec ses tranchantes prothèses de jambes et Sophie Cookson, la seule fille à avoir été sélectionnée par Kingsman.
N’oublions pas les décors : la boutique de tailleur de Londres (on Savile Row, of course!) dont les antiques lambris de bois contrastent avec les immenses hangars futuristes abritant la force de frappe de Kingsman. Ne passons pas, non plus, à côté des gadgets à la James Bond, entreposés au 16e sous-sol de Savile Row où l’on découvre un parapluie qui résiste aux balles. À signaler également la qualité des effets spéciaux.
Kingsman : Services secrets est plus qu’une grosse machine (qui a quand même coûté la bagatelle de 81 millions de dollars) : c’est aussi un intelligent et plaisant divertissement, avec des audaces, talentueusement réalisé.
Présentation banale du disque dans le traditionnel boîtier bleu. Le menu animé et musical propose le choix entre pas moins de cinq versions audio : la version originale DTS HD Master Audio 7.1 et quatre doublages DST Digital Surround 5.1 en français, castillan, allemand et italien.
Sous-titres en douze langues, dont le français et l’anglais.
Le film sort simultanément sur DVD, mais avec moins de bonus.
Dans Tout sur Kingsman : Services Secrets, en six modules d’une durée totale de 91 minutes, interviennent le réalisateur, les créateurs de la BD (également coproducteurs du film), la coscénariste Jane Goldman et les acteurs qui se laissent trop souvent aller à faire la promotion du film. Différentes séquences sur le tournage révèlent toutefois le soin apporté à la réalisation, notamment aux mouvements de caméra.
Les deux modules les plus intéressants sont Les armes et les gadgets (15’) et Un montage choc (18’) qui donne quelques informations utiles sur le tournage des scènes d’action, particulièrement sur la boucherie dans l’église et sur les cascades.
Pour finir, une galerie de 120 photos classées dans trois albums (les coulisses du film, les décors, les accessoires) et une bande annonce en VO sans sous-titres.
Un peu plus d’attention aurait pu être portée à la jaquette qui mentionne un commentaire audio de Matthew Vaughn, inexistant, ainsi qu’un format d’image erroné, 1.85:1 au lieu de 2.40:1 !
L’image (2.40:1, AVC) ne laisse apparaître aucun défaut de compression sur ce disque bien rempli. Hormis dans la scène introductive envahie par la poussière ocre du Moyen Orient, les couleurs sont délicatement saturées et la définition très pointue.
Le format DTS HD Master Audio 7.1, dynamique, ouvert sur un large spectre avec des basses fermes, assure une convaincante immersion dans l’image sonore, souvent spectaculaire. Les dialogues sont clairement restitués, jamais couverts par les bruits d’ambiance ni par l’accompagnement musical.
La version originale est préférable au doublage en français qui tend à étouffer légèrement les voix.
Crédits images : © 20th Century Fox Fox, Marv, TSG Entertainment