Réalisé par Louis Malle
Avec
Jeanne Moreau, Maurice Ronet et Lino Ventura
Édité par Gaumont
Julien Tavernier, officier retraité, est l’amant de Florence Carala, l’épouse de son patron marchand d’armes. De connivence avec Florence, Julien maquille en suicide l’assassinat de Simon Carala dans son bureau. Réalisant qu’il a oublié un indice compromettant, Julien, revenu sur les lieux de son crime, se retrouve bloqué pour la nuit dans l’ascenseur.
Ascenseur pour l’échafaud est le premier film que Louis Malle réalise seul, en 1958, après avoir codirigé avec Jacques-Yves Cousteau le documentaire Le Monde du silence qui remporta, entre autres prix, la Palme d’or à Cannes en 1956.
Cette première oeuvre, réalisée dans le style du film noir du cinéma américain, tranche avec la production cinématographique française, au point qu’on s’accordera vite à regarder Ascenseur pour l’échafaud comme le film annonciateur de la Nouvelle vague.
Le scénario, que Louis Malle a coécrit avec l’écrivain Roger Nimier, contient le récit dans l’espace d’une nuit, concentre l’action sur trois personnages en trois lieux : Julien, seul dans la cabine d’ascenseur plongée dans l’obscurité, Florence à la recherche de son amant dans le Paris nocturne et Louis, un jeune voyou dans la voiture de Julien qu’il a volée pour se lancer dans une équipée sauvage à l’issue tragique.
En rupture avec l’écriture cinématographique d’alors, tirant parti des avancées technologiques, Louis Malle s’affranchit des éclairages artificiels. Des exemples emblématiques de cette nouvelle écriture, sont les séquences, filmées en plan américain par Henri Decaë, de Jeanne Moreau, éclairée par la seule lumière des réverbères et des devantures de boutiques, marchant dans les contre-allées des Champs-Élysées.
Ascenseur pour l’échafaud, c’est aussi la musique originale de Miles Davis, accompagné par quatre musiciens, Barney Wilen au saxophone ténor, Pierre Michelot à la contrebasse, Kenny Clarke à la batterie et René Urtreger au piano, qui ravive les souvenirs de l’enregistrement dans un excellent bonus. Cet accompagnement musical, qui laisse de longues plages de silence, improvisé devant une projection de scènes du film, s’intègre en parfait contrepoint de l’image, par exemple, cette fois encore, en accompagnant la marche de Jeanne Moreau sur les Champs-Élysées.
En tête de distribution, Jeanne Moreau (elle tournera encore sous la direction de Louis Malle, la même année, Les Amants, puis Le Feu follet en 1963 et Viva Maria en 1965), en compagnie de Maurice Ronet, tenant dans Ascenseur pour l’échafaud son premier grand rôle. Apparaissent aussi Georges Poujouly, six ans après son interprétation de Michel, le gamin ami de Brigitte Fossey dans Jeux interdits (René Clément, 1952), Jean-Claude Brialy dans deux courtes scènes et Lino Ventura, un habitué des rôles de mauvais garçons, ici dans celui d”un commissaire de police, assisté par Charles Denner.
Ce premier film abouti remporta le Prix Louis Delluc en 1957.
Ascenseur pour l’échafaud vient s’ajouter aux récentes rééditions, remasterisées en HD, de films majeurs de Louis Malle, édités par Gaumont sur Blu-ray et DVD à l’occasion du vingtième anniversaire de sa disparition : Le Souffle au coeur, Au revoir les enfants, Milou en mai et Le Feu follet.
Test effectué sur check disc. Le disque (BD-50) de cette première édition sur Blu-ray est proposé dans le traditionnel boîtier bleu. On retrouve sur le menu fixe et muet le même style graphique que celui des autres titres, également testés.
Sous-titres pour malentendants et sous-titres anglais disponibles pour le film, pas pour les suppléments.
En supplément, tout d’abord, L’espace d’une nuit (33’, HD), un documentaire inédit réalisé par Pierre-Henri Gibert en 2015, avec les témoignages de Candice Bergen, qui fut l’épouse de Louis Malle, Jean-Claude Carrière, José-Alain Fralon, Jean-Claude Laureux, Jean-Louis Lemarchand, Frédéric Malle, Jean-Claude Moireau, Jean-Paul Rappeneau, Philippe Collin et Volker Schlöndorff, qui furent les assistants de Louis Malle pour Ascenseur pour l’échafaud, Aldo Tassone et Ghislain Uhry. Ces précieux témoignages mêlent le souvenir d’amis de Louis Malle sur son enfance et ses débuts de réalisateur, des anecdotes sur le tournage du film, une analyse de la nouveauté du style d’écriture filmique…
Suit, Souvenirs du pianiste René Urtreger sur l’enregistrement de la musique de Miles Davis (15’, SD), enregistré en 2005 pour l’édition DVD par Arte. Miles Davis, après un visionnage du film déjà monté, a conçu l’esquisse des thèmes qu’il a fait entendre aux quatre musiciens choisis pour l’accompagner. Quelques répétitions après, le quintette a improvisé la musique originale devant l’écran sur lequel étaient projetées des séquences du film. La trompette de Miles Davis est résolument au premier plan, les autres instruments se faisant discrets. Cependant, dans certaines scènes de suspense, la trompette se tait, laissant la place à un délicat contrepoint par le piano, la basse et les cymbales du batteur.
Pour finir, une bande annonce.
L’image (1.37:1, 1080p, AVC), parfaitement nettoyée sans recours à un réducteur de bruit, conserve la texture argentique originelle au prix d’une certaine douceur et d’un léger fourmillement occasionnel, parfaitement acceptables. Des blancs lumineux et des noirs denses assurent de parfaits contrastes.
Le son mono d’origine (DTS-HD Master Audio 1.0), exempt du moindre souffle, assure aux dialogues une parfaite clarté et ravive l’accompagnement musical du quintette de Miles Davis avec brillance, sans aucune saturation.
Crédits images : © 1958 Nouvelles Editions de Films NEF - Collection Musée Gaumont