Le Grand chantage (1957) : le test complet du Blu-ray

Sweet Smell of Success

Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livre de 224 pages

Réalisé par Alexander Mackendrick
Avec Burt Lancaster, Tony Curtis et Susan Harrison

Édité par Wild Side Video

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Le 19/12/2016
Critique

Le grand chantage

Sidney Falco mène tant bien que mal sa petite agence de presse : les dettes s’accumulent plus vite que les revenus qui lui viennent essentiellement d’un célèbre éditorialiste du quotidien The New York Globe aux 60 millions de lecteurs, J.J. Hunsecker, vivant seul avec sa jeune soeur Susan. Sidney n’a pas rempli la mission que lui avait assignée Hunsecker de faire cesser l’idylle de Susan avec un guitariste, Steve Dallas. La sanction est tombée : il n’achète plus aucune information à Sidney.

Le Grand chantage (Sweet Smell of Success, pourquoi un titre français aussi banal ?) est le premier film réalisé par Alexander Mackendrick à Hollywood, à la suite des cinq films réalisés au Royaume Uni aux Ealing Studios.

Le Grand chantage est un des derniers et l’un des plus noirs des films noirs. Un profond pessimisme s’ajoute à la noirceur des personnages principaux, interprétés par Burt Lancaster (J.J. Hunsecker), mesurant son pouvoir à l’aune du mépris dans lequel il peut ouvertement tenir son prochain et entretenant avec sa soeur une relation quasi-incestueuse et Tony Curtis (Sidney Falco), rongé jusqu’à la moelle par l’ambition. Les deux acteurs endossaient pour la première fois un costume de méchant. Ce contre-emploi explique-t-il que ce soit là probablement leur meilleure performance ?

Le scénario de Clifford Odets, l’adaptation d’une nouvelle d’Ernest Lehman, un agent de presse repenti qui s’est inspiré de l’éditorialiste Walter Michell pour le personnage de Hunsecker, fait monter la tension sans temps mort. Les dialogues, très écrits, renforcent l’étrangeté des personnages et de l’ambiance.

La magnifique photo en noir et blanc est l’oeuvre du chef opérateur James Wong Howe (deux fois oscarisé pour The Rose Tattoo de Daniel Mann, en 1956 et pour Hud de Martin Ritt, en 1964.

L’excellente analyse de sept scènes par Philip Kemp permet d’apprécier la rigueur de la mise en scène de Mackendrick et l’accompagnement musical d’Elmer Bernstein et du Chico Hamilton Quintet est un autre atout d’un film, fraîchement reçu par le public et la critique à sa sortie, mais aujourd’hui considéré à sa juste valeur.

Le Grand chantage un film unique, à découvrir ou à revoir dans une exceptionnelle édition.

Le grand chantage

Présentation - 5,0 / 5

Le Grand chantage (97 minutes) avec ses généreux suppléments (104 minutes) est ici livré dans une édition exceptionnelle, une de celles qui marqueront 2016. Film et suppléments tiennent sur un Blu-ray double couche logé dans un coffret, non fourni pour le test, effectué sur check discs. Un menu animé, présenté sur la une du New York Globe, propose le choix entre version originale avec sous-titres imposés, et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 2.0.

Le coffret contient également deux DVD (DVD-9 et DVD-5) avec le film et tous les bonus du Blu-ray. On y trouve aussi Les Vertus du chaos : Alexander Mackendricket Sweet Smell of Success, un livre de Philippe Garnier sur la genèse du film et son tournage (224 pages, abondamment illustrées). Cette étude approfondie de l’oeuvre remonte à l’origine du film, la nouvelle d’Ernest Lehman parue en 1950 dans Cosmopolitan sous le titre aseptisé de Tell Me About It Tomorrow. La réalisation fut chaotique : le tournage, par exemple, commença alors que n’était pas terminée l’écriture du scénario, complètement remanié par Clifford Odets !

Wild Side avait déjà fait appel à Philippe Garnier, auteur du remarquable livre La Main du saigneur, accompagnant l’Édition Collector de La Nuit du chasseur, sortie en 2013, qui fut récompensée par le Prix de la meilleure édition d’un film de patrimoine, décerné par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma.

Les Vertus du chaos : Alexander Mackendricket Sweet Smell of Success évoque successivement Ernest Lehman, Hecht-Hill-Lancaster, la société de production constituée par Harold Hecht, James Hill et Burt Lancaster, la collaboration entre Alexander « Sandy » Mackendrick et Clifford Odets, le tournage de scènes à New York, dans la rue, aux heures de pointe, l’influence de Burt Lancaster, l’accueil de la critique et du public…

Le grand chantage

Bonus - 5,0 / 5

Ces bonus vidéo sont repris de l’édition Arrow sortie aux USA en mars 2015.

Interview de Philip Kemp (26’) L’universitaire britannique, collaborateur régulier des magazines Sight & Sound and Total Film, resitue dans son époque Sweet Smell of Success, qui fut l’un des ultimes « films noirs », un genre né aux USA dans les années 40. Philipe Kemp apparaît dans un petit cadre en haut et à gauche de scènes du film : une excellente idée qui permet de voir des extraits du film pendant ses passionnants commentaires, sur les débuts d’Alexander Mackendrick, sur ses premiers films aux Ealing Studios, sur son expérience à Hollywood, sur la genèse et le tournage de Sweet Smell of Success

Puis vient le commentaire de 7 scènes par Philip Kemp (32’) qui éclaire les vertus du scénario, des dialogues, du montage, de la direction d’acteurs, des éclairages… Pertinent de bout en bout, un modèle du genre !

Suit The Man Who Walked Away (Scottish Television, 1986, 42’, sur le deuxième disque pour l’édition DVD) qui rassemble les témoignages de Burt Lancaster, Harold Hecht, John Milius, Gordon Jackson, James Coburn, des étudiants, et bien d’autres sur leur rencontre avec Alexander Mackendrick. Il aurait souri quand James Hill lui demandait si la clef de ses succès n’était pas qu’il savait quand s’éclipser. Cet intéressant documentaire donne surtout la parole au réalisateur, lequel, en dépit du fait qu’il soit américain, né à Boston de parents écossais et qu’il ait suivi ses études à Glasgow, s’exprime avec un pur accent d’Oxford pour évoquer ses jeunes années, le début de sa carrière de cinéaste aux Ealing Studios où il créa des gemmes du cinéma britannique, Whisky à gogo (Whisky Galore, 1949), L’Homme au complet blanc (The Man in the White Suit, 1951), Mandy (1952), The « Maggie », The Ladykillers (Tueurs de dames) (Ladykillers, 1955), son expérience hollywoodienne, les difficultés du tournage de The Devil’s Disciple, au cours duquel il fut remplacé par Guy Hamilton, la réalisation de Sweet Smell of Success, ses souvenirs et ceux de Burt Lancaster, etc.

Pour finir, la bande-annonce du film, dont l’état brut permet d’apprécier la qualité du travail de restauration.

Le grand chantage

Image - 5,0 / 5

L’image (1.66:1, 1080p, AVC), parfaitement stable, a été débarrassée de toute tache ou griffure, sans que la restauration 4K (effectuée pour l’édition Criterion de 2011) n’ait affecté la texture argentique. Un fin dégradé de gris, des contrastes solides avec des blancs lumineux et des noirs denses assurent une parfaite lisibilité dans toutes les conditions d’éclairage, y compris dans les scènes tournées la nuit dans les rues de Manhattan.

Le grand chantage

Son - 5,0 / 5

La restauration du son est à la hauteur de celle de l’image : les bruits parasites ont été éliminés et le souffle est à peine audible. La composition pour orchestre d’Elmer Bernstein et le jazz du Chico Hamilton Quintet sont servis par le codec DTS-HD Master Audio 2.0 qui procure, dans les deux versions, une ouverture de spectre et une dynamique au sommet de ce que peut offrir un enregistrement fait il y a soixante ans. Les dialogues sont clairement restitués, mais trop en avant dans le doublage en français.

Le grand chantage

Crédits images : ©1957 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 11 février 2017
Le Grand chantage (Sweet Smell of Success), un des derniers grands films noirs de Hollywood, indisponible depuis des années, nous arrive enfin, dans une magnifique édition qui a remporté le prix du meilleur DVD/Blu-ray décerné par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma dans la catégorie des films de patrimoine.

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