Neruda (2016) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Pablo Larraín
Avec Luis Gnecco, Gael García Bernal et Mercedes Morán

Édité par Wild Side Video

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Le 09/06/2017
Critique

Neruda

Trois ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, le poète Pablo Neruda, sénateur communiste du Chili, critique le gouvernement, notamment pour la chasse aux communistes qu’il a entreprise avec le soutien des USA. Destitué, il s’enfuit pour se cacher avec son épouse, le peintre Celia del Carril. Le président Videla charge l’inspecteur Óscar Peluchonneau de l’arrêter. Neruda laisse derrière lui des indices de sa présence pour que la presse parle de lui et entretienne sa légende.

Neruda est le sixième long métrage de Pablo Larrain, porte-drapeau du jeune cinéma chilien avec Sebastián Lelio, réalisateur de La Sagrada familia, 2004, Gloria, 2014 et Una mujer fantástica qui vient de recevoir l’Ours d’argent à Berlin.

Sorti la même année que le biopic Jackie, Neruda suit deux autres films remarquables de Pablo Larraín, No (2012), un autre film politique sur l’opposition au referendum d’Augusto Pinochet en 1988 et El Club, Ours d’argent à Berlin en 2015.

« Arrêtez-le et humiliez-le ! »

Si la traque de Pablo Neruda par la police du président Videla qui souhaitait pouvoir le discréditer aux yeux des Chiliens est bien réelle, Neruda, Pablo Larrain l’affirme, n’est pas un documentaire, mais une fiction imaginant ce qu’auraient pu être la vie et les états d’âme de Pablo Neruda pendant ses années de clandestinité, en partie imaginés par Óscar Peluchonneau, le policier lancé à ses trousses, et révélés par ses pensées en voix off.

Neruda

« Je vais devenir leur pire cauchemar ! »

En réponse, Pablo Neruda, tout en évitant l’arrestation, laissait partout des marques de son passage pour que la presse se souvienne de lui et rende compte de la facilité avec laquelle il réussissait à narguer le pouvoir.

Pourtant, Neruda est une démystification du poète, présenté comme un macho imbu de sa personne, un sybarite s’étourdissant dans des soirées orgiaques inondées de champagne, pas vraiment conforme à l’image d’un homme proche du peuple.

Encore qu’il soit difficile de démêler le réel de l’imaginaire : nous montre-t-on toujours la réalité ou la vision qu’Óscar Peluchonneau a du comportement de celui qu’il poursuit sans jamais pouvoir l’atteindre, de celui qu’il hait et qu’il admire tout à la fois, après avoir lu les recueils de poésie dédicacés qu’il laisse derrière lui, à son intention ?

Film étrange, ambigu, Neruda mêle plusieurs genres. Tout à la fois film politique, film policier, film poétique et film d’aventures aux allures de western dans sa dernière partie, celle de la traque dans la Cordillère des Andes.

Filmé par une caméra très mobile, Neruda doit, au-delà de la subtile originalité du scénario de Guillermo Calderón, à sa distribution : à Luis Gnecco, dans le rôle-titre, à Mercedes Morán, dans celui de Delia del Carril et, surtout, à Gael García Bernal, dans celui d’Óscar Peluchonneau, un personnage complexe (« mi-crétin, mi-stupide », dit de lui un proche de Neruda), avide de considération (on le voit, en plongée, minuscule, au pied de la statue de son père, fondateur de la police chilienne), aspirant à devenir le « personnage principal » du jeu du chat et de la souris avec le poète. Un personnage moins stupide qu’il n’y paraît, cependant, puisqu’il en arrive à se demander s’il n’est pas devenu un personnage fictif, créé par Neruda pour se mettre en valeur.

Neruda

Présentation - 3,0 / 5

Neruda (108 minutes) et ses suppléments (77 minutes), tiennent sur un Blu-ray double couche logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur un check disc. Le menu animé et musical propose le choix entre la version originale, avec sous-titres imposés (mais correctement placés, à cheval sur la bande noire), et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1.

Bonus - 2,5 / 5

Après de courts entretiens avec l’équipe du film (durée cumulée 6’), sans grand intérêt, suit un entretien avec Alain Sicard (38’), auteur de l’ouvrage El mar y la ceniza, Nuevas aproximaciones a la poesía de Pablo Neruda (Éditions LOM, Santiago de Chile, 2011) et d’un dossier sur Résidence sur la terre de Pablo Neruda (Folio, 2003). Il se souvient de sa première rencontre avec Pablo Neruda, reçu par L’Humanité en 1964, des dix jours passés en sa compagnie. Il retrace son parcours : diplomate à Madrid où il prend position pour les républicains, puis au Mexique, avant de rejoindre le Chili où il écrira Canto general pendant sa clandestinité. Pablo Larrain a manifestement voulu faire descendre Neruda de son piédestal en imaginant, comme une sorte d’aventure tragico-comique, toute la période de clandestinité sur laquelle on sait peu de choses. Son film est directement à l’opposé de celui, si bienveillant, réalisé en 1994 par Michael Radford et Massimo Troisi, Le Facteur (Il Postino).

Making of Neruda (38’). Pablo Larrain rappelle les moyens mis en oeuvre : 150 acteurs, 1 500 figurants, 350 véhicules, 88 lieux de tournage et de nombreux décors. Il a souhaité des caméras très mobiles avec dolly, steadicam, travellings sur rails, et pouvoir donner la patine du temps à la photographie en utilisant plusieurs combinaisons de filtres qui donnent, notamment, une dominante violette à l’image.

Pour finir, la bande-annonce.

Neruda

Image - 3,5 / 5

L’image (2.40:1, 1080p, AVC) pose un délicat problème d’appréciation de sa qualité. On doit prendre en compte les choix artistiques du réalisateur : souhaitant éviter la définition trop propre donnée par les caméras numériques, il a remplacé leurs objectifs par des optiques anciennes qu’il a équipées de filtres pour donner une patine à l’image.

Soit, mais cela doit-il empêcher un constat des résultats obtenus ? Le voici : une définition rappelant celle des cassettes VHS, une dominante allant du violet au rose bonbon, un manque de luminosité, des contrastes mous affectant la lisibilité des scènes en basse lumière où les personnages sont souvent réduits à l’état de silhouettes et, pour finir, une débauche de flares, ces fâcheux reflets dur les lentilles !

Si le résultat avait été imputable à la technique, la note minimale se serait imposée. Fallait-il, puisque tout ça était délibéré, donner la note maximale ? J’ai tranché, à titre personnel, mais le débat reste ouvert.

Neruda

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio, disponible pour la version originale et le doublage, restitue clairement les dialogues (légèrement trop en avant dans le doublage). Dans les deux versions, on apprécie une large bande passante et une grande finesse que l’on peut tester avec les illustrations musicales classiques, tel cet extrait du Peer Gynt de Grieg qui revient comme un leitmotiv.

L’image sonore reste centrée sur les voies frontales.

Neruda

Crédits images : © 2016 Wild Bunch

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 10 juin 2017
Pablo Larrain imagine ce qu’a pu être la vie de Pablo Neruda à la fin des années 40 quand, pour échapper à une arrestation certaine, il a joué au chat et à la souris avec les autorités chiliennes. Un scénario et une mise en scène très personnels.

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