The 28 Heroes (2016) : le test complet du Blu-ray

Le 14 novembre 1941, alors que les forces allemandes progressent vers Moscou, un groupe de 28 soldats sous les ordres du général Ivan Panfilov va livrer un combat homérique face à la 11e Panzer Division du IIIe Reich pour retarder son avancée. Au prix d’un incroyable sacrifice, équipés uniquement d’armes légères et de quelques grenades, ils parviennent à stopper 54 tanks allemands.

The 28 Heroes (Dvadtsat vosem panfilovtsev, 2016), financé par un appel public aux dons et par le ministère de la culture de Russie, est le deuxième film coréalisé par Kim Druzhinin et Andrey Shalopa qui s’étaient déjà associés en 2008 pour Poymat vedmu, une relecture du Projet Blair Witch dans les forêts de Saint Pétersbourg. Sorti dans les salles de quelques pays, dont la Russie évidemment, le film nous arrive directement en vidéo.

The 28 Heroes, après une introduction bavarde de près de 40 minutes, dans la brume d’une plaine gelée, où les officiers titillent la fibre patriotique des soldats, où les soldats se remontent le moral en comparant l’aventure qui les attend à l’exploit des sept samouraïs, les Allemands arrivent enfin, donnant le coup de sifflet qui déclenche l’action.

Une action sans relâche, hormis deux courtes pauses ménagées par un retrait de l’ennemi pour regrouper ses forces. Toujours filmé du point de vue des Soviets, l’essentiel du métrage se partage alors entre un déluge de feu, nourri par l’artillerie lourde de la Wehrmacht, par les canons des tanks et les pistolets mitrailleurs des fantassins, qui s’abat sur les 28 héros, terrés dans les tranchées qu’ils ont creusées la veille.

Plutôt bien réalisées, ces scènes de guerre ne font pas pâle figure à côté d’autres, sans trop trahir la faiblesse des moyens avec lesquels elles ont dû être tournées (estimés à 1,7 millions de dollars), en majorité investis dans la location des accessoires, des uniformes et des armes et, sans l’ombre d’un doute, dans les effets spéciaux, la plupart des acteurs étant des débutants.

Le spectateur, efficacement immergé dans l’action, comme s’il était dans les tranchées, voit les colonnes allemandes s’approcher lentement mais sûrement (bien qu’elles subissent de lourdes pertes !)

Quand la fiction dépasse la réalité…

Un si héroïque fait d’armes de la seconde guerre mondiale, déjà honoré par l’érection de deux monuments dans le plus pur style stalinien, méritait bien un premier hommage cinématographique.

Seulement voilà, en juin 2015, Sergei Mironenko, directeur des archives d’état de la Russie, a révélé, ce qui lui coûta son poste, que l’exploit des 28 héros était l’invention de Krasnaya Zvezda, journaliste de l’Armée rouge, commandité pour galvaniser l’ardeur des troupes. La rumeur courait déjà depuis longtemps, mais sourdement. Déjà Brejnev mettait sérieusement en garde quiconque oserait s’attaquer à cette légende sacrée, encore farouchement défendue par le régime en place !

Une réalité continue cependant de s’imposer, toujours indiscutée, c’est le rôle déterminant qu’a joué pendant la seconde guerre mondiale l’URSS, la nation qui a subi les plus lourdes pertes : près de 24 millions de morts, soit 14% de sa population.

The 28 Heroes (121 minutes) tient sur un Blu-ray (BD-50) logé dans un boîtier de 11 mm.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés, et dans un doublage en français, chacun au format Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo.

Pas de bonus, seulement une bande-annonce.

L’image (2.35:1, 1080p, AVC) filmée en demi-teintes, soigneusement étalonnées, dans la lumière pâle de l’hiver, avec recours limité à l’éclairage artificiel, précise, révèle tous les détails de l’action jusque dans la profondeur des plans larges.

Le son Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo, pour la version originale et le doublage, très centré sur les voies frontales dans les premières 40 minutes du film, se déploie largement sur les voies latérales et le caisson de basses dès les premières scènes de combat. Bien qu’on puisse regretter l’absence de haute définition qui aurait ajouté à la finesse et au mordant de la bande son, difficile de ne pas être convaincu par l’efficacité de l’immersion dans la bataille.

Crédits images : © Rimini Éditions