Réalisé par John Cromwell
Avec
Humphrey Bogart, Lizabeth Scott et Morris Carnovsky
Édité par Sidonis Calysta
À la fin de la guerre, le capitaine Warren ‘Rip’ Murdock et le sergent Johnny Drake, parachutistes démobilisés, sont invités à Washington pour y recevoir, le premier la Distinguished Service Cross, le second la Congressional Medal of Honor. À leur arrivée à Washington, Johnny, sans explications, s’échappe à bord d’un autre train. Rip, parti à sa recherche, découvre qu’il vient de perdre la vie dans un accident de voiture. Son enquête le mène à Gulf City où il rencontre Coral ‘Dusty’ Chandler, la veuve de Johnny…
En marge de l’enquête (Dead Reckoning, littéralement « navigation à l’estime », sans instruments),réalisé en 1947 par John Cromwell (Prisonnier de Zenda, coréalisé avec W.S. Van Dyke en 1937, Abraham Lincoln, 1950, toujours en attente d’une édition vidéo en France), applique les codes du film noir… et aussi ses clichés.
Humphrey Bogart s’auto-parodie dans la peau du dur à cuire macho pour lequel les femmes « devraient se contenter d’être belles » et confie à ‘Dusty’ qu’il rêve de femmes qu’on pourrait miniaturiser pour les mettre dans sa poche pendant la journée pour les en sortir le soir et, d’un geste de la main, les faire réapparaître, grandeur nature !
En marge de l’enquête réunit Humphrey Bogart à Lizabeth Scott, devenue célèbre après des débuts réussis dans You Came Along (John Farrow, 1945) et L’Emprise du crime (The Strange Love of Martha Ivers, Lewis Milestone, 1946), archétype de la femme fatale, une beauté froide qui rappelle un peu Veronica Lake.
Film de série B, trop riche en rebondissements amenés sans subtilité, et au montage peinant à soutenir le rythme, il se regarde pourtant sans déplaisir et réserve même quelques temps forts, notamment une fin très peu conventionnelle.
John Cromwell disait qu’En marge de l’enquête était son film préféré. On regrette, quant à nous, qu’on n’ait pas encore édité en France certaines de ses réalisations d’une autre trempe, telles que La Folie des hommes (Rich Man’s Folly, 1932), Le Cottage enchanté (1945), Abraham Lincoln, 1950 ou encore l’émouvant Femmes en cage (Caged, 1950).
En marge de l’enquête (100 minutes) et ses suppléments (21 minutes) tiennent dans cette édition combo, sur un BD-50 et un DVD-9 logés dans un boîtier, non fourni pour le test, effectué sur check disc.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés, placés trop haut sur l’image, ou dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.
En complément, outre la bande-annonce :
Présentation du film par François Guérif (9’). Il souligne l’originalité de l’ouverture où, sous l’enseigne lumineuse « Gulf City, tropical paradise », on voit Rip plutôt en enfer, la police à ses trousses, au bout du rouleau, le visage dans l’ombre quand débute le flashback. Il évoque aussi la carrière dans le film noir de Lizabeth Scott, appelée par Murdock la Cendrillon à la voix rauque (Husky Cinderella).
Présentation du film par Patrick Brion (10’). Lizatbeth Scott incarne ici un de ses personnages les plus noirs, celui d’une garce vénéneuse. Il souligne que ce film marque un tournant dans la filmographie de Humphrey Bogart qui, lassé des rôles de vilains, souhaitait incarner des personnages plus fréquentables, bien que Murdock, avec ses sorties insolentes, ne soit pas un gentleman modèle.
L’image (1.37:1), très propre, avec très peu de bruit, assez stable, offre de solides contrastes, allant de blancs lumineux à des noirs profonds, dans un fin dégradé de gris.
Le son DTS-HD Master Audio 1.0, très propre lui aussi, restitue clairement les dialogues, dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical et l’ambiance. Si vous n’êtes pas attaché à la voix de Humphrey Bogart, ces observations valent pour le doublage, au même format.
Crédits images : © Sidonis Calysta