Mise à mort du cerf sacré (2017) : le test complet du Blu-ray

The Killing of a Sacred Deer

Réalisé par Yorgos Lanthimos
Avec Colin Farrell, Nicole Kidman et Barry Keoghan

Édité par France.TV Distribution

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 22/03/2018
Critique

Mise à mort du cerf sacré

Steven Murphy, chirurgien cardiothoracique, vit dans une belle maison en compagnie d’Anna, ophtalmologue, et de leurs deux enfants, Kim, 14 ans et Bob, 12 ans. Il rencontre régulièrement Martin, un garçon de 16 ans dont le père est mort. L’invitation de Martin à dîner va marquer le point de départ d’un enchaînement d’événements qui vont ruiner la quiétude des Murphy…

Mise à mort du cerf sacré (The Killing of a Sacred Deer) est le sixième long métrage du réalisateur grec Yórgos Lánthimos. Il avait attiré l’attention en 2009 avec Canine (Kynodontas), l’étrange et dramatique histoire de trois enfants reclus dans le noyau familial, salué par le Prix Un certain regard au festival de Cannes, qui lui ouvrit la possibilité de poursuivre sa carrière hors de Grèce. Opportunité qu’il saisit, après Alps (Alpeis), sorti en 2011, en tournant en Irlande The Lobster avec Colin Farrell et Rachel Weisz, salué par une trentaine de prix, dont le Prix du jury à Cannes en 2016.

Le particularisme du cinéma de Yórgos Lánthimos tient à l’originalité des scénarios coécrits avec Efthymis Filippou, d’étranges fables sociales. Alps suit une petite organisation qui dépêche ses membres pour prendre la place de personnes récemment décédées et aider leurs proches à faire leur deuil. Dans The Lobster, les invités d’un hôtel ont quarante-cinq jours pour trouver l’âme-soeur, faute de quoi ils seront transformés en bêtes sauvages et lâchés dans les bois.

Mise à mort du cerf sacré

Mise à mort du cerf sacré (dont le titre curieux se réfère à Iphigénie à Aulis d’Euripide dans lequel Agamemnon tue accidentellement le cerf sacré d’Artémis) n’échappe pas à cette règle : les modalités de l’emprise du jeune Martin sur toute la famille, dont la raison ne nous est clairement révélée qu’à la moitié du film, resteront inexpliquées. Ce mystère fait basculer le film vers le fantastique et contribue à l’originalité d’une histoire dans la veine iconoclaste de l’oeuvre de Yórgos Lánthimos. Le film remporta le Prix du meilleur scénario à Cannes en 2017, ex-aequo avec A Beautiful Day (You Were Never Really Here) de Lynne Ramsay, pas encore sorti en vidéo.

Le sobre jeu des acteurs s’accorde à l’ambiance glacée d’un film qui laisse peu de place aux sentiments. Les deux jeunes acteurs s’acquittent bien de rôles délicats à tenir, en particulier, Barry Keoghan, déjà expérimenté pour son âge (on l’a vu dans Dunkerque) et Raffey Cassidy qu’on avait déjà remarquée dans la saison 1 de Mr Selfridge et dans À la poursuite de demain (Tomorrowland, Brad Bird, 2015).

L’utilisation d’objectifs à très courte focale, en étirant les perspectives, accentue la fragilité et l’isolement des personnages dans l’immensité des décors, ce que renforcent les nombreuses prises de vue en plongée, jusqu’à ce que le recours trop systématique à ces procédés finisse par agacer, tout comme les nombreuses manipulations de la bande-son, avec l’intrusion agressive de la musique concrète où, à l’opposé, le silence qui s’impose quand une moto traverse la ville.

Mise à mort du cerf sacré, malgré ses imperfections et quelques longueurs, bien qu’il ne soit pas à la hauteur de Canine et The Lobster, confirme l’originalité de Yórgos Lánthimos dont on attend, en 2018, la sortie du prochain film, The Favourite, avec Rachel Weisz, Emma Stone, Nicholas Hoult et Olivia Colman, qui nous transportera à la cour de la reine Anne, dans l’Angleterre du XVIIIème siècle.

Mise à mort du cerf sacré

Présentation - 2,0 / 5

Mise à mort du cerf sacré (121 minutes) et ses suppléments (54 minutes) tiennent sur un BD-50 logé dans un boîtier, non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés, placés trop haut sur l’image, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Bonus - 3,5 / 5

En complément :

Entretien avec Nicole Kidman (4’). Pour elle, l’histoire peut être vue comme un rêve. Elle se souvient de la force tranquille avec laquelle Yórgos Lánthimos dirige les acteurs.

Entretien avec Colin Farrell (22’). Après avoir joué dans The Lobster, le film précédent de Yórgos Lánthimos, il a accepté de participer à Mise à mort du cerf sacré dès la lecture du scénario, peu conventionnel, racontant l’écroulement d’un rêve américain. Les réactions surprenantes des personnages peuvent heurter certains, mais le réalisateur, très méticuleux, sait mettre en scène ses films pour impliquer le spectateur.

Entretien avec Yórgos Lánthimos (28’). Le manque d’intérêt des deux premiers entretiens tient en partie à la banalité de la question posée : « pouvez-vous nous parler de votre personnage ? ». L’entretien avec le réalisateur réveille l’attention quand il évoque, en bon anglais, la méthode d’élaboration d’un scénario avec son complice Efthymis Filippou. Tout part d’une idée directrice, complétée par les thèmes à exploiter, ici, la culpabilité, la justice, la vengeance, le sacrifice, la force du destin. Puis viennent le développement des personnages et l’invention des scènes qui seront assemblées pour faire l’histoire. Il aime réaliser des films dérangeants, poussant le spectateur à réfléchir et attache une grande importance à l’accompagnement musical qui doit apporter quelque chose à l’image : il a, pour Mise à mort du cerf sacré, choisi de faire cohabiter musique classique et musique concrète, notamment créée à partir de samples d’accordéon. Il préfère la pellicule au digital, pour son aspect plus naturel, et aussi parce que son coût pousse le réalisateur à être plus concentré. La scène dans laquelle Nicole Kidman et les deux enfants sont dans une chambre d’hôpital a été la plus difficile à tourner. Il dit rester suspicieux vis-à-vis des critiques, bonnes ou mauvaises : seul compte le sentiment d’avoir fait de son mieux.

Mise à mort du cerf sacré

Image - 4,5 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), d’une texture délicate, propose des couleurs naturelles, dans une palette délibérément plus froide pour les scènes tournées à l’intérieur de l’hôpital, avec une bonne résolution dans l’alternance de gros plans et de plans très larges.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 assure une grande clarté des dialogues et une efficace utilisation des possibilités du multicanal génère une convaincante impression d’immersion dans l’action. Une bonne dynamique et un spectre très ouvert donnent une forte présence à la bande-son.

Mise à mort du cerf sacré

Crédits images : © France Télévisions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

3,0
5
0
4
0
3
1
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 22 mars 2018
Mise à mort du cerf sacré nous raconte une histoire de vengeance, aussi insolite que son titre et que le cinéma de Yorgos Lanthimos. À la qualité la distribution du film s’ajoute l’étrangeté de son récit, Meilleur scénario à Cannes 2017.

Lire les avis »

Multimédia
Mise à mort du cerf sacré
Bande-annonce 1 VOST
Mise à mort du cerf sacré
Bande-annonce 2 VOST

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)