Sans lendemain (1939) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Max Ophüls
Avec Edwige Feuillère, George Rigaud et Daniel Lecourtois

Édité par Gaumont

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Le 06/08/2018
Critique

Sans lendemain

Après un malheureux mariage avec un malfrat, Évelyne Morin, veuve, élève son fils en gagnant sa vie comme entraîneuse dans un cabaret parisien. Le hasard lui fait rencontrer Georges, un riche Canadien qu’elle a brièvement aimé il y a dix ans, avant que son mari, sorti de prison, n’ait brutalement mis fin à l’idylle. Évelyne invente une mise en scène pour cacher à Georges sa situation actuelle…

Sans lendemain, est tourné aux Studios Pathé-Cinéma de Joinville, sous la direction de Max Ophüls, maintenant installé en France après avoir quitté l’Allemagne à l’arrivée au pouvoir de Hitler, sur un scénario original d’un autre Allemand réfugié en France, Hans Wilhelm, dont ce sera la dernière de cinq collaborations avec Max Ophüls.

Sans lendemain, un mélodrame d’une certaine originalité, avait un atout majeur, Edwige Feuillère. Après une dizaine de petits rôles, son nom commence à apparaître sur les génériques, puis à s’imposer en 1935 en grandes lettres sur l’affiche du Lucrèce Borgia d’Abel Gance, grâce à son talent dans le rôle-titre et aussi, dans la fameuse scène du bain, au généreux don de sa poitrine nue qu’elle montrera à nouveau, cinq ans et huit films plus tard, dans la deuxième séquence de Sans lendemain.

Sans lendemain

Elle éclipse, par son aisance naturelle, les autres acteurs, y compris George Rigaud, dans son interprétation du second personnage, Georges. On retrouve aussi au générique les célébrités d’alors, Paul Azaïs, Gabriello, et Pauline Carton, qui apparut dans une dizaine de films sortis en 1939, à la moitié d’un parcours de près de 200 films, surtout dans des emplois de soubrette et de concierge.

Sans lendemain offre une autre particularité, la photo d’Eugen Schüfftan, un autre transfuge de l’Allemagne en 1933, qui recevra en 1961 l’Oscar de la meilleure photo en noir et blanc pour L’Arnaqueur de Robert Rossen (The Hustler). Sa marque : projeter une ou plusieurs taches de lumière vive derrière les personnages, filmés ainsi en léger contrejour, le visage parfois laissé dans la pénombre. Un autre de ses artifices est d’interposer un voilage entre l’objectif et l’action filmée. Dans un des plans, le voilage se déplace même avec l’objectif sur lequel il a été collé ! Il prêtait en revanche, dans les séquences de déplacements en voiture, moins d’attention aux transparences, totalement fantaisistes.

Sans lendemain reste une oeuvre modeste à côté des meilleurs films de Max Ophüls, Liebelei (1933, le dernier qu’il tournera en Allemagne), puis La Ronde (1950), Le Plaisir (1952), Madame de… (1953), Lettre d’une inconnue (Letter from an Unknown Woman, 1948) et, de son dernier film, Lola Montès (1955).

Cette réédition de Sans lendemain était attendue pour remplacer le DVD de 2010, sans bonus et pressé à partir d’une copie non restaurée.

Sans lendemain

Présentation - 3,5 / 5

Sans lendemain (83 minutes) et son supplément (20 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier de 11 mm.

Le menu fixe et muet propose le film au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Sous-titres pour malentendants et piste d’audiodescription DTS-HD MA 1.0.

Bonus - 3,5 / 5

Blanc comme neige (20’). Vincent Amiel, critique et historien du cinéma, souligne l’intérêt de Max Ophüls pour l’univers des filles et des souteneurs (le sujet principal de Sans lendemain, d’après lui), qu’il décrira à nouveau dans son adaptation de deux nouvelles de Maupassant, Le Masque et La Maison Tellier, réunies dans Le Plaisir. Si son style est influencé par le Réalisme poétique, dans la continuité de Le Quai des brumes, Sans lendemain s’en démarque, notamment avec l’éclairage si particulier d’Eugen Schüfftan qui rend les personnages fantomatiques, comme ceux d’un théâtre d’ombres, avec quelques plans obliques pour souligner la déstabilisation des filles. Comme souvent dans l’oeuvre d’Ophüls, le personnage féminin est assez fort pour réagir aux pressions sociales, pour tenter de maîtriser sa destinée. On retrouve aussi dans Sans lendemain un leitmotiv du réalisateur, la neige, dans deux flashbacks, deux moments d’évasion.

Bande-annonce.

Sans lendemain

Image - 3,5 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), très stable, a été méticuleusement débarrassée de toutes les marques de détérioration de la pellicule et l’élimination du bruit a su s’arrêter avant de dénaturer la texture argentique. Elle présente des blancs lumineux et des noirs assez denses, avec un fin dégradé de gris mais, dans l’ensemble, une définition moyenne.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 a été, lui aussi, assez soigneusement nettoyé par la restauration qui n’a laissé que quelques parasites occasionnels. Les passages forte de la musique et de certains dialogues sont affectés par des saturations et quelques distorsions.

Sans lendemain

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 8 août 2018
Sans lendemain, une œuvre modeste de Max Ophüls, mérite d’être découvert ou revu pour Edwige Feuillère et la photo, si particulière, d’Eugen Schüfftan.

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Sans lendemain
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