L'Enfer des zombies (1979) : le test complet du Blu-ray

Zombi 2

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Lucio Fulci
Avec Tisa Farrow, Ian McCulloch et Richard Johnson

Édité par Artus Films

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Le 15/06/2018
Critique

L'Enfer des zombies

Un voilier entre dans la rade de New York sans personne à la barre. Les gardes-côtes l’accostent, une créature à l’apparence humaine sort de la cabine avant et égorge l’un des hommes montés à bord. Un autre tire à plusieurs reprises sur le monstre qui tombe dans la rivière Hudson. Le yacht est celui d’un certain Bowles, un riche homme d’affaires. Il a confié dans une lettre à sa fille Anne qu’il était dans une île des Caraïbes, atteint d’un mal inconnu, contracté à l’occasion d’une expérimentation. Anne et le journaliste Peter West décident de partir à sa recherche…

Nessuno a bordo!

Cette fatale erreur d’appréciation des gardes-côtes va ranger L’Enfer des zombies (Zombi 2), le trente-troisième des cinquante-cinq longs métrages réalisés par Lucio Fulci (il avait touché à tous les genres, comédie, western, giallo, horreur) dans le genre gore et va coller au réalisateur, au-delà des Alpes et ailleurs, l’étiquette de Parrain du gore ou de Maître de l’horreur.

L’Enfer des zombies a un parfum d’aventures avec le départ d’Anne et de Peter vers Matool, un îlot figurant à peine sur les cartes de la mer des Caraïbes sur lequel il ne tarderont pas à découvrir que les zombies, loin de n’être qu’un mythe vaudou, sont bel et bien vivants ou, plus précisément, pas complètement morts. En même temps, le geyser de sang jaillissant de la gorge de l’infortuné garde-côtes annonce d’emblée… la couleur de la suite !

Quand les morts sortiront de leur tombe, les vivants seront leur sang

Ce slogan qui servit au lancement du film l’annonçait : l’écoulement de flots d’hémoglobine, accompagné de délicieux gargouillis dans les trois scènes d’égorgement filmées en gros plan, vise l’objectif du producteur Fabrizio De Angelis : « terrifier les mémés ! », comme le rappelle le scénariste Dardano Sacchetti dans un des bonus.

L’Enfer des zombies témoigne de cette volonté d’angoisser le spectateur dans la scène la plus emblématique, celle où l’épouse du docteur Ménard, une sorte d’émule du douteux docteur Moreau, meurt en très gros plan, l’oeil percé par une grosse écharde de bois. Moins poétique, mais plus horrifique que l’inoubliable scène de l’oeil et du rasoir du Chien andalou de Luis Buñuel.

L’Enfer des zombies réussit, avec une petite touche de poésie dans l’horreur, à maintenir la tension pendant toute sa durée, au point de détourner l’attention de quelques maladresses, la plus visible étant le vent qui hurle tempétueusement, en soulevant des nuages de sable, mais en laissant immobiles les palmes des cocotiers.

L'Enfer des zombies

Présentation - 5,0 / 5

L’Enfer des zombies (91 minutes) et ses suppléments (97 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9, au contenu identique, logés dans les couvertures d’un médiabook de 80 pages. Le menu, dans un camaïeu de rouges, propose le film dans sa version originale en italien, avec sous-titres optionnels, ou dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0 (Dolby Digital 1.0 sur le DVD).

Le livre de 80 pages, coédité par Artus Films et luciofulci.fr (le site dédié au cinéaste), intitulé Fulci, zombies et opportunismes : quand les morts-vivants ont envahi le cinéma italien, sous la direction de Lionel Grenier, abondamment illustré d’affiches de films, s’ouvre sur une courte notice biographique du réalisateur, suivie d’extraits d’interviews sur la genèse du film et ses intentions. Suit, L’Enfer des zombies, un film de Dardano Sachetti ? remettant à sa place le scénariste qui a prétendu réduire la contribution de Lucio Fulci à celle de « simple assembleur », puis L’Enfer des titres, pas moins de quatre donnés au film de Fulci et à celui de Romero, tout pour entretenir le confusion ! Dans La figure des zombies chez Lucio Fulci, Gilles Vannier analyse l’image des zombies, et celle d’autres revenants, dans l’oeuvre du cinéaste, ses influences, la compare à la représentation qu’en a donnée George A. Romero. Ensuite, David Didelot, dans un long et intéressant article intitulé Des zombies en Italie, suit la créature maudite, de sa première apparition, en 1961, dans Hercule contre les vampires (Ercole al centro della Terra, Mario Bava), jusqu’à Morituris - Legions of the Dead, réalisé en 1991 par Raffaele Picchio, avec un respectueux coup de chapeau au magnifique Dellamorte Dellamore, réalisé par Michele Soavi en 1994 (toujours dans l’attente d’une réédition). Le livre se referme sur L’Enfer de La Terreur des zombies, par Didier Lefèvre, sur les troublantes ressemblances entre le film de Lucio Fulci et La Terreur des zombies (Zombi Holocaust), réalisé par Marino Girolami en 1980, puis sur un recensement établi par David Didelot, non exhaustif, des films italiens de zombies… et de quelques autres « dont le titre exploitait la fascination pour le mort ambulant ». Passionnant !

L'Enfer des zombies

Bonus - 4,5 / 5

En complément, quatre documentaires inédits, réalisés en 2017.

Quand les morts sortiront de leurs tombes (19’), une présentation par Lionel Grenier. Le 1er septembre 1978, Dario Argento présente à Turin Zombie (Dawn of the Dead) de George A. Romero, bien avant sa sortie nationale, en octobre 1979. En décembre 1978, le producteur Gianfranco Gouyoumdjian commande à Dardano Sacchetti un scénario combinant aventures et zombies et choisit Lucio Fulci pour réaliser le film, tourné en huit semaines à Saint Domingue, aux Studios Elios à Rome, et à New York. Le film sort en Italie le 25 août 1979, sous le titre Zombi 2, qui pouvait laisser accroire qu’il s’agissait d’une suite de La Nuit des morts vivants de Romero.

De sang et d’encre (43’). Le scénariste Dardano Sacchetti se souvient que le producteur lui avait donné une bande dessinée de western, dans laquelle les cowboys étaient confrontés à des zombies, pour lui donner une idée du scénario qu’il attendait (à l’écriture duquel contribua très largement Elsa Briganti, l’épouse de Sacchetti) et, avant le lancement du film, avait fait courir la rumeur qu’il avait coûté 400 millions de lires, loin du budget réel de 2,2 millions ! Ce qui a aidé à gonfler le prix de vente aux USA, à hauteur d’un million de dollars, et à faire de Zombi 2 le film italien qui avait amassé les plus grosses recettes. Le succès international du film avait surpris l’équipe : il lui suffisait de montrer au marché du film de Turin un projet sur une seule page, avec un synopsis de quelques lignes et un dessin d’Enzo Sciotti, pour encaisser des avances. Fabrizio De Angelis, qui avait repris la production du film, a ensuite financé cinq autres films écrits et réalisés par le tandem Dardano Sacchetti et Lucio Fulci, dont le meilleur est L’Au-delà (L’Aldilà… E tu vivrai nel terrore!), sorti en 1981, et qu’Artus Films doit ressortir en juillet dans un autre médiabook de 80 pages.

L’île des morts-vivants (21’). Le maquilleur du film, Maurizio Trani, se souvient de sa collaboration avec son aîné Giannetto De Rossi. Il fallait, en moyenne, une dizaine de minutes pour faire un masque de zombie, avec du latex, de l’argile et de la peinture.

Quartier interdit : L’Enfer des zombies (11’). Alain Petit secondait en 1998 Jean-Pierre Dionnet pour la sélection des films diffusés à une heure tardive par Canal+ dans la case Quartier interdit, réservée au public adulte. C’est la version projetée dans les salles, interdite aux moins de 18 ans après coupures, qui fut transmise vers 23 heures. La copie intégrale ne fut diffusée qu’en version originale et aux heures les plus creuses de la nuit. L’émission Quartier interdit fut supprimée en 2002 quand Dominique Farrugia devint président de la chaîne.

Pour finir, deux bandes-annonces, en français et en anglais, avec, pour celle-là, le conseil aux spectateurs de se munir de ces petits sacs en papier qu’on trouve dans les avions.

L'Enfer des zombies

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), soigneusement débarrassée de toutes taches et rayures, très stable, étale des couleurs ravivées, correctement étalonnées, sauf dans les séquences peu éclairées dans lesquelles les visages peuvent tourner au rouge brique. Le bruit a été très réduit : seul apparaît un léger fourmillement sur les fonds unis, par exemple sur les fonds de ciel, un très modique prix à payer en contrepartie du respect de la texture argentique.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, lui aussi très propre, est contenu dans une bande passante assez étroite qui affecte surtout l’accompagnement musical, les dialogues étant toujours clairement restitués. Le remixage 7.1 de l’édition USA de 2011 n’a pas ajouté grand-chose, l’image sonore restant, paraît-il, très centrée sur les voies frontales.

Ces remarques valent pour le doublage en français, au même format, avec des dialogues plus en avant et peu inspirés.

L'Enfer des zombies

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Masterphil
Le 18 juin 2018
Beau produit mais la vf est désynchronisée...
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Philippe Gautreau
Le 15 juin 2018
L’Enfer des zombies réussit, avec une petite touche de poésie dans l’horreur, à maintenir la tension pendant toute sa durée, au point de détourner l’attention de quelques maladresses. "Quand les morts sortiront de leur tombe, les vivants seront leur sang". Ce slogan sur l’affiche ne ment pas : le sang coule en cascades !
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cédric
Le 15 juin 2008
un des meilleurs films d'horreur jamais réalisés ! dès le début, une atmosphère pesante et poisseuse envahit le métrage, le rythme lent amène un crescendo vers l'horreur, la musique est inoubliable, les zombies sont monstrueux, les scènes gores hallucinantes ( l'égorgement dans le cimetière est un des meilleurs moments gores que j'ai pu voir ), la photographie de sergio salvati est d'une beauté incroyable.
"l'enfer des zombies" se démarque largement du "zombie" de george romero, pourtant excellent lui aussi, zappe les problèmes de société pour s'orienter vers l'origine du zombie, tout en gardant un côté réaliste, notamment dans le pessimisme et la progression du fléau, véritable maladie que le docteur ménard ( magnifique richard johnson ) tente en vain d'enrayer dans son île des caraïbes, matool.
la progression de la terreur ne laisse pas de répit, le film se termine en apocalypse annoncé ( avec des plans saisissants de new-york, où les zombies déambulent sur le pont, avec en arrière-plan les deux tours jumelles, ce qui laisse présager un certain 11 septembre 2001. "l'enfer des zombies", film prophétique ? ).
tourné pour un petit budget ( les images de new-york ont été faites sans autorisation ), "l'enfer des zombies" reste un modèle du genre, qui atomise les navets genre "l'armée des morts", et qui a permis à lucio fulci de trouver une voie particulière, où toutes ses obsessions morbides vont se déchaîner.

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