Saint Jack (1979) : le test complet du Blu-ray

Édition Prestige limitée - Blu-ray + DVD + goodies

Réalisé par Peter Bogdanovich
Avec Ben Gazzara, Denholm Elliott et James Villiers

Édité par Carlotta Films

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Le 12/11/2018
Critique

Saint Jack

Singapour 1973. L’Américain Jack Flowers dirige une maison close. Il attend, ce jour-là, la visite d’un comptable chargé par un investisseur d’auditer les comptes de l’affaire, William Leigh, avec lequel il va vite se lier d’amitié. Le succès de la maison pousse la CIA à demander à Jack d’ouvrir une autre maison pour y accueillir pendant leurs permissions des soldats du Vietnam et irrite des concurrents chinois…

Saint Jack, le neuvième long métrage de Peter Bogdanovich, aurait pu rester encore longtemps dans l’oubli si Carlotta Films n’avait pas pris l’initiative de le ressortir en octobre dans nos salles et d’en distribuer la première édition vidéo.

Peter Bogdanovich est surtout connu pour La Dernière séance (The Last Picture Show), son troisième long métrage, salué par plusieurs prix, dont le BAFTA award du Meilleur scénario, sorti en 1971 après La Cible (Targets, 1968), un honnête polar horrifique, et Voyage to the Planet of Prehistoric Women, un film de science-fiction oubliable avec ses Vénusiennes en petite tenue.

Saint Jack, sorti en France en 1979 sous le titre Jack le magnifique, d’une qualité comparable à celle de La Dernière séance et de La Barbe à papa (Paper Moon, 1973, à quand une réédition ?), dépasse celle des autres films édités en vidéo : On s’fait la valise, Doc ? (What’s Up, Doc?, 1972), Nickelodeon (1976), Mask (1985), Texasville (1990), Bruits de coulisses (Noises Off…, 1992), Un Parfum de meurtre (The Cat’s Meow, 2001) et Broadway Therapy (She’s Funny That Way, 2014).

Saint Jack, salué par la critique avec le Prix Pasinetti du film à Venise, réussit à créer et à maintenir une impression de réalisme, un aspect quasi-documentaire. Grâce, en partie, au talent du chef opérateur Robby Müller qui tint la caméra dans plusieurs films de Wim Wenders, notamment pour Alice dans les villes (Alice in den Städten, 1972) ou Paris, Texas (1984), mais aussi aux décors naturels (le film a été entièrement tourné à Singapour), à la direction d’acteurs (ils ne devaient pas donner l’impression de jouer), à l’emploi de nombreux acteurs non professionnels, aux longs plans séquences où la caméra suit les personnages.

Le film doit aussi au jeu décontracté de Ben Gazzara qui se glisse parfaitement dans la peau d’un personnage crédible, qui n’a rien d’un héros, auquel on s’attache pourtant assez vite malgré son occupation peu défendable de proxénète. Il est solidement secondé par un des grands acteurs britanniques, Denholm Elliott, lui aussi très naturel dans l’emploi d’un comptable à la santé précaire qui tissera de discrets et émouvants liens d’amitié avec le personnage principal. On y voit, dans des rôles secondaires, le réalisateur et George Lazenby qui fut, en 1969, l’éphémère James Bond d’Au service secret de Sa Majesté, son premier film.

Saint Jack

Présentation - 4,0 / 5

Saint Jack (115 minutes) et ses suppléments (74 minutes) tiennent, dans cette Édition prestige limitée à 2 000 exemplaires, sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9 (les deux avec le même contenu) logés dans un digipack rangé dans une boîte cartonnée (un peu trop profonde) en compagnie d’une reproduction de l’affiche du film au format 53 x 38 cm et d’une série de photos des acteurs : cinq planches-contact en noir et blanc, huit 7,8 x 7,8 cm en couleurs, façon polaroïd, et cinq en noir et blanc 18 x 12cm.

Le menu semi-animé et musical propose le film dans sa version originale, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono ou dans un doublage en français DTS-HD MA 1.0.

Bonus - 3,5 / 5

Ces trois suppléments sont repris de l’édition américaine sortie en 2015.

Entretien avec Peter Bogdanovich (20’, non daté). C’est Orson Welles qui lui a suggéré une adaptation cinématographique du livre de Paul Theroux dont les droits étaient détenus par Playboy contre lequel Cybill Shepherd, avec laquelle il vivait alors, était en procès. Le rachat des droits par Roger Corman, producteur du film, fit partie d’un arrangement qui mit fin au différend. Le scénario fut remanié par Paul Theroux et Howard Sackler pour donner plus d’importance au personnage de William Leigh et, au sujet, une résonnance morale et politique. Comme le livre avait été mal reçu à Singapour pour la mauvaise image qu’il donnait au pays avec un bordel pour le repos des G.I.s engagés dans la guerre du Vietnam, le titre fut changé pour celui de Jack of Hearts (le valet de coeur), racontant l’histoire d’un Américain voulant ouvrir une boîte de nuit au soutien de laquelle Peter Bogdanovich inventa un nouveau pitch de 30 pages. Le tournage se fit sur 60 jours, une expérience inoubliable. Souhaitant éviter les clichés du genre, marqué par l’échec de certains de ses premiers films, il décide de s’éloigner de Hollywood. Il dit aimer l’économie de gestes et estime aujourd’hui que Saint Jack est un de ses meilleurs films. Il rend hommage aux grands cinéastes auprès desquels il a tant appris. L’entretien se termine par un coup de chapeau à Roger Corman qu’il a assisté, en 1966, pour le tournage de Les Anges sauvages (The Wild Angels), qui lui a enseigné les ficelles du métier et lui a mis le pied à l’étrier en produisant son premier film, La Cible.

Saint Jack

Souvenirs de Saint Jack (32’, National Museum of Singapore, 2009). En novembre 2009, trente ans après son tournage, le film fut projeté par le National Museum of Singapore (la cinémathèque du pays). Pour l’occasion, des membres de l’équipe, qui s’étaient perdus de vue, racontent leur expérience : Monika Subramaniam, l’interprète de Monika la Sri-lankaise, qui fut surprise, en se rendant au casting, de voir une foule de 600 jeunes femmes, Pierre Cottrell, directeur de production, Sally Tunnicliffe, responsable du casting et interprète du personnages de Katie Horner, l’actrice Lisa Lu, productrice adjointe du film et interprète de Mrs. Yates, Tan Bee Hui, l’interprète de Jimmi Khoo, un trafiquant de drogue, Tan Yan Meng, le comptable chinois, Noel Joseph, l’interprète de Gopi, Tony Yeow, régisseur général, celui qui a conseillé à l’équipe de changer le scénario pour avoir une autorisation de tournage.

Splendeurs dormantes à l’aube (16’), une visite, trente ans après, des lieux de tournage. Certains des bâtiments ont été restaurés, beaucoup détruits, d’autres ont changé de destination, comme le montre la juxtaposition de photos d’alors à des vues récentes.

Pour finir, une suite de bandes-annonces d’une durée totale de 6 minutes.

Saint Jack

Image - 4,0 / 5

L’image (1.78:1, 1080p, AVC), soigneusement nettoyée, avec une réduction du bruit contenue dans les limites au-delà desquelles la texture originelle aurait été dénaturée, propose des couleurs ravivées, correctement étalonnées mais légèrement trop saturées. Des contrastes fermes avec des noirs denses assurent une bonne lisibilité, parfois prise en défaut dans des ambiances plus sombres.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono de la version originale, débarrassé des bruits parasites, avec peu de souffle, assure la clarté des dialogues dans un bon équilibre avec l’ambiance et l’illustration musicale qui permet, notamment, de réentendre le mythique Basin Street Blues par Louis Armstrong. Le son devient moins précis dans les plans larges en extérieur.

Le format DTS-HD MA 1.0 du doublage en français, plus étriqué, tend à placer les dialogues un peu trop en avant. On se serait aisément passé du stupide pseudo accent américain dont sont affublés les G.I.s en permission.

Crédits images : © 1979 CONCORDE-NEW HORIZONS CORP. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 12 novembre 2018
Cet important film de Peter Bogdanovich aurait pu rester encore longtemps dans l’oubli si Carlotta Films n’avait pas pris l’initiative de le ressortir en octobre dans nos salles et d’en distribuer la première vidéo dans une remarquable édition.

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