Réalisé par Bertrand Mandico
Avec
Pauline Lorillard, Vimala Pons et Diane Rouxel
Édité par UFO Distribution
« Avant d’être un garçon presque fille, j’étais un garçon. Un garçon sauvage et violent. Je faisais partie d’une bande, unie pour le meilleur et pour le pire. » L’aventure a commencé le jour où Romuald, Jean-Louis, Hubert, Tanguy et Sloane, le visage couvert d’un masque de tragédie, se disant possédés par Trevor, une divinité païenne apparaissant sous la forme d’un crâne serti de pierres précieuses, ont violenté et tué leur professeur de théâtre. Leurs parents les ont confiés au Capitaine, venus les chercher sur l’île de la Réunion en tenant en laisse un autre garçon sauvage, qu’il a rendu docile…
Les Garçons sauvages, une adaptation très libre du roman de William S. Burroughs paru en 1971, The Wild Boys: A Book of the Dead, est le premier long métrage de Bertrand Mandico, auteur d’une quinzaine de courts métrages réalisés après des études à l’École de cinéma d’animation des Gobelins.
Présentés dans plusieurs festivals internationaux, ses courts métrages, difficilement classables, souvent provocateurs, empruntant à tous les genres, témoignent des recherches du réalisateur d’une nouvelle écriture filmique. Son univers peut faire penser à celui de Guy Maddin, à découvrir dans le coffret La Chambre interdite, film coréalisé avec Evan Johnson, édité en 2016 par ED Distribution, avec, en bonus, un moyen métrage et trois courts métrages. Une approche qui prend ses racines dans le cinéma de Kenneth Anger, maintenant disponible en vidéo dans le coffret Kenneth Anger : The Magick Lantern Cycle, salué en 2015 par le Prix curiosité décerné par le jury DVD/Blu-ray du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des Films de Télévision.
Une île à la végétation luxuriante et… animale, des fruits âcres et poilus aux propriétés inattendues, des pousses phalliques sur le tronc des arbres d’où gicle un liquide laiteux et désaltérant, des racines qui étreignent les corps pour les conduire à l’orgasme, un chien à tête d’homme, un étrange capitaine doté d’un seul sein de femme et d’un pénis si grand qu’il a pu y faire tatouer la carte de l’île… Rien n’est comme ailleurs sur cette île de tous les plaisirs et de rares pouvoirs.
Un cadre idéal pour l’aventure à laquelle Les Garçons sauvages invite le spectateur qui appréciera le récit, raconté par Lola Créton, la narratrice, à condition de ne pas rechigner à entrer dans l’univers fantasmagorique de l’auteur pour y faire la connaissance des cinq garçons (interprétés… par des filles, ce qui ajoute à tout le reste la confusion des genres), du Capitaine, joué par Sam Louwyck (Kenneth Anger : The Magick Lantern Cycle, Robin Pront, 2015), de Séverin(e), un docteur devenu femme, par Elina Löwensohn (Nadja, Michael Almereyda, 1994) qui a participé à une dizaine de courts métrages de Bertrand Mandico.
Dans un cadre aux angles arrondis, l’image en noir et blanc, avec superpositions et perspectives trompeuses, est parfois envahie de couleurs, particulièrement de bleu et de rose. Une réminiscence des codes du cinéma muet ?
Les Garçons sauvages, un film insolite, une invitation au rêve, suscite l’attente d’une édition vidéo des courts métrages de Bertrand Mandico.
Les Garçons sauvages (110 minutes) et ses suppléments (28 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un digipack, glissé dans un fourreau avec un livret de 60 pages.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en français et en anglais (avec sous-titres imposés) au format audio Dolby Digital 5.1 et 2.0 stéréo.
Le livret de 60 pages, illustré de photos, d’aquarelles et d’esquisses annotées d’un storyboard et dessinées par le réalisateur, contient son entretien avec Stéphane Du Mesnildot, publié dans Les Cahiers du cinéma de février 2018. Il évoque la métamorphose des filles en garçons, la création des masques, le choix de l’illustration musicale, une cohabitation entre Offenbach (un arrangement de la barcarolle des Contes d’Hoffman) et Nina Hagen, la construction du personnage de Séverine, une sorte de « Docteur Moreau », la représentation stylisée de la traversée sur le voilier, le tournage à La Réunion dans des décors en partie naturels, en partie fabriqués, l’utilisation de filtres, les trucages réalisés sur le plateau… Tout au long de l’entretien, Bertrand Mandico donne toute une liste de films qui ont inspiré Les Garçons sauvages et son imagerie.
À côté du volcan (11’, 1.33:1, 1080i, AVC, LPCM stéréo, en français), un journal filmé en Super 8 sur le tournage par Elina Löwensohn. Elle dit avoir voulu, dans ses temps libres, « figer des souvenirs du tournage » en capter « un point de vue lointain, presque volé », avec le chant des oiseaux, des grenouilles et le vent de l’Océan Indien…
L’Archipel des oubliés (1.78 :1, 1080p, AVC, LPCM 2.0, 17’), « un film englouti de Bertrand Mandico », plans et séquences inédits des Garçons sauvages, un assemblage de scènes coupées, certaines très différentes de celles retenues dans le montage final.
L’image (1.66:1, 1080p, AVC), indiquée au format de 1.85:1, propose en réalité le film format 1.66:1 avec les coins arrondis. Entre des blancs lumineux et des noirs denses, elle offre un fin dégradé de gris, avec des surexpositions délibérées et, dans quelques plans, l’apparition de la couleur, manifestement travaillée en postproduction.
L’encodage AVC déjoue tous les pièges, ceux des volutes de fumée qui envahissent le prétoire, des reflets sur l’eau et de la brume pendant la traversée sur le voilier.
Le son, malheureusement limité au standard Dolby Digital 5.1 (ou 2.0 stéréo, suivant l’équipement), bien qu’il soit correct, aurait gagné à bénéficier d’un format non compressé en haute définition (DTS-HD Master Audio 5.1 disponible sur l’édition parue en décembre 2018 aux USA).
Crédits images : © UFO Distribution