Réalisé par Drew Goddard
Avec
Kristen Bell, Ted Danson et William Jackson Harper
Édité par Elephant Films
Eleanor Shellstrop ouvre les yeux. Elle est assise sur un
canapé. Sur le mur d’en face, en grandes lettes vertes :
« Welcome! Everything is fine ». Une porte s’ouvre. Un homme, la
soixantaine, l’invite à entrer dans son bureau et à
s’asseoir.
- Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Et que se passe-t-il ?
- Eleanor Shellstrop, vous êtes morte. Votre vie sur Terre a
pris fin.
L’homme, Michael, la rassure : « There is a good place and a
bad place. You are in the good place. » Eleanor est étonnée et
soulagée, mais pas pour longtemps : elle se rend vite compte
qu’on l’a prise pour une autre Eleanor mais choisit de cacher
la vérité, sauf à son « âme-soeur » Chid Anagonye, un Nigérien,
professeur d’éthique et auteur d’un volumineux traité,
désespérément resté à l’état de manuscrit.
The Good Place est une création de Michael Schur, issu d’une pépinière pour scénaristes, l’émission Saturday Night Live, à laquelle il contribua au long de 130 épisodes, de 1997 à 2004. Il a aussi écrit le scénario de 10 épisodes de The Office, cocréé Parks and Recreation (2010-2017, 125 épisodes), une charge comique sur l’administration des collectivités locales et Brooklyn Nine-Nine, une comédie policière farfelue.
Dès le premier épisode, on est plongé un univers fantaisiste qui pourrait rappeler le Pays des merveilles d’Alice. Michael, le responsable des lieux, est un architecte, le concepteur du village numéro 1258W, abritant, comme tous les autres, 322 personnes soigneusement sélectionnées pour une cohabitation paisible. Il est anxieux pour sa première affectation à ce poste après une formation qui n’aura duré que 200 ans. Il y a aussi Tahani, snob et condescendante collectrice de dons aux bonnes oeuvres. Et Jason Mendoza, mal aiguillé, lui aussi : DJ amateur dealer de drogues dures, il se fait passer pour Jianyu, un moine bouddhiste ayant fait voeu de silence, ce qui le dispense d’avoir à répondre à d’éventuelles questions embarrassantes. Et Janet, un robot à l’apparence tout à fait humaine, « une base de données qui marche », surgissant dans la fraction de seconde à l’appel de son nom, répondant immédiatement à toutes les questions, sauf une seule : « What is the bad place? »
De nombreux flashbacks illustrent les travers des personnages, particulièrement ceux d’Eleanor, classée pendant cinq années consécutives meilleure vendeuse d’une panacée pour personnes âgées dépendantes… faite de craie broyée.
The Good Place, brillant échantillon du genre nonsensical, est aussi un plaisant conte moral sur le flou du tracé de la frontière censée séparer le bien du mal.
Une excellente distribution met en valeur la sophistication des dialogues. Kristen Bell (lancée en 2004 par le rôle-titre de la remarquable série créée par Rob Thomas, Veronica Mars, dont on attend l’arrivée prochaine d’une inattendue quatrième saison), présente dans tous les plans, communique avec naturel toutes les facettes de la personnalité d’Eleanor : son insolence incurable, son égoïsme qui lui fait saisir au vol toutes les opportunités pour son seul profit personnel, mais aussi une faiblesse naissante qui semble la pousser à essayer de devenir plus altruiste.
Lui donne la réplique Ted Danson. Célèbre aux USA depuis sa figuration en tête d’affiche de la sitcom Cheers (1982-1993, 271 épisodes) et connu en France des sériphiles pour ses rôles dans Damages, Bored to Death et Fargo. Il forme avec Kristen Bell un étonnant duo : le manque de confiance en lui de Michael, malgré son statut de responsable du secteur 1258W et de sa taille imposante (1,89 m), tranche avec l’assurance de la petite Eleanor, culottée en diable du haut de son mètre 55 ! Un contraste qui constitue l’un des ressorts comiques la série.
The Good Place nous permet aussi de découvrir le talent de William Jackson Harper (Chidi), de D’Arcy Carden (Janet), de Manny Jacinto (Jason/Jianyu) et de Jameela Jamil (Tahani).
Ces atouts font de The Good Place une série à l’humour unique qui rappellera Dead Like Me. On brûle de découvrir la suite : la saison 4 est en cours de diffusion sur le réseau NBC.
The Good Place (13 x 22 minutes, soit 286 minutes, et 322 minutes pour la version longue, seulement disponible en anglais) et son supplément (22 minutes) tiennent sur trois Blu-ray BD-50 logés dans un boîtier non fourni pour le test.
Le menu animé et musical propose la série dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.
Entretien avec Olivier Joyard (22’). Le journaliste (Les Inrockuptibles) résume la carrière de Michael Schur et signale qu’il a requis l’assistance de Damon Lindelof, cocréateur de Lost, pour donner à The Good Place son « ADN dramatique ». Puis retrace les grandes lignes des performances de Kristen Bell et Ted Danson qui forment un duo efficace et souligne l’originalité, risquée, de la fin de la première saison. The Good Place lui rappelle Community, une autre série dont les personnages « doivent apprendre à vivre ensemble » (seules les trois premières des six saisons de cette excellente série ont été éditées en France, mais une intégrale en langue française est disponible en Belgique).
Un intéressant complément produit par Elephant Films, exclusif à cette édition française, un plus sur l’édition américaine.
Pour finir, les bandes annonces de quatre autres séries récemment éditées par Elephant Films : Channel Zero, saison 1 et saison 2, la saga Killjoys, Happy! saison 1 et Blood Drive.
L’image (1.78:1, 1080p, AVC) propose des couleurs joliment saturées, agréablement contrastées et soigneusement étalonnées, en un mot : paradisiaques !
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale tient son rôle primordial, restituer avec une parfaite clarté l’avalanche des dialogues dans un bon équilibre avec un accompagnement musical discret et aéré. L’image sonore reste néanmoins concentrée sur le plan frontal, dans lequel tout se passe dans ce genre de série. Ces observations valent pour le doublage en français qui, en dépit de son niveau très acceptable, ne pourra pas rendre tout le sel des dialogues.
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