Réalisé par Jim Jarmusch
Avec
Bill Murray, Adam Driver et Tilda Swinton
Édité par Universal Pictures Home Entertainment
Au cours d’une patrouille en voiture, Cliff le sheriff de Centerville, 738 âmes, et son adjoint Ronnie sont intrigués par d’étranges phénomènes : leur montre s’est arrêtée, leur téléphone mobile ne capte plus de signal et la radio crachote. À leur retour au poste, la télé annonce que l’axe de rotation de la Terre s’est incliné de plusieurs degrés, avec des effets visibles : la lune brille en permanence, les horaires du jour et de la nuit sont bouleversés et les animaux s’enfuient. S’y ajoute un effet très indésirable : les morts commencent à sortir de leur tombe !
The Dead Don’t Die est le treizième long métrage de fiction de Jim Jarmusch, un cinéaste (scénariste et réalisateur) inclassable qui attira l’attention dès son deuxième film, Stranger Than Paradise, salué en 1984 par plusieurs prix, notamment à Sundance, Locarno et Cannes où il obtint la Caméra d’or.
Il s’est essayé à plusieurs genres, toujours avec un regard très particulier. À l’action avec Ghost Dog - La voie du Samouraï, à l’absence d’action, pourrait-on dire, avec le poétique Paterson, à un portrait impressionniste de la société contemporaine dans une suite de vignettes, avec Coffee and Cigarettes ou Night on Earth (1991), au western avec Dead Man (1995), au policier avec The Limits of Control (2009).
Only Lovers Left Alive, sorti en 2013, nous invitait à partager son interprétation insolite de la mythologie des vampires, représentés par Adam et Ève, deux êtres raffinés liés par un amour de plusieurs siècles, apitoyés par les vivants d’aujourd’hui qu’ils appellent « les zombies », portés par le courant dans une existence sans buts ni valeurs.
Avec The Dead Don’t Die, Jim Jarmusch opte, dans le domaine du film d’horreur, pour une parodie du sous-genre zombie sur le registre de la comédie burlesque. Les morts-vivants de Centerville mangent, assez salement d’ailleurs, de la chair humaine arrachée à belles dents. Du déjà vu, diront certains.
»- Ça va mal finir. - Comment le sais-tu ? - Jim m’a donné le scénario. »
Et pourtant, The Dead Don’t Die se distingue de toutes les variations sur le thème des zombies. D’abord, par le particularisme des personnages, à commencer par le duo formé par Cliff, plutôt optimiste, et Ronnie, résolument pessimiste, interprétés par Bill Murray, vu dans trois autres films de Jim Jarmusch, et Adam Driver, titulaire du rôle-titre de Paterson, tous les deux servis par l’humour des dialogues inattendus et qui font mouche.
Attablé au comptoir de l’unique restaurant de Centerville, Cliff refuse le deuxième café qui lui est offert : « Il est trop noir pour moi ! » Avant de se raviser en voyant la grimace de Hank, un client incarné par Danny Glover : « J’veux dire, il est trop fort. »
Et puis, il y a Tilda Swinton, dans sa quatrième participation au cinéma de Jim Jarmusch, plus étrange que jamais dans le rôle de Zelda, croque-mort nouvellement installée dans le coin, semblant tellement venue d’une autre planète qu’elle intrigue t nos deux policiers : « - Elle est étrange. - Elle est écossaise ! »
Kill the head!
Tel est le conseil de Bobby, le tenancier du bazar local, collectionneur de BD d’horreur, incollable sur les créatures maléfiques et, notamment, sur la seule manière de neutraliser les zombies. C’est-là que Zelda va utilement s’illustrer grâce à un autre de ses particularismes, sa maîtrise du maniement du katana !
À l’extraordinaire galerie de personnages, il faut ajouter Mindy, numéro 3 dans la hiérarchie du poste de police, dévastée par une situation qui laisse ses collègues imperturbables, et Bob L’Ermite, un villageois qui vit reclus en homme des bois depuis des lustres et observe tout sans être vu à travers de vieilles jumelles. Il est interprété par Tom Waits, vieux complice du réalisateur depuis Down by Law, sorti en 1986. Sans oublier, dans le rôle de Frank le fermier, Steve Buscemi, un autre familier du cinéma de Jim Jarmusch.
Bien qu’on puisse s’étonner que le film ait figuré dans la sélection pour la Palme d’or, ce pot-pourri décontracté de comédie, d’horreur, de film de sabre et, in extremis de science-fiction (on ne vous en dit pas plus), c’est avec plaisir que The Dead Don’t Die se laisse regarder… et entendre grâce au sel de ses dialogues.
The Dead Don’t Die (105 minutes) et ses maigres suppléments (9 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.
Le spartiate menu fixe et musical à pictogrammes, cher à Universal, offre le choix entre la version originale au format audio DTS-HD Master Audio 5.1, et des doublages en français, allemand, italien et castillan, tous au format DTS Digital Surround 5.1.
Sous-titres en quatorze langues, dont le français, et, pour malentendants, l’anglais.
Bill Murray, héros chasseur de zombies (1’20”). L’acteur commente l’extrait d’une scène où il éclate des crânes de zombies à coups de carabine. Kill the head!
Rester ensemble (3’). Producteurs et acteurs louent l’inventivité de Jim Jarmusch et voient même dans le film une représentation de l’hébétude de la société contemporaine.
Les coulisses de The Dead Don’t Die (5’), divisée en six courts modules, Tai-chi pour zombies, apprendre à grogner, visite du plateau, buffet, symphonie des morts-vivants et amuse-bouche, une suite d’improvisations par des zombies, enfants et adultes qui dévorent un technicien sur le plateau.
L’image numérique (1.85:1, 1080p, AVC) offre une parfaite définition jusqu’au fond des plans larges en extérieur, avec des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées. Des contrastes fermes et des noirs denses assurent une parfaite lisibilité de toutes les scènes y compris celles de nuit, filmées dans une quasi-obscurité.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale allie finesse dans la restitution des dialogues (et du grognement des zombies) et puissance dans les scènes les plus violentes. Une forte dynamique, une généreuse ouverture de la bande passante et une sollicitation cohérente des canaux latéraux créent une efficace sensation d’immersion dans l’action.
La version originale est à préférer au doublage en français, techniquement plus plat et, par ailleurs, assez peu naturel.
Crédits images : © 2019 Image Eleven Productions, Inc.