Un Chateau en enfer (1969) : le test complet du Blu-ray

Castle Keep

Réalisé par Sydney Pollack
Avec Burt Lancaster, Patrick O'Neal et Jean-Pierre Aumont

Édité par Rimini Editions

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Le 24/06/2020
Critique

Hiver 1944, dans les Ardennes. Les troupes allemandes encerclent un petit groupe de soldats américains réfugiés dans un château abritant une inestimable collection de tableaux.

Un Château en enfer

Pendant l’hiver 1944, un petit détachement de soldats américains, pour ralentir la progression de l’armée allemande vers Bastogne, s’installe dans un vieux château, propriété du comte Henri Tixier et de sa jeune épouse. Le château contient une inestimable collection de toiles de maîtres.

Un château en enfer (Castle Keep - le donjon en français), sorti en 1969, est le cinquième film de Sydney Pollack qui, dès la sortie du lycée, avait suivi des cours d’art dramatique et commencé une carrière d’acteur en 1956 (qu’il n’a jamais abandonnée, en remplaçant Hervey Keitel dans Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick). À partir de 1961, il réalise plusieurs épisodes de séries ou d’anthologies avant, quelques années plus tard, des débuts prometteurs sur le grand écran, avec Trente minutes de sursis (The Slender Thread, 1965), puis Propriété interdite (This Property Is Condemned, 1966), l’adaptation d’une pièce de Tennessee Williams, sur un scénario coécrit par Francis Ford Coppola.

Ces deux premiers films, malgré l’accueil tiède du public, mais assez bien reçus par la critique, inaugurent une succession de réussites dominée par On achève bien les chevaux (They Shoot Horses, Don’t They?, 1969), Jeremiah Johnson, 1972), le premier western en compétition à Cannes, Les 3 jours du condor (Three Days of the Condor, 1974) et Out of Africa (1985), ces trois derniers avec son ami Robert Redford dont le nom s’est inscrit en tête d’affiche de sept de ses films.

Un Château en enfer est l’adaptation du roman quasi-autobiographique Castle Keep, publié par William Eastlake en 1965, par le scénariste Daniel Taradash, auteur du scénario de Tant qu’il y aura des hommes (From Here to Eternity, Fred Zinnemann, 1953), avec Burt Lancaster dans le rôle principal. Mais Syndney Pollack fera remanier la première mouture par David Rayfiel qui allait devenir son scénariste attitré.

Un Château en enfer

Un Château en enfer tire son originalité des grandes libertés qu’il prend vis-à-vis des codes du film de guerre. Pratiquement pas d’action : jusqu’aux spectaculaires scènes finales de l’assaut par la Wehrmacht, l’essentiel du drame se déroule à l’intérieur du château. Un groupe d’objecteurs de conscience mené par un lieutenant, incarné par Bruce Dern, questionne la légitimité du conflit. Et, surtout, un choix finit par s’imposer aux deux officiers : épargner les hommes en abandonnant le château ou résister pour sauver les tableaux.

Pas de héros, non plus, dans une galerie de personnages marginaux. Interprété par Jean-Pierre Aumont, le comte, impuissant mais obsédé par le désir d’un héritier, pousse dans le lit des autres Thérèse qui serait… sa nièce ! Le sergent Rossi, sous les traits de Peter Falk, se sépare de ses frères d’armes pour renouer avec son métier de boulanger. Le capitaine Beckman (Patrick O’Neal), historien d’art, ne voit dans la situation qu’un seul enjeu, la sauvegarde des tableaux, tandis que le caporal Clearboy tombe littéralement amoureux d’une Coccinelle Volkswagen aux étonnantes performances.

Un Château en enfer accentue son décalage avec les lois du genre par l’accompagnement musical, loin des partitions pour orchestre symphonique, composé par Michel Legrand qui s’ouvre sur une fugue jazzy interprétée par un choeur a cappella, à la façon des Swingle Singers.

À l’originalité du scénario, à la qualité de la distribution, s’ajoute la belle photo d’Henri Decaë qui, deux ans plus tôt, était derrière la caméra pour le tournage d’un autre film en marge de la guerre, La Nuit des généraux (The Night of the Generals, Anatole Litvak, 1967).

Un Château en enfer

Présentation - 3,0 / 5

Un château en enfer (107 minutes) et ses suppléments (58 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier bleu de 11 mm, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, ou dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

L’édition DVD offre le même contenu.

Bonus - 4,0 / 5

Une peinture signée Pollack, un entretien avec Samuel Blumenfeld et Yves Chevalier (38’, Rimini Éditions et La Plume, 2019). La vision « surréaliste » de la guerre du premier grand film de Sydney Pollack est proche de celle d’autres oeuvres de l’époque, telles Le Roi de Coeur (Philippe de Broca, 1966), Catch 22 (Mike Nichols, 1970), De l’or pour les braves (Kelly’s Heroes, Brian G. Hutton, 1970), MASH (M*A*S*H, Robert Altman, 1970) et qu’on retrouvera dans Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979). Sa vision de la guerre s’affranchit des codes du genre, ce qu’accentue la reprise des dialogues du roman, très littéraires, et l’accompagnement musical de Michel Legrand, dans un décalage expliquant probablement l’échec commercial du film. On décèle aussi dans Un château en enfer, notamment dans les scènes avec les objecteurs de conscience, le regard politique de Sydney Pollack qu’on retrouvera souvent dans son cinéma, probablement ici en réaction à la guerre du Viêt Nam.

Un château en enfer, art ou action, un entretien avec Christian Viviani (20’, Rimini Éditions et La Plume, 2019), historien du cinéma et coauteur de Sydney Pollack, paru en 1970. Venu de la télévision, Sydney Pollack acquerra avec On achène bien les chevaux son statut de grand réalisateur, aux côtés de John Frankenheimer, Arthur Penn, Samuel Fuller, Franklin J. Schaffner… Son expérience de comédien a fait de lui un remarquable directeur d’acteurs. C’est Burt Lancaster qui a confié la réalisation d’Un château en enfer à Sydney Pollack. Christian Viviani met en parallèle le film avec Le Désert des Tartares (Il Deserto dei Tartari, Valerio Zurlini, 1976), un autre récit d’attente d’une attaque, et Le Train (The Train, John Frankenheimer, 1964), où Burt Lancaster met en balance « la fureur de la guerre et la beauté des oeuvres d’art ».

Un Château en enfer

Image - 4,5 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), probablement celle du master utilisé pour l’édition sortie en 2017 au Royaume Uni, est précise, stable, lumineuse, bien contrastée, dans une palette de couleurs chaudes. Une réduction mesurée du grain n’affecte pas la texture argentique.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono de la version originale, très propre, pratiquement sans souffle, restitue les dialogues avec une grande clarté. Une bande passante assez large, mais avec un léger déficit en graves, donne parfois un timbre métallique à l’accompagnement musical.

Ces observations s’appliquent au doublage dans lequel les dialogues, placés trop en avant, ont un timbre plus rond, pauvre en aigus.

On regrettera le choix du monaural, d’autant plus que le film en 70 mm est sorti en salles dans un mixage 6 pistes dont s’est mieux approchée l’édition Powerhouse Films sortie au Royaume Uni en 2017, au format DTS-HD Master Audio 4.0.

Crédits images : © Rimini Editions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 25 juin 2020
Un château en enfer, bien qu’inspiré de faits réels, tire son originalité des grandes libertés prises par Sydney Pollack avec les codes du film de guerre. En prime, une belle distribution et la musique de Michel Legrand.

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Un Chateau en enfer
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