Le Mur du son (1952) : le test complet du Blu-ray

The Sound Barrier

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par David Lean
Avec Ralph Richardson, Ann Todd et Nigel Patrick

Édité par Studiocanal

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Le 01/12/2020
Critique

Un avion pouvait-il, sans se désintégrer, franchir le mur du son ? Un seul moyen d’obtenir une réponse : prendre le risque de tenter l’expérience.

Le Mur du son

En Angleterre, peu après la fin de la seconde guerre mondiale. Tony, pilote de la Royal Air Force, épouse Susan, la fille de John Ridgefield, dit J.R., propriétaire d’une usine de construction aéronautique. L’attention de Tony a été attirée par un bruit inconnu venant d’un atelier de l’usine, celui d’un moteur à réaction. J.R. lui propose de devenir pilote d’essai de la firme et de tenter, aux commandes d’un prototype, de dépasser la vitesse du son.

Le Mur du son (The Sound Barrier), sorti en 1952, est l’avant-dernier film que réalisa David Lean avant de céder au chant des sirènes de Hollywood où il acheva les superproductions qui firent sa renommée planétaire, Le Pont de la rivière Kwai, en 1957, Lawrence d’Arabie, en 1962, deux films aux sept Oscars, et Le Docteur Jivago, en 1965 qui ne glanera que… cinq Oscars.

David Lean, entré par la petite porte dans l’industrie du cinéma comme coursier, puis électricien, réussit à se faire une réputation de monteur dans les années 30 et 40 avant de s’imposer comme un des proéminents réalisateurs britanniques. Il coréalisera en 1941, avec Gabriel Pascal et Harold French, Major Barbara, l’adaptation d’une pièce de George Bernard Shaw, puis, l’année suivante, avec Noël Coward, Ceux qui servent en mer (In Which We Serve). Mais c’est Brève rencontre (Brief Encounter), lauréat de l’un des onze Grands prix décernés à Cannes en 1946, l’année du premier festival, qui le fera vraiment connaître. Suivront, en 1948, deux adaptations de Charles Dickens, Les Grandes espérances (Great Expectations), salué par deux Oscars, et Oliver Twist, BAFTA Award du meilleur film britannique et Prix de la meilleure direction artistique à Venise. Le dernier film de sa période anglaise fut Chaussure à son pied (Hobson’s choice), sorti en 1954, avec Charles Laughton en tête d’affiche.

Le Mur du son

Il prendra sa retraite en 1984 après avoir réalisé, en Angleterre, La Fille de Ryan (Ryan’s Daughter), en 1970, et La Route des Indes (A Passage to India), en 1984, qui remportèrent chacun deux Oscars.

Le Mur du son s’ouvre sur une magnifique scène : au-dessus des Seven Sisters, les falaises de Douvres, sur lesquelles l’épave d’un avion allemand rappelle la guerre finie quelques années plus tôt, un chasseur s’exerce à la voltige avant d’atteindre l’altitude la plus élevée pour se lancer dans un piqué. Soudain, à pleine vitesse, les commandes se bloquent. C’est au prix d’un effort désespéré que le pilote pourra redresser l’appareil juste avant qu’il ne s’écrase au sol. Sans dialogues, elle définit le thème du film et plante son décor.

Le Mur du son alterne des scènes prises en plein ciel, tournées avec de vrais appareils en vol, filmés du sol ou d’un autre avion, ou tournées depuis le cockpit. Ce souci de réalisme et les informations recueillies par David Lean pour nourrir le scénario donnent au film une dimension documentaire contribuant largement à son intérêt.

Avec une forme irréprochable, due à la conjugaison des talents de David Lean et de son chef opérateur, Jack Hildyard, qui recevra, six ans plus tard, l’Oscar de la meilleure photographie pour Le Pont de la rivière Kwai, Le Mur du son a aussi donné à l’un des grands acteurs britanniques de cette époque, Ralph Richardson, un des meilleurs rôles de sa longue carrière, salué par un BAFTA Award. À ses côtés, on remarque Ann Todd, alors l’épouse du réalisateur, Nigel Patrick et, surtout, Denholm Elliott, formé au théâtre, avec 160 titres dans sa filmographie, souvent dans des rôles secondaires, notamment dans deux films exceptionnels, Saint Jack (Peter Bogdanovich, 1979) et Chambre avec vue (A Room with a View, James Ivory, 1985).

La réédition de ce film, injustement méconnu, parfaitement restauré, pour la première en haute définition, est donc bienvenue, d’autant plus qu’elle est complétée d’intéressants documents inédits.

Le Mur du son

Présentation - 2,5 / 5

Le Mur du son (117 minutes) et ses généreux suppléments (108 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, pour cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un boîtier non fourni pour le test du seul Blu-ray, effectué sur check disc.

Le menu fixe et muet propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres imposés (qui auraient pu être placés plus bas sur l’image), au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Bonus - 4,0 / 5

Préface de Jean-Baptiste Thoret (8’, StudioCanal 2020). Une présentation rapide du thème et des personnages du film qui se situe, dans l’oeuvre de David Lean, entre ses adaptations de Charles Dickens et Le Pont de la rivière Kwaï. Le personnage principal, J.R., préfigure les héros du cinéma de David Lean.

Le Mur du son revu par Bertrand Tavernier (64’). David Lean « s’investissait corps et âme dans ses films », en exprimant les sentiments avec retenue, « sans exaltation ». Une première version du scénario fut modifiée, avec une substitution de personnages - un des fils de J.R. devient sa fille - et avec plus de scènes de vol, sans maquettes ni transparences. Le film fait ressentir « le prix à payer pour explorer l’inconnu (…) avec une couleur mélancolique (…) et une fin touchante ». Souvent dénigrée pendant la Nouvelle vague par la critique française, notamment par François Truffaut, cette première période de l’oeuvre de David Lean a été largement réhabilitée. Avec des passages intéressants, cet entretien aurait gagné à être élagué de trop nombreuses digressions.

Le Mur du son

Interview de David Lean par Maureen Pryor (36’, enregistré au British Film Institute en 1959). En acceptant très volontiers la cigarette que lui offre l’actrice Maureen Pryor, David Lean ne pouvait pas savoir qu’il mourrait d’un cancer de la gorge… à 83 ans, toutefois. « Explorer l’inconnu » l’a toujours intrigué, et l’idée qu’un avion puisse dépasser la vitesse du son lui a semblé être un bon sujet de film. Les premières scènes de ses films sont visuelles pour capter immédiatement l’attention. Il donne une grande importance à la bande-son, « un des instruments de l’orchestre du cinéma », qu’il commence à concevoir dès la fin de l’écriture du scénario et complètera pendant le tournage et le montage, en s’assurant qu’elle soit reliée à la musique. Ce qu’il illustre par une séquence de Brève rencontre. Il justifie la fin, souvent controversée, de Le Pont de la rivière Kwaï. « Le réalisateur n’est pas un artiste, mais un interprète (…) qui doit faire passer sur l’écran le rêve qu’il a en tête », en dépendant de la technique et des acteurs. Il se voit, d’ailleurs, comme un technicien et avoue préférer « la paix de la salle de montage » à la fonction de réalisateur, « un job très effrayant ». Ce qui peut faire paraître ses films froids, bien que deux donnant une large place aux sentiments, Brève rencontre et Summertime (Vacances à Venise).

Le Mur du son

Image - 4,5 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC) est très propre, lumineuse, agréablement contrastée, après une soigneuse restauration, respectueuse de la texture argentique.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 restitue avec clarté les dialogues et avec finesse les passages musicaux composés par Malcolm Arnold qui recevra un Oscar pour Le pont de la rivière Kwaï, tout en donnant une impressionnante présence à la bande-son, si importante pour David Lean

Crédits images : © 1952 STUDIOCANAL FILMS Ltd

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 2 décembre 2020
Ce film injustement méconnu de David Lean nous revient, parfaitement restauré, pour la première en haute définition, dans une édition complétée d’intéressants documents inédits.

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