La Fille au bracelet (2019) : le test complet du Blu-ray

Lise, très secrète, accusée de l’assassinat d’une amie, comparaît devant la cour d’assises pour mineurs. Un drame de prétoire d’un rare réalisme.

Lise, bientôt 17 ans, est sur la plage de La Bernerie-en-Retz, non loin de Nantes, avec ses parents et son jeune frère, quand trois gendarmes viennent l’arrêter. Elle est soupçonnée du meurtre de Flora, une amie de lycée, retrouvée morte dans son lit le matin même, frappée de sept coups de couteau dont un lui a sectionné la carotide. Lise avait passé la nuit avec elle et l’avait quittée quelques heures plus tôt. Au terme de six mois de détention préventive, Lise a été assignée à résidence chez ses parents, un bracelet électronique à la cheville. Deux ans après son arrestation, s’ouvre devant la cour d’assises pour mineurs de Nantes son procès pour assassinat…

La Fille au bracelet, sorti en salles en février 2020, est le troisième long métrage de Stéphane Demoustier, après Terre battue (2014), sélectionné à Venise, et Allons enfants (2018), sélectionné à Berlin, édité par Jhr Films sous le titre Stéphane Demoustier (en compagnie de quatre courts métrages réalisés entre 2001 et 2014). Les deux premiers films avaient pour personnages principaux des enfants, le troisième, une jeune fille à ls sortie de l’adolescence.

La Fille au bracelet met en images un scénario inspiré par un fait divers survenu en Argentine, adapté en film par Gonzalo Tobal sous le titre Acusada, sélectionné pour le Lion d’or à Venise en 2018 et sorti dans nos salles en juillet 2019.

Le procès, qui s’ouvre une dizaine de minutes après le générique et constitue l’essentiel du métrage, est mis en scène avec un évident souci de réalisme. Le réalisateur a pu utiliser pour le tournage la salle des assises du Palais de justice de Nantes et on ne relève dans le déroulement des audiences aucune des incohérences habituellement décelées dans la plupart des films du genre.

La Fille au bracelet prend le point de vue des parents de Lise, interprétés par Roschdy Zem et Chiara Mastroianni. Anaïs Demoustier, la soeur du réalisateur, tient le rôle du procureur, avec un intéressant questionnement de la liberté de moeurs de Lise, retenue comme élément à charge, en l’absence de preuve matérielle de sa culpabilité.

On n’entre jamais dans l’intimité de Lise : jusqu’à la dernière image, rien ne trahit son éventuelle culpabilité. Secrète, elle reste imperturbablement à l’abri d’un mur de silence, bloquant toute réponse qui pourrait nourrir l’intime conviction des jurés… et du spectateur.

Le rôle est intensément tenu par une inconnue, Mélissa Guers. Ex-gymnaste, étudiante à la Sorbonne, elle avait répondu à un appel à candidature lancé sur les réseaux sociaux. Le réalisateur a trouvé les mots justes pour qualifier sa performance : « Elle réussit à imposer ses silences. »

La Fille au bracelet (95 minutes) et ses suppléments (42 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film avec le choix entre deux formats audio DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 stéréo.

Piste d’audiodescription DTS-HD M A 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Entretien avec Stéphane Demoustier (28’). Interrogé par Victor Lamoussière, après un rapide rappel de sa filmographie, il dit avoir pu lire le scénario d’Acusada, coécrit par Ulises Porra et Gonzalo Tobal, pour s’en écarter en prenant le point de vue des parents de la jeune fille. Le déroulement du procès a imposé la trame assez stricte du film. Par souci de réalisme, il a assisté à des audiences d’assises et a soumis le scénario à l’avis de magistrats. Le film doit beaucoup à l’interprétation de Mélissa Guers. Le choix de plans fixes, du ratio 1.66:1 et de longues focales fait ressortir l’enfermement des personnages dans leur situation. Il évoque aussi le casting, la direction d’acteurs, l’accompagnement musical, banni des scènes d’audience. Un utile complément au film !

Scènes coupées commentées par Stéphane Demoustier et Damien Maestraggi (10’). Un intéressant commentaire optionnel de Stéphane Demoustier et du monteur Damien Maestraggi justifie le retrait de ces huit scènes du montage final.

Essais de Mélissa Guers (4’)

Bande-annonce.

L’image (1.66:1, 1080p, AVC) allie excellente résolution texture délicate, avec d’agréables contrastes et des couleurs bien étalonnées. L’utilisation fréquente de longues focales réduit délibérément la profondeur de champ pour mettre en avant les personnages, cadrés en plans serrés.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo), dans un bon équilibre avec l’ambiance, assure la clarté des dialogues. L’accompagnement musical, une intéressante composition originale pour cordes, est délivré avec finesse.

Une trop discrète sollicitation des voies latérales cantonne l’image sonore dans le plan frontal en estompant les différences entre les deux formats.

Crédits images : © Matthieu Ponchel pour Petit Film, FraKas Productions, France 3 Cinéma