The Outsider (2020) : le test complet du Blu-ray

Un même individu peut-il être, au même moment, à deux endroits différents ? Cette nouvelle minisérie HBO répondra à cette troublante question.

Un chasseur découvre dans la forêt bordant Cherokee City, North Carolina, le cadavre affreusement déchiqueté de Frankie Peterson, 11 ans. Les empreintes digitales, l’ADN, des caméras de surveillance et des témoins désignent un coupable : Terry Maitland, professeur d’anglais et entraîneur de l’équipe junior de baseball, un homme respecté. Bien qu’il dise avoir été à une centaine de kilomètres du lieu du crime au moment où il a été commis, ce que confirment des caméras de surveillance, des témoins et d’autres indices, Terry Maitland est arrêté et maintenu en détention préventive. Ralph Anderson, un policier local, doute de sa culpabilité. Il va tenter de trouver une réponse logique à une troublante question : comment le même homme peut-il avoir été vu, au même moment, dans deux endroits différents ?

The Outsider, est l’adaptation de l’épais roman éponyme publié en 2018 par Stephen King, auteur prolifique d’une soixantaine de romans et de près de deux cents nouvelles, la source d’inspiration de plus de trois cents adaptations pour le grand et le petit écran ! Et le compteur continue de tourner…

The Outsider a été adapté par le scénariste Richard Price qui a écrit, ou contribué à l’écriture de plus de vingt films (dont La Couleur de l’argent / The Color of Money, Martin Scorsese, 1986), téléfilms ou séries, dont l’immanquable Sur écoute (The Wire, créée par David Simon en 2002) et The Deuce. Il fut aussi le créateur de la remarquable minisérie The Night Of en 2016.

The Outsider, assez fidèle au roman qui situe l’action en Oklahoma, utilise les codes du policier au long de ses deux premiers épisodes, avant qu’un basculement vers le fantastique ne vienne, provisoirement, dérouter le spectateur, le temps qu’il s’accoutume à l’idée que tout n’est pas aussi rationnel que l’imagine le personnage principal, Ralph Anderson, interprété par Ben Mendelsohn. Commence alors un glissement progressif, et réussi, vers le fantastique, puis l’horreur.

Donnent la réplique à Ben Mendelsohn, Bill Camp, récemment vu dans Dark Waters (Todd Haynes, 2019), Cynthia Erivo (Harriet, Kasi Lemmons, 2019), Jason Bateman (Arrested Development), parmi une solide distribution dans laquelle on remarque Marc Menchaca (Generation Kill) pour sa convaincante composition de Bob Hoskins, un policier sous l’emprise d’une entité maléfique.

The Outsider se métamorphose d’intrigue policière en fantastique horrifique, sans aucun recours aux effets faciles qui gâchent trop souvent le genre pour le plaisir des amateurs exigeants. Une nouvelle minisérie avec le poinçon de la qualité HBO !

The Outsider (10 épisodes d’une durée cumulée de 553 minutes) et ses suppléments (54 minutes) tiennent sur trois Blu-ray BD-50 logés dans un boîtier de 11 mm, glissé dans un étui.

Le menu fixe et musical propose la minisérie dans sa version originale, en anglais, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1, et dans un doublage en français au format Dolby Digital 5.1.

Sous-titres en cinq langues, dont le français (et l’anglais pour malentendants).

Une édition DVD est sortie simultanément, avec le même contenu.

Invitation sur le plateau de tournage (1’). Un teaser dans lequel Stephen King pose la question : comment réagir devant l’inimaginable ?

Jason Bateman sur The Outsider (1’). Réalisateur des deux premiers épisodes, il dit tout le bien qu’il pense de la minisérie… et de Stephen King !

Stephen King et The Outsider (2’). Il dit avoir appris à faire croire à l’incroyable des scénaristes de Twilight Zone (La Quatrième dimension). Dans The Outsider, s’opposent le rationalisme de Ralph Anderson et l’ouverture au paranormal de Holly, un personnage important de son imaginaire.

Adapter The Outsider (3’). Stephen King assure laisser les mains libres aux scénaristes qui adaptent ses romans, ce que confirme Richard Price, fan de littérature fantastique.

El Cuco, le Baba Yaga, the Outsider (13’). En Russie, le Baba Yaga, au Mexique, El Cuco, se nourrissent de la terreur, de la douleur et des mauvais sentiments qu’ils suscitent chez les humains. Des entités à l’existence desquelles croit Holly, d’autant plus aisément qu’elle estime être, elle-même, une énigme.

Analyse de Holly Gibney (3’), une personne pas comme les autres, « capable de dire instantanément quel jour de la semaine tombera le 1er mai dans 204 ans ».

Coulisses des épisodes (28’). Stephen King, Richard Price, le producteur Andrew Bernstein et les acteurs dissertent sur le thème principal des épisodes. Pour les épisodes 1 & 3, sur le personnage de Ralph Anderson ; pour les épisodes 3 & 4, sur Holly, un personnage différent de la Holly de Mr. Mercedes, un autre roman de Stephen King, et sur Jack Hoskins ; pour les épisodes 5, 6 & 7, sur l’universalité de la croyance à des créatures surnaturelles, au Boogeyman, au Croquemitaine, à El Cuco… ; pour les épisodes 8, 9 & 10, sur la conclusion de la série, tournée dans une réelle caverne.

Cette suite de documents, avec de trop nombreuses redites, reprise de l’édition sortie aux USA en juillet, ajoute très peu au visionnage de la série.

L’image (2.00:1, 1080p, AVC), généralement bien définie et contrastée dans les prises en extérieur, manque terriblement de densité et de contraste dans la plupart des intérieurs, avec une dominante verdâtre. Certainement un choix délibéré en harmonie avec la tonalité glauque de la minisérie, mais un choix discutable quand il conduit à tant nuire à la lisibilité de certains plans.

Paradoxalement, les scènes tournées dans la caverne, au dernier épisode, sont plus lumineuses et mieux contrastées !

Le son DTS-HD Master audio 5.1 de la version originale est, lui, à l’abri de tout reproche. Tout en assurant la clarté des dialogues, il immerge le spectateur dans l’action, avec une bande passante large, une forte dynamique et une répartition optimale du signal sur les cinq canaux.

Le doublage doit se contenter du format standard Dolby Digital 5.1. Assez monotone, il donne aux dialogues, trop en avant, une tonalité vulgaire absente de la version originale. Il n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Bob Mahoney