Tootsie (1982) : le test complet du Blu-ray

Édition Coffret Ultra Collector - Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Sydney Pollack
Avec Dustin Hoffman, Jessica Lange et Teri Garr

Édité par Carlotta Films

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Le 10/07/2020
Critique

Un acteur dans le collimateur des producteurs se transforme en femme pour relancer sa carrière. La confusion des genres va soulever quelques problèmes…

Tootsie

Michael Dorsey, un acteur de théâtre engagé, dédie tout le temps libre que lui laisse des petits boulots alimentaires à son atelier d’art dramatique et à la mise en scène des pièces jouées par un groupe d’amis, dans des festivals ou au profit d’institutions caritatives. Apprécié par la critique, voilà pourtant longtemps qu’il n’a pas touché un cachet. Un de ses exploits a fait le tour du show business : le tournage d’une publicité où il tenait le rôle d’une tomate, au lieu d’être bouclé dans l’heure, s’est étalé sur toute une journée ! Perfectionniste, intransigeant, il est maintenant sur la liste noire de tous les producteurs. Il lui faut pourtant trouver 8 000 dollars pour monter la pièce de Jeff, son meilleur ami. George Fields, son agent, est catégorique : son avenir d’acteur est derrière lui. Piqué au vif, Michael va lui prouver le contraire : déguisé en femme, il se fait embaucher dans un soap opera sous le nom de Dorothy Michaels…

Tootsie, sorti en 1982, est le quatorzième des vingt films de Sydney Pollack. Dès sa sortie du lycée, il avait suivi des cours d’art dramatique et commencé une carrière d’acteur en 1956 (qu’il n’a jamais abandonnée, en remplaçant notamment Hervey Keitel dans Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick). Après une solide expérience de réalisateur d’épisodes de séries télévisées, commencée en 1961, il attire l’attention de la critique dès son deuxième film, Propriété interdite (This Property Is Condemned, 1966), l’adaptation d’une pièce de Tennessee Williams sur un scénario coécrit par Francis Ford Coppola. Ce film inaugurera une succession de réussites dominée par On achève bien les chevaux (They Shoot Horses, Don’t They?, 1969), Jeremiah Johnson, 1972), le premier western en compétition à Cannes, Les 3 jours du condor (1974) et Out of Africa (1985), ces trois derniers avec son ami Robert Redford dont le nom s’est inscrit en tête d’affiche de sept de ses films.

-We are looking for somebody different. -I can be different!

Les dialogues sont un des atouts de Tootsie : jamais vulgaires (excepté dans la tournure que leur donne le doublage en français). Un bon exemple de leur qualité est donné dans les scènes d’ouverture, celles des castings qui se soldent par des rejets, hâtivement justifiés par la première idée venue à l’esprit : « Vous être trop grand… trop petit…, trop vieux… trop jeune », suivie, pour répondre aux objections de Michael, par l’imparable « Nous cherchons quelqu’un de différent ! »

Tootsie

You are a wonderful actor, Michael. But you are too much trouble!

Dustin Hoffman est tout à fait crédible dans sa composition d’un acteur doué, mais pinailleur, agressif, entêté… réellement inemployable ! Pourtant, ces « qualités », mises au service du personnage du soap opera Southwest General et les grandes libertés que s’octroie Michael/Dorothy avec le scénario, feront grimper l’audience des « ménagères de moins de cinquante ans » à des sommets vertigineux.

Le travestissement, subterfuge qu’avaient également utilisé Joe et Jerry pour trouver un emploi dans Certains l’aiment chaud, (Some Like It Hot, Billy Wilder, 1959) et la confusion des genres qu’il entraîne, fournissent un ressort dramatique efficacement exploité, mais avec délicatesse, sans le moindre sous-entendu salace.

Tootsie tient dans sa main un autre sérieux atout, sa distribution. Dustin Hoffman est bien accompagné. Le courant passe bien entre lui et Sydney Pollack, dans le rôle de son agent, particulièrement dans une confrontation cruciale, celle qui pousse Michael à prouver qu’il est encore « bankable ».

Il y a aussi, dans le rôle d’une amie/maîtresse de Michael, Teri Garr (Rencontres du troisième type / Close Encounters of the Third Kind, Steven Spielberg, 1977), Jessica Lange, arrivée au firmament de sa popularité avec Le Facteur sonne toujours deux fois (The Postman Always Rings Twice, Bob Rafelson, 1981) et Frances (Graeme Clifford, 1982), sur la tragique destinée de l’actrice Frances Farmer. Et aussi, dans le rôle de Jeff, Bill Murray dont le talent sera reconnu dans près de cent rôles, dont Un jour sans fin (Groundhog Day, Harold Ramis, 1993) et Lost in Translation (Sofia Coppola, 2003). Il y a encore Dabney Coleman, derrière les moustaches de Ron, le téléaste auquel les privautés envers les actrices ont valu le surnom de « The tongue », autrement dit la langue (dans la nôtre) : on pressent aisément qu’il va tomber sur un os avec Dorothy !. Cerise sur le gâteau, Geena Davis pour une courte, mais charmante apparition !

Une réédition bienvenue, la première en haute définition, numéro 16 de la superbe Collection Coffrets Ultra Collectors lancée par Carlotta Films en 2016, dont plusieurs titres sont aujourd’hui épuisés.

Tootsie

Présentation - 5,0 / 5

Tootsie (116 minutes) et ses suppléments (116 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, en compagnie d’une DVD-9, dans les couvertures d’un mediabook de 160 pages.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, avec le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.0 ou 1.0, et dans un doublage en français DTS-HD MA 1.0.

Le livre de 160 pages (dont une trentaine illustrées de photos) contient la traduction en français de Making Tootsie: A Film Study with Dustin Hoffman and Sydney Pollack publié en 1983 par Susan Dworkin, divisé en six chapitres. Sont évoquées la genèse du film, l’insistance de Dustin Hoffman pour que Sydney Pollack y tienne un rôle, la transformation de Michael Dorsey en Dorothy Michaels… Suit un intéressant chapitre avec les vues de Sydney Pollack sur la réalisation d’un film, un autre sur la carrière de Dustin Hoffman, puis sur Sydney Pollack producteur : « Je préférerais que quelqu’un d’autre s’en occupe, mais je le fais parce que j’y gagne ma liberté ». Vient enfin l’heure de la « sauterie de fin de tournage » avec toute l’équipe.

Un intéressant complément au film !

Deux éditions simples sont sorties simultanément, l’une sur Blu-ray, l’autre sur DVD, avec quelques bonus en moins.

Bonus - 4,0 / 5

Sont ici repris les bonus vidéo de l’édition Criterion sortie en 2014, à l’exception du commentaire audio de Sydney Pollack et de trois entretiens avec Dustin Hoffman (19’), Phil Rosenthal (16’) et d’une interview de Dorothy Michaels (5’).

The making of… Tootsie (34’, 1982, 1.33:1, VOST, uniquement sur le Blu-ray). La caméra indiscrète nous fait les témoins du soigneux maquillage permettant à Dustin Hoffman de changer de sexe et de rajeunir, de ses discussions, parfois très animées, avec Sydney Pollack, de quelques prises… Le documentaire contient aussi un entretien avec Jessica Lange, Teri Garr, Dabney Coleman et Bill Murray.

Un homme meilleur : le making of Tootsie (69’, 2007, 1.33:1, VOST). Ce document, réalisé pour compléter l’édition du 25ème anniversaire sortie par Sony Pictures Home Entertainment en 2008, montre le regard des complices de l’aventure, Sydney Pollack, Dustin Hoffman, Teri Garr, Larry Gelbart et Murray Schisgal, coscénaristes, et d’autres encore, près d’un quart de siècle après la sortie du film. Sont insérés des plans du making of et des extraits du film (en 4/3, mais au ratio 2.40:1). C’est là qu’on apprend que Tootsie, inspirée d’un personnage réel, aurait dû être un joueur de tennis avant que Dustin Hoffman ne convainque Sydney Pollack d’en faire un acteur. Un intéressant approfondissement du document précédent.

9 scènes coupées (10’, 2.40:1, VOST, uniquement sur le Blu-ray).

Essais vidéo de Dustin Hoffman (3’, 1981, 1.33:1, VOST, uniquement sur le Blu-ray) Dorothy Michaels est interrogée en uniforme d’infirmière en chef, puis dans une robe violine.

3 bandes-annonces.

Tootsie

Image - 5,0 / 5

L’image (2.40:1, 1080p, AVC), très stable, obtenue après une numérisation 4K du négatif original pour Sony Pictures Entertainment, pour la première édition du film sur Blu-ray, garantit une excellente définition de tous les plans, larges ou rapprochés, et un soigneux étalonnage de couleurs agréablement saturées.

Son - 4,5 / 5

Le son monaural d’origine de la version est proposé dans deux formats, DTS-HD Master Audio 1.0, et dans un remixage DTS-HD MA 5.0, les deux très propres, avec une bonne dynamique et une bande passante généreusement ouverte. Les puristes pourront choisir la première version. Pourtant, le remixage aère l’ensemble, en particulier l’accompagnement musical auquel il donne une remarquable ampleur, et ajoute à la netteté des dialogues (un plus appréciable : l’édition Criterion se limite au LPCM 1.0).

Le doublage en français, dans le seul format DTSQ-HD MA 1.0, place trop en avant les dialogues auxquels il donne un tour vulgaire.

Crédits images : TOOTSIE © 1982 COLUMBIA PICTURES INDUSTRIES, INC. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 10 juillet 2020
Cette comédie sur le thème de la confusion des genres, efficacement exploité, mais avec délicatesse, fruit le l’union des talents de Sydney Pollack et Dustin Hoffman, depuis longtemps introuvable, nous revient, pour la première fois en haute définition, dans la prestigieuse Édition Coffret Ultra Collector de Carlotta Films.
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Réal
Le 4 novembre 2009
Pas de commentaire.
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Georges
Le 19 juin 2005
Un classique qui garde sa fraicheur, même le message est encore d'actualité. Dustin Hoffman crève l'écran!

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