Tobrouk, commando pour l'enfer (1967) : le test complet du Blu-ray

Tobruk

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Arthur Hiller
Avec Rock Hudson, George Peppard et Nigel Green

Édité par Elephant Films

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Le 25/01/2021
Critique

Film de guerre solide, au suspense constant, plastiquement soigné et bien interprété.

Tobrouk, commando pour l'enfer

Afrique du Nord 1942, Alger puis Lybie. Un commando organise l’évasion de Craig, officier canadien topographe connaissant bien le désert mais détenu par l’armée française de Vichy. Il est transféré en Lybie où il intègre une compagnie anglaise, comprenant un détachement de combattants juifs allemands déguisés en soldats allemands. C’est grâce à ce subterfuge que les Anglais comptent traverser 800 km de désert miné à travers les lignes germano-italiennes jusqu’au port lybien de Tobrouk, afin de détruire les réserves d’essence de l’armée du général Rommel d’une part, soutenir un débarquement allié d’autre part.

Tobrouk, commando pour l’enfer (Tobruk / Tobrouk, USA 1966) de Arthur Hiller est une solide série B co-produite par Gene Corman, le frère de Roger Corman. Ce fut pratiquement le dernier film joué par le grand acteur Rock Hudson pour la société Universal à laquelle le liait un contrat d’exclusivité qui durait jusqu’à l’été 1966. La production fut d’un budget d’environ 6 millions de US$, entièrement tournée aux USA (et non pas dans la région espagnole d’Almeria comme on le lit parfois) avec le concours de la quarantième division blindée de la Garde nationale de Californie. Son titre d’exploitation cinéma français était, ainsi qu’en témoigne son affiche française d’époque, Tobrouk tout court : il se contentait donc de traduire son titre original. Les éditions vidéo numériques françaises DVD et Blu-ray ont rajouté, depuis 2013, ce lourd sous-titre commando pour l’enfer, sans doute afin de définir immédiatement le genre auquel appartient le film, en songeant aux nouvelles générations de spectateurs moins familières des batailles célèbres de la Seconde guerre mondiale que les précédentes.

Tobrouk, commando pour l'enfer

Le scénario écrit par Leo V. Gordon (qui joue aussi dans le film le rôle d’un sergent crédité sous son nom habituel d’acteur Leo Gordon sans le V. intermédiaire) s’inspire d’un des nombreux raids qui furent menés par les Alliés sur Tobrouk durant les années 1941 et 1942. C’étaient des opérations en réalité souvent bien plus amples et bien plus lourdes que ce qu’on voit ici, d’une particulière complexité logistique et qui coûtèrent la vie à des milliers de soldats. Au générique, on note avec intérêt la mention d’un conseiller militaire australien : de fait, l’armée australienne servit dans les batailles d’Afrique du Nord. Les commandos juifs allemands SIG (« Special Interrogation Group » - ne pas confondre leur sigle avec celui, homonyme, du fusil d’assaut réglementaire de l’armée suisse SIG) opéraient sous strict contrôle britannique, notamment sur le plan du renseignement et de l’espionnage mais aussi pour quelques missions d’infiltration et de sabotage contre les lignes allemandes. Ils furent cependant, en 1942, probablement bien davantage actifs en Palestine sous mandat britannique qu’en Lybie.

La direction artistique laisse à désirer sur le plan du matériel lourd : la plupart des tanks utilisés (notamment le Patton M48) sont postérieurs à l’action et donc anachroniques. Même chose pour les camions (notamment les M54). Elle laisse à désirer aussi sur celui du matériel léger : la ligne de perfusion qui alimente en plasma la prisonnière allemande blessée, est en matière plastique alors que les tubes de perfusions utilisées durant la Seconde guerre mondiale étaient en caoutchouc. Elle laisse, enfin, parfois aussi un peu à désirer sur le plan de l’armement léger (on voit des pistolets-mitrailleurs danois Madsen 1950 aux mains des gardiens français de 1942, un lance-flammes américain M2 1944 utilisé par un commando britannique de 1942) par ailleurs globalement très correct et assez varié.

Tobrouk, commando pour l'enfer

Sur le plan de l’histoire du cinéma, le film de Hiller est évidemment très différent du classique Les Rats du désert (USA 1953) de Robert Wise qui raconte un des nombreux autres épisodes de la longue bataille de Tobrouk. Le Hiller bénéficie de l’écran large et de la couleur, d’un scénario assez riche en rebondissements (y compris avec un élément d’espionnage augmentant encore le suspense) et sa dernière partie louche même franchement vers le grand spectacle d’un titre tel que Les Canons de Navarone (USA 1960) de Jack Lee Thompson. Cet aspect n’est d’ailleurs pas un simple choix esthétique : les collines fortifiées munies d’artillerie très lourde existaient bel et bien à Tobrouk mais ce sont des Australiens qui leur donnèrent l’assaut. La mise en scène de Hiller - qui avait fait ses premières armes comme réalisateur de TV en signant notamment dans les années 1958-1960 de bons épisodes de la série policière Alfred Hitchcock présente et qui devait par la suite réaliser, outre des titres populaires dans des genres variés, le décevant film fantastique Morsures (Nightwing, USA 1979) à partir d’un scénario pourtant prometteur sur une gigantesque colonie de chauves-souris vampires - est sobre, efficace et capable à l’occasion de beaux effets (passage d’un gros plan à un gigantesque plan d’ensemble par un zoom + fondu, très amples mouvements de grue, très amples zoom arrières). Violence graphique montant d’un cran net durant la dernière demi-heure, avec de très cruels combats, y compris au lance-flammes.

Tobrouk, commando pour l'enfer

Présentation - 4,0 / 5

1 Combo Blu-ray BD25 multirégions ABC + DVD9 édité par Eléphant Films le 26 janvier 2021. Image Full HD (sur Blu-ray) au format 2.35 compatible 16/9, 1920 x 1080p AVC (sur Blu-ray). Son VOSTF en DTS-HD Master Audio Mono 2.0 (sur Blu-ray) ou Dolby Digital 2.0 (sur DVD). Durée du film 105 min. environ (sur Blu-ray). Suppléments : bandes-annonces. Seul le Blu-ray a été reçu, donc testé.

Bonus - 0,5 / 5

Bande-annonce originale : ignoblement recadrée plein cadre 1.37, couleurs délavées, durée d’un peu moins de 3 minutes.

Bandes-annonces de films de guerre édités par Eléphant film  : on doit les diviser en deux sections, les films-annonces d’époque ayant valeur documentaire d’histoire du cinéma et de sa section d’histoire de l’exploitation d’une part, ceux montés par Eléphant aujourd’hui d’autre part. État argentique et vidéo inégal concernant les films-annonces originaux, excellent concernant ceux montés par Eléphant à partir du master restauré.

Les anglophones qui voudraient en savoir plus peuvent se tourner vers l’édition américaine Kino Lorber sortie en 2020 qui est munie d’un commentaire audio par deux historiens du cinéma.

Tobrouk, commando pour l'enfer

Image - 4,0 / 5

Format 2.35 TechniScope en Technicolor, compatible 16/9, Full HD sur Blu-ray. Copie argentique en bon état : à peine deux ou trois poussières blanches relevées sur 105 minutes environ. Émulsion très légèrement voilée ou instable sur quelques très rares plans. Le bruit vidéo est parfaitement réduit et contrôlé : c’était évidemment lui l’ennemi principal sur le plan technique, en raison de la présence de nombreux plans d’ensemble à la très vaste profondeur de champ. Direction photo signée Russell Harlan (1903-1974), souvent sophistiquée en dépit de quelques transparences aisément repérables. Effets spéciaux signés par le grand Albert Whitlock (1915-1999).

Son - 5,0 / 5

VOSTF mono DTS-HD Dual Mono 2.0 (sur Blu-ray) et Dolby Digital Dual Mono (sur DVD) + VF d’époque : offre complète pour le cinéphile francophone. Dialogues, musique et effets sonores de la VO sont nets et dynamiques. La VF d’époque est en bon état technique, dramaturgiquement soignée : la voix française de Rock Hudson lui convient même presque mieux que sa voix originale. Certains dialogues sont légèrement modifiés d’un support à l’autre : par exemple, vers la vingt-septième minute, dans la VO, l’officier joué par Rock Hudson constate, mi-amusé mi-désabusé, qu’une colonne blindée ennemie italienne disposait de tout l’espace de ce damné Sahara mais que c’est précisément ici (juste à côté de son propre détachement) qu’elle s’arrête. Les STF négligent la qualification (« damned ») attribuée au Sahara tandis que la VF d’époque se contente d’un « Vous n’allez pas me dire qu’ils vont passer la nuit ici ?! » qui adapte, davantage qu’elle ne la traduit, sa remarque.

Crédits images : © Gibraltar Productions, Corman Company Film, Universal Pictures

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 26 janvier 2021
Film de guerre solide, au suspense constant, plastiquement soigné et bien interprété.

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Tobrouk, commando pour l'enfer
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