Le Dernier jour de la colère (1967) : le test complet du Blu-ray

I Giorni dell'ira

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Tonino Valerii
Avec Lee Van Cleef, Giuliano Gemma et Walter Rilla

Édité par Artus Films

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Le 11/04/2024
Critique

L’un des bons titres réalisés par l’artisan Tonino Valerii durant l’âge d’or du western européen.

Le Dernier jour de la colère

USA, Arizona, dernier tiers du dix-neuvième siècle. Scott, employé municipal chargé des pires corvées de nettoyage, est méprisé par les habitants de la petite ville de Clifton. Jusqu’au jour où arrive Talby, redoutable tireur qui fascine Scott à qui il enseigne les techniques du combat. Clifton tombe bientôt sous la coupe de Talby qui exerce brutalement un chantage sur certains de ses notables, autrefois coupables d’avoir organisé l’attaque d’une banque. Scott réalise qu’il a fait fausse route et va se retourner contre son mentor.

Le dernier jour de la colère (I giorni dell’ ira, Ital.-RFA 1967) de Tonino Valerii est sorti à Paris le 28 novembre 1968, distribué par Les Films Marbeuf dans une version mutilée d’une bonne vingtaine de minutes. Version reprise quelques années plus tard par le distributeur Audi Films sous le nouveau titre On m’appelle Saligo dont l’affiche mentionnait néanmoins honnêtement, entre parenthèses et en plus petites lettres, le titre français de première exploitation ! Quant au titre original italien, il signifie Les journées de la colère. Artus Films nous propose ici la version intégrale de cette coproduction berlino-romaine : elle était déjà visible en vidéo depuis 2004 sur l’ancienne édition française DVD zone 2 PAL de Seven 7 mais cette édition Artus de 2024 y ajoute une belle restauration Full HD et de bons suppléments. Bien sûr la version intégrale de 112 minutes est plus ample que la version exploitée en France au cinéma mais elle comporte quelques scènes assez statiques de dialogues : les distributeurs français préférèrent une version plus courte mais plus nerveuse et, surtout, assurant le nombre habituel de séances quotidiennes donc rapportant davantage d’argent.

On comprend mieux, dès son générique d’ouverture si plastiquement beau, pourquoi Le dernier jour de la colère fut considéré comme l’un des bons westerns de Valerii. Assistant-réalisateur sur les deux premiers westerns de Sergio Leone (1964 et 1965). Il en avait conservé des souvenirs très précis : lorsque Talby remonte, vers la 25ème minute, la rue d’un village mexicain aux maisons blanches, ce sont celles déjà vues dans le Leone de 1964, filmées en utilisant les mêmes angles d’approche que dans le Leone de 1965 ! Certains instants sont marqués par une virulence baroque et une violence graphique typiques du genre. Valerii n’est pourtant pas un auteur : c’est plutôt un artisan de la séquence. En quelques plans, il sait installer un décor, planter un personnage, initier un conflit. C’est pour ses westerns que l’on se souvient encore de lui, bien qu’il se soit essayé à d’autres genres (il avait été, par exemple, crédité co-scénariste avec Ernesto Gastaldi de deux classiques du cinéma fantastique réalisés en 1964 par Antonio Margheriti et Camillo Mastrocinque). Le scénario de Gastaldi et Valerii repose sur une idée-force, celle d’une évolution puisque c’est l’histoire d’une fascination aboutissant à une opposition dramatique entre les personnages interprétés par Lee Van Cleef et Giuliano Gemma - raison d’être commerciale du film. La direction précise et soignée de Valerii permet effectivement à chacun de ces deux acteurs d’approfondir sa composition. Plastiquement, la mise en scène fait preuve d’idées bien exploitées par un montage précis, par exemple l’incendie nocturne de la maison qui suit la signature forcée d’un testament.

Gastaldi - qui s’illustrait, à la même époque, par ses scripts de film noirs policiers flirtant avec l’érotisme et le fantastique - considérait le western comme un genre ressortant de la fable, donc du récit antique primitif. De ce point de vue, ses scénarios rivalisent en rudesse avec ceux écrits outre-Atlantique mais ils n’ont pas - et ne peuvent pas avoir - leur authenticité y compris sur le plan historique (les références orales ou visuelles à des figures telles que Doc Holliday et Butch Cassidy ne sont pas chronologiquement assurées). Concernant les armes légères, le réalisme est meilleur car certains armuriers italiens (par exemple Pietta) savaient fabriquer d’excellentes répliques des armes légères américaines de l’époque. Il subsiste néanmoins, inévitablement, un décalage sociologique entre la description américaine et cette description italienne, par exemple assez sensible dans les instants comiques ou dans ceux frappés au coin d’une acerbe critique sociale. Le casting des seconds rôles est, comme toujours, savoureux (Ennio Balbo, Andrea Bosic et quelques autres) bien que confinant parfois à la caricature (le personnage joué par José Calvo / Pepe Calvo). La musique d’Ortolani est dynamique. Bref, Le dernier jour de la colère demeure un jalon, historiquement indispensable à qui souhaite posséder une honnête connaissance du western italien.

Le Dernier jour de la colère

Présentation - 3,0 / 5

1 digipack sous fourreau Artus, sorti le 02 avril 2024 contenant 1 DVD-9 PAL zone 2 + 1 Blu-ray 50 région B. Image Technicolor au format TechniScope 2.35 original respecté, compatible 16/9, Full HD 1080p sur le Blu-ray. VOSTF italienne mono + VF d’époque mono augmentée d’une vingtaine de minutes en VOSTF. Suppléments : présentation par Curd Ridel, entretiens avec le scénariste Ernesto Gastaldi, diaporama affiches et photos, film-annonce. Bel objet reproduisant affiches espagnole et française sur les rabats du digipack. Une suggestion matérielle: la tranche de l’étui est coiffée d’une petite illustration des visages des acteurs principaux au-dessus du titre du film mais la tranche du digipack ne comporte que le titre sans la petite illustration. Il faudrait que la tranche du digipack soit elle aussi munie de cette petite illustration.

Le Dernier jour de la colère

Bonus - 4,0 / 5

Présentation par Curd Ridel (2024, VF, 33 min. environ) : riche en informations bio-filmographiques sur Valerii qui avait notamment été co-scénariste pour des classiques du cinéma fantastique des années 1965 réalisés par Antonio Margheriti et Camillo Mastrocinque, puis assistant pour Sergio Leone (1964 et 1965). Ridel livre ensuite quelques informations sur les deux acteurs principaux (Gemma et Van Cleef, ce dernier dont la carrière fut divisée d’une manière étonnante en deux parties bien distinctes) et sur deux autres acteurs (Andrea Bosic, Pepe Calvo) de second plan du cinéma-bis italien. Illustrée par des extraits et quelques affiches mais trop petites et apparaissant trop brièvement.

Entretiens avec Ernesto Gastaldi (2015, VOSTF, 13 min environ) : Gastaldi fut l’un des plus grands scénaristes de l’âge d’or du cinéma-bis italien, tous genres confondus. Ses entretiens sont rares mais valent à chaque fois leur pesant d’histoire du cinéma. Celui-ci ne fait pas exception à la règle : il brosse l’histoire de sa collaboration au western italien, sa relation avec Valerii en quelques minutes. C’est, bien trop court mais déjà riche en informations et en anecdotes savoureuses (la narration du coup de téléphone entre Steven Spielbert et Sergio Leone vaut d’être écoutée à elle seule, l’affaire du procès intenté à Leone par le Japon à la suite de son western de 1964 qui imitait un film japonais de Kurosawa de 1961, son dialogue néanmoins sympathique avec Akira Kurosawa).

Film-annonce (VO, environ 1 min. 30 sec.) : intéressant pour l’histoire de l’exploitation puisqu’il s’agit d’une bande-annonce italienne d’origine mais légèrement francisée (graphiquement car elle ne comporte aucun dialogue) de reprise assez tardive puisque mentionnant Valerii comme réalisateur de Mon nom est Personne (1973) qui appartient à la période comique décadente du genre.

Diaporama : l’exemple de ce qu’il faut faire ! Une vingtaine de documents environ, tous bien reproduits : d’abord une dizaine d’affiches (allemande, italiennes, espagnoles, française, etc;) puis une dizaine de photos d’exploitation provenant du jeu italien.

Le Dernier jour de la colère

Image - 5,0 / 5

Format original TechniScope 2.35 compatible 16/9 (en Full HD 1080p sur le Blu-ray) et en Technicolor. Générique italien original sur les deux versions sonores : c’est plastiquement la plus belle séquence du film, avec quelques belles séquences d’extérieurs nuits aux très belles couleurs, photographiées par Enzo Serafin. Copie argentique restaurée et bon transfert numérique en Full HD, équilibré entre respect du grain et lissage vidéo.

Le Dernier jour de la colère

Son - 5,0 / 5

Linear PCM mono 2.0 en VOSTF italienne et VF d’époque : offre complète, nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. À noter que la piste VF contient certaines parties en VOSTF puisqu’il s’agit ici d’une version intégrale restaurée intégrant des parties jamais doublées car jamais sorties chez nous. La copie sortie en France le 28 novembre 1968 était en effet tronquée d’une vingtaine de minutes. Musique signée Riz Ortolani : celle du générique est demeurée célèbre.

Crédits images : © Sancrosiap, Corona Film, K.G. Divina Film

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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francis moury
Le 12 avril 2024
Western italien appartenant à l'âge d'or (1964-1968) du western européen long métrage (1961-1975 environ), au scénario signé par Ernesto Gastaldi en collaboration avec le réalisateur Tonino Valerii.

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