L'Anglais (1999) : le test complet du Blu-ray

The Limey

Blu-ray + DVD - Édition boîtier SteelBook

Réalisé par Steven Soderbergh
Avec Terence Stamp, Lesley Ann Warren et Luis Guzmán

Édité par L'Atelier d'Images

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 20/01/2021
Critique

Un film appréciable de Steven Soderbergh, depuis longtemps introuvable, nous revient enfin en haute définition, après une exemplaire restauration 4K.

L'Anglais

Wilson, fraîchement sorti d’un dernier séjour en prison, arrive à Los Angeles, déterminé à venger la mort suspecte de sa fille Jenny.

L’Anglais (The Limey), est sorti en 1999. « Limey », « Britannique » en argot américain, désignait à l’origine les marins de la Royal Navy qui bénéficiaient d’un apport en vitamine C dans leur grog, sous la forme de jus de citron ou de citron vert (lemon, lime) pour les préserver du scorbut.

L’Anglais est le septième long métrage de Steven Soderbergh. Après un éclatant début avec son premier film, Sexe, mensonges et vidéo (Sex, Lies and Videotape), salué en 1989 à Cannes par la Palme d’or, le Prix FIPRESCI et le Prix d’interprétation masculine attribué à James Spader, Steven Soderbergh peina à retrouver les faveurs de la critique et du public, même avec le touchant King of the Hill (1993) sur les rêves d’un monde meilleur par un gamin de St. Louis pendant la grande dépression.

L'Anglais

Si L’Anglais fut également un échec commercial, son bon accueil par la critique attira l’attention des studios et lui permit de réaliser, en 2000, Erin Brockovich : avec Julia Roberts dans le rôle-titre, saluée par l’Oscar d’interprétation féminine, ce film attira un large public sur toute la planète et assura à Steven Soberbergh les moyens de continuer à réaliser des films remarquables, tels Traffic (2000), distingué par quatre Oscars, Ocean’s Eleven (2001), Effets secondaires (Side Effects, 2013), Ma vie avec Liberace (Behind the Candelabra, 2013), et d’entrer brillamment dans l’univers de la télévision avec The Knick, une des meilleures séries récentes.

Tell me, tell me about Jenny!

L’Anglais se distingue par le particularisme de son montage. La déstructuration du temps et une fréquente dissociation de l’image et du son, donnent à l’oeuvre l’essentiel de son originalité, sans jamais faire perdre le fil du récit. On appréciera aussi l’ingéniosité de certaines ellipses, par exemple dans une scène où tout se passe hors champ, le bruit des coups de feu et des corps qui tombent permet de « voir » Wilson abattre quatre hommes. Il faut aussi relever la belle idée d’avoir, pour les flashbacks, inséré des plans de Terence Stamp pris une trentaine d’années plus tôt, extraits de Pas de larmes pour Joy (Poor Cow, Ken Loach, 1967).

L'Anglais

À la qualité de la photographie d’Edward Lachman, chef-opérateur du récent Dark Waters (Todd Haynes, 2019), s’ajoute une belle distribution. Terence Stamp, l’inoubliable interprète de L’Obsédé (The Collector, William Wyler) qui lui valut le Prix d’interprétation masculine à Cannes en 1965, incarne avec une efficace sobriété un Wilson glaçant, confronté à Peter Fonda, devenu célèbre, une trentaine d’années plus tôt, lui aussi, avec Easy Rider (Dennis Hopper, 1969). On retrouve d’autre part Luis Guzmán, abonné aux rôles de vilains, Joe Dallesandro, lancé par la trilogie de Paul Morissey produite par Andy Warhol, Flesh (1968), Trash 1970) et Heat (1973). Et deux débutantes, Melissa George, pour sa deuxième apparition sur les grands écrans après Dark City (Alex Proyas, 1998) et Amelia Heimle, née une semaine avant la diffusion du pilote de l’interminable soap opera Les Feux de l’amour (The Young and the Restless, 12 277 épisodes à ce jour depuis son lancement en 1973) dans laquelle elle s’est embarquée en 2005 pour plus de 2 000 épisodes… à ce jour !

L’Anglais, avec sa belle fin inattendue, absent des catalogues depuis des années, méritait, pour toutes ces raisons, cette réédition espérée, la première en haute définition, après une exemplaire restauration.

L'Anglais

Présentation - 3,5 / 5

L’Anglais (89 minutes) et ses suppléments (55 minutes, sans compter les deux commentaires audio) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, pour cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un SteelBook avec, dans un camaïeu de rouges, deux visuels différents et les titres en français au recto, en anglais au verso. À l’intérieur, la sérigraphie en noir et blanc de Wilson un revolver à la main.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Une édition combo 4K UHD-Blu-ray est également disponible, avec le même contenu.

L'Anglais

Bonus - 4,0 / 5

Commentaire audio par Steven Soderbergh et Lem Dobbs (en anglais, sans sous-titres)

Commentaire audio par l’équipe du film (en anglais, sans sous-titres)

Par moments un peu bavards, ces deux commentaires apportent des informations intéressantes sur la mise en scène et la réalisation du film. Le premier, surtout, qui aurait largement mérité un sous-titrage.

The Limey par Steven Soderbergh (19’, en anglais, sous-titré, L’Atelier d’Images, 2020). Le bon accueil critique de Out of Sight avait attiré l’attention sur lui. Il a accepté de réaliser The Limey dont il remania, avec Lem Dobbs, le scénario écrit depuis plusieurs années. Le film fut produit par Artisan Entertainment (rebaptisé « Ardison » par les sous-titres !) qui venait d’encaisser les grasses recettes de The Blair Witch Project. Il évoque ensuite le casting, la contribution du chef-opérateur Edward Lachman, la partition pour piano composée par Cliff Martinez, qui servit à guider, en partie, le remaniement d’un premier montage chronologique. En dépit d’un bon accueil critique, le film fut un échec commercial, ce que peut expliquer la fragmentation du récit.

L’Anglais : retour sur la scène de crime (29’, en français, L’Atelier d’Images, 2020) par Philippe Guedj (Le Point Pop). Les quatre films de Steven Soderbergh qui ont suivi Sex, Lies and Videotape ont été ignorés par la critique et le public ». Mais l’accueil par la critique de Out of Sight, en dépit de son échec commercial, va faire pencher la balance du bon côté. L’Anglais, une forme d’hommage à Point Blank (John Boorman, 1987) et à Get Carter (Mike Hodges, 1971, se singularise par la forme déstructurée du récit, par ses « collages » d’une même scène filmée dans des décors différents, pour reconstituer, par morceaux, les souvenirs de Wilson. On sent l’influence visuelle du Nouvel Hollywood et, plus particulièrement de Five Easy Pieces de Bob Rafelson.

Sur le tournage du film (6’). Steven Soderbergh a voulu souligner comment, au fur et à mesure de la progression d’un récit qui joue avec le temps, change l’état d’esprit de Wilson. Un personnage pas si mauvais, selon Terence Stamp, seulement mu par le désir de réparer une injustice. Les acteurs esquissent leurs personnages avant de chanter les louanges du réalisateur.

Bande-annonce (1’).

Espace découverte avec les bandes-annonces de The Game (David Fincher, 1997), Le Mystère von Bülow (Reversal of Fortune, Barbet Schroeder, 1980), La Nuit des juges (The Star Chamber, Peter Hyams, 1983) et Out of Time (Carl Franklin, 2003).

L'Anglais

Image - 4,5 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), soigneusement nettoyée et stabilisée après une numérisation 4K, sous la supervision de Steven Soderbergh nous dit-on, propose une riche palette de couleurs ravivées. La résolution est satisfaisante, les contrastes équilibrés, un peu moins fermes dans quelques plans en intérieur, et le contrôle du bruit respecte le léger grain du 35 mm.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1, très propre lui aussi, assure la clarté des dialogues. La dynamique et l’ouverture de la bande passante donnent une bonne présence à l’ambiance, mais avec une sensation d’immersion limitée par une sollicitation trop timide des canaux latéraux qui profitent surtout à l’accompagnement délivré avec finesse.

Ces observations valent généralement pour le doublage en français. Mais, avec une dynamique moindre, il place un peu trop en avant des dialogues pas toujours naturels et estompe certaines particularités des personnages, notamment la position sociale de Wilson, trahie par son accent cockney.

Crédits images : © Artisan Entertainment

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 21 janvier 2021
Son montage inspiré, l’interprétation vibrante de Terence Stamp et une photo remarquable font de L’Anglais une œuvre marquante de la filmographie de Steven Soderbergh. Introuvable depuis longtemps, le film nous revient pour la première fois en haute définition après restauration 4K dans une édition enrichie de bonus exclusifs.

Lire les avis »

Multimédia
L'Anglais
Bande-annonce VO

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)