La Femme et le pantin (1929) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Jacques de Baroncelli
Avec Conchita Montenegro, Raymond Destac et Henri Lévêque

Édité par Pathé

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Le 06/07/2021
Critique

Une des plus belles mises en images du roman sulfureux de Pierre Louÿs, inédite en vidéo, maintenant disponible et fraîchement restaurée.

La Femme et le pantin

Don Mateo Diaz, un riche Sévillan, vient au secours de la jeune Conchita Peréz, agressée par une Gitane. Peu après, la jeune femme laisse espérer à son sauveur qu’elle n’est pas indifférente au désir qu’elle lui a inspiré. Mais, au moment où il va l’embrasser, elle s’enfuit, prétendant qu’il ne l’aime pas…

La Femme et le pantin est l’adaptation faite par Jacques de Baroncelli, pour son dernier film muet, bien accueilli en 1929 par la presse et le public, du roman éponyme, inspiré en 1898 à Pierre Louÿs par les Mémoires de Giacomo Casanova.

Le thème de la jeune femme attisant la passion d’un homme pour mieux se jouer de lui a été illustré par de nombreux cinéastes, notamment par Josef von Sternberg dans deux de ses sept films avec Marlene Dietrich, L’Ange bleu (Der blaue Engel, 1930), une adaptation du roman Professor Unrat oder Das Ende eines Tyrannen, publié par Heinrich Mann en 1905, et La Femme et le pantin (The Devil Is a Woman, 1935). Sa lecture du roman de Pierre Louÿs sera surpassée par celle qu’en fera Luis Buñuel en 1977, pour son dernier film, Cet obscur objet du désir, avec la contribution de Jean-Claude Carrière à l’écriture du scénario et la brillante idée de deux actrices pour incarner Conchita, Angela Molina et Carole Bouquet, révélée par ce rôle. À quand une réédition de ce chef-d’oeuvre, le Blu-ray sorti en 2013 par Studiocanal étant épuisé ?

La Femme et le pantin avait été adapté pour la première fois en 1920, aux USA, par Reginald Barker sous le titre The Woman and the Puppet, puis en Égypte, en 1946, par Waliyyuddin Sameh, sous le titre Libat el-Sitt, en 1958, par Julien Duvivier, sous le titre La Femme et le pantin, avec Brigitte Bardot (que Pathé vient de rééditer). Mieux vaut oublier les deux autres tentatives, deux téléfilms, réalisés, l’un par Mario Camus en 1992, avec Maribel Verdú et Pierre Arditi, sous le titre La Femme et le pantin, et l’autre par Alain Schwartzstein en 2007, avec Mélissa Djaouzi et Roger Hanin.

La Femme et le pantin de Jacques de Baroncelli ne peut détrôner l’adaptation de Luis Buñuel. Mais elle peut rivaliser avec celle de Josef von Sternberg grâce à d’indéniables mérites : la beauté de la photographie de Louis Chaix, chef-opérateur, entre 1919 et 1933, de 21 films de Julien Duvivier, et l’inspiration d’un de ses directeurs artistiques attitrés, Robert Gys, créateur de l’étrange décor de la chambre de Don Mateo. Difficile de rester insensible à la composition des cadres, à la beauté des éclairages et de n’être pas surpris par l’inventivité de certains plans, analysée par Philippe Roger dans un des suppléments de cette édition.

Don Mateo est interprété par Raymond Destac. Surtout investi dans le théâtre, il choisira pour l’écran, à partir de 1936, le pseudonyme de Tristan Sévère, collant étrangement à sa composition triste et sévère du personnage. C’est Conchita Montenegro, mannequin et danseuse de flamenco de 18 ans, qui interprète… Conchita. Après une trentaine de films, tournés surtout en Espagne et en Italie, et quelques-uns aux USA, comme The Cisco Kid (Irving Cummings, 1931), elle tirera sa révérence en 1944 avec le rôle-titre du Lola Montes réalisé par Antonio Román.

La Femme et le pantin de Jacques de Baroncelli, encore introuvable en vidéo, va enfin pouvoir être découvert par les cinéphiles. Une lacune en moins dans l’offre du cinéma français de patrimoine, depuis l’apparition du disque optique, il y a 24 ans.

La Femme et le pantin

Présentation - 3,5 / 5

La Femme et le pantin (115 minutes) et ses suppléments (46 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film avec, pour l’accompagnement musical, le choix entre deux formats, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0.

Piste d’audiodescription DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Sous-titres pour malentendants et sous-titres anglais.

Bonus - 4,0 / 5

Géométrie des corps (32’, Pathé Films, 2021), un entretien avec Philippe Roger, maître de conférences en études cinématographiques, et Bernard Bastide, historien du cinéma. Après des débuts dans le journalisme, Jacques de Baroncelli crée sa société de production et réalise 85 films, de 1915 jusqu’à sa mort en 1951, parmi lesquels se distinguent du Niger (1940) et La Duchesse de Langeais (1942). Des films pour le grand public « d’un style classique, élégant, mais jamais conventionnel » avec des « trouvailles visuelles ». Il fut l’auteur de nombreuses adaptations littéraires et de romans populaires, comme Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, en 1943, et du Rocambole de Ponson du Terrail, en 1947, ainsi que de récits de faits héroïques. Ses films sont souvent tournés en décors naturels, La Femme et le pantin aux Studios de Boulogne-Billancourt, mais aussi à Séville et Cadix. Le film s’ouvre et se clôt sur l’animation d’une toile de Goya, Le Pantin, qui ornait l’édition originale du roman de Pierre Louÿs auquel le scénario est assez fidèle. La lumière, les décors, une utilisation de l’espace plaçant souvent Conchita au-dessus de Don Mateo, des plongées verticales et de nombreuses « trouvailles visuelles » démontrent l’originalité et l’élégance de l’écriture filmique de Jacques de Baroncelli. Oublié, comme la plupart des films muets, La Femme et le pantin fut redécouvert en 1994, après une première restauration par La Cinémathèque Française.

La musique de La femme et le pantin (19’, Pathé Films, 2021). Günter A. Buchwald, accompagnateur au piano de films muets, compositeur, auteur de la nouvelle partition, Jean-Louis Sajot, clarinettiste et fondateur de L’Octuor de France, dirigé par Günter A. Buchwald, et Léon Rousseau, ingénieur du son, évoquent l’enregistrement de la partition, le choix des passages à retenir parmi la douzaine d’heures de rushes, leur « assemblage » avec l’image.

Actualités de l’époque : la semaine sainte à Séville (5’, 1924, 1.33:1, teinté, non sonorisé). Un reportage Pathé Revue.

La Femme et le pantin

Image - 5,0 / 5

L’image (1.33:1, 1080p, AVC), après une exemplaire restauration 4K pour la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, opérée en 2020 par L’Immagine Ritrovata à Paris et Bologne, d’après un négatif original nitrate, stabilisée, débarrassée de toute trace de dégradation de la pellicule, avec un parfait respect du grain argentique, offre des blancs lumineux, des noirs denses et un irréprochable étalonnage des niveaux de gris.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (une alternative 2.0 est proposée), avec une large ouverture de la bande passante et une bonne dynamique, met en valeur l’harmonie avec l’image du nouvel accompagnement musical composé et dirigé par Günter A. Buchwald. Mais la faible séparation des canaux centre l’image sonore sur le plan frontal et rend indécelable l’apport du format 5.1.

Crédits images : © Roger Forster - Droits réservés

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 6 juillet 2021
Pour la beauté de sa photographie, de ses décors, l’élégance de sa mise en scène, ce film majeur de Jacques de Baroncelli est la plus réussie des adaptations du fameux roman de Pierre Louÿs, après celle qu’en fera, presque cinquante ans plus tard, Luis Buñuel pour son dernier film, Cet obscur objet du désir.

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