La Femme et le pantin (1958) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Julien Duvivier
Avec Brigitte Bardot, Antonio Vilar et Lila Kedrova

Édité par Pathé

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 06/07/2021
Critique

Cette variation en couleurs et CinemaScope sur le roman de Pierre Louÿs sort avec celle, tournée 30 ans plus tôt, par Jacques de Baroncelli.

La Femme et le pantin

L’écrivain Stanislas Marchand s’est réfugié à Séville, dans l’Espagne franquiste, pour échapper à la justice française après qu’il ait dénoncé un résistant. Sa fille Eva, 18 ans, danseuse de fandango, attire, pendant la féria, l’attention de Don Matteo Dias, un riche éleveur de taureaux de combat, marié à une infirme qui tolère ses infidélités. Eva, aguiche Don Matteo mais, soucieuse de préserver sa virginité jusqu’à son mariage, le repousse à plusieurs reprises au dernier moment, attisant ainsi son désir…

La Femme et le pantin est l’adaptation faite par Julien Duvivier, pour son premier film en couleurs et sur écran large, du roman éponyme, inspiré en 1898 à Pierre Louÿs par les Mémoires de Giacomo Casanova et, peut-être, par sa liaison avec Marie de Régnier. Julien Duvivier, dans le scénario, coécrit par Albert Valentin, prend d’assez grandes libertés avec le très court roman en ajoutant des personnages et en changeant la fin.

La Femme et le pantin est un film de commande de la productrice Christine Gouze-Rénal qui tenta un coup de poker avec l’espoir de réitérer le succès commercial de Et Dieu… créa la femme, sorti deux ans plus tôt, avec Brigitte Bardot dans un autre rôle sensuel, appâtée par un cachet de 39 millions de francs, plus de six fois celui d’Antonio Vilar, l’interprète de Don Matteo ! Un pari sanctionné par un double échec, critique et commercial.

Le plus célèbre roman de Pierre Louÿs a été plusieurs fois porté à l’écran, d’abord en 1920, aux USA, par Reginald Barker sous le titre The Woman and the Puppet, puis en Égypte, en 1946, par Waliyyuddin Sameh, sous le titre Libat el-Sitt. Mieux vaut oublier les deux autres tentatives, deux téléfilms réalisés, l’un par Mario Camus en 1992, avec Maribel Verdú et Pierre Arditi, sous le titre La Femme et le pantin, et l’autre par Alain Schwartzstein en 2007, avec Mélissa Djaouzi et Roger Hanin.

Trois adaptations ont résisté à l’usure du temps, dont celle de Jacques de Baroncelli, en 1929, La Femme et le pantin, avec dans le rôle de Conchita tenue par une inconnue, Conchita de Montenegro, une danseuse de 18 ans, et celle de Josef von Sternberg, avec Marlene Dietrich, La Femme et le pantin (The Devil Is a Woman, 1935).

Mais aucune des deux n’égalera la lecture qu’en fera Luis Buñuel en 1977, pour son dernier film, Cet obscur objet du désir, avec la contribution de Jean-Claude Carrière à l’écriture du scénario et la brillante idée de deux actrices pour incarner Conchita, Angela Molina et Carole Bouquet, révélée par ce rôle. À quand une réédition de ce chef-d’oeuvre, le Blu-ray sorti en 2013 par Studiocanal étant épuisé ?

Elle sourit avec ses jambes

Cette remarque d’un passant de la féria, probablement due à Marvel Achard, auteur des dialogues, vise Eva. Mais elle pourrait aussi qualifier le jeu inexpressif de Brigitte Bardot, que ne relève pas celui de l’acteur portugais Antonio Vilar, sous le traditionnel chapeau andalou de Don Matteo. La distribution est l’évident point faible du film.

Un étonnant jeu avec le cadre et les couleurs

Si La Femme et le pantin n’est certainement pas un film majeur de Julien Duvivier - il disait le détester -, il révèle notamment, avec la contribution de Roger Hubert qui fut son chef-opérateur pour trois autres films, sa surprenante utilisation du cadre du CinemaScope et son apparente jubilation à jouer, pour la première fois, avec les couleurs. Philippe Roger, dans le supplément de l’édition, met brillamment en lumière ces atouts de l’oeuvre, avec des extraits du film.

Pathé a donc eu une bonne idée de proposer deux lectures si différentes du roman de Pierre Louÿs en éditant simultanément celle, d’un niveau supérieur, qu’en fit, trente ans plus tôt, Jacques de Baroncelli dans La Femme et le pantin.

La Femme et le pantin

Présentation - 3,5 / 5

La Femme et le pantin (102 minutes) et ses suppléments (49 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9 dans un boîtier glissé dans un fourreau, non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono. Les sous-titres des dialogues en castillan sont optionnels.

Piste d’audiodescription DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Sous-titres pour malentendants et sous-titres anglais.

Bonus - 4,0 / 5

Apologie de la verticalité (46’, Pathé Films, 2021), un entretien avec Philippe Roger, maître de conférences en études cinématographiques, et Charles Ficat, écrivain et éditeur. Bien qu’il soit vu par certains comme un technicien, un « faiseur », Julien Duvivier est un « cinéaste majeur », réalisateur, de 1919 à sa mort, en 1967, de près de 70 films, celui lui tenant le plus à coeur étant Le Paquebot Tenacity (1924), alors qu’il méprisait La Femme et le pantin, une commande de la productrice Christine Gouze-Rénal, rejetée par Luis Buñuel, opposé à donner à Brigitte Bardot le rôle d’Eva. Pierre Louÿs, ami d’André Gide et de Paul Valéry, fut une des grandes figures de la vie littéraire du Paris de la fin du XIXème siècle, un auteur prolifique dont beaucoup d’écrits, certains sulfureux, sont restés inédits : Deux filles et leur père n’a été édité qu’en 2019. La Femme et le pantin, sous-titré Un roman espagnol, « une tragédie en plein soleil, aux frontières du sadisme », fut un grand succès de librairie. Julien Duvivier biaise avec la commande en inventant une dizaine de personnages secondaires, des « déclassés », familiers de son oeuvre. Bien qu’on lui ait imposé la couleur et le format du CinémaScope, il réalise un film abstrait fait de « lignes verticales et horizontales et de couleurs chaudes ». Philippe Roger voit, lui aussi, Cet obscur objet du désir comme la plus belle adaptation du roman, avec la bonne idée de faire jouer Conchita par deux débutantes.

Actualité de l’époque : On tourne La Femme et le pantin (30 », Pathé Films, 1958). Le prétendu tournage est, en réalité, le cocktail arrosant la sortie du film.

Bande-annonce restaurée (3’).

La Femme et le pantin

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), après restauration 4K opérée par L’Immagine Ritrovata à Paris et Bologne, à partir d’un interpositif de première génération, le négatif original étant trop dégradé, très propre, stable, finement résolue, met en valeur le jeu de Julien Duvivier avec une chaude palette de couleurs, dominée par le rouge et le jaune, avec quelques occasionnels excès de saturation qui auraient pu être corrigés à l’étalonnage. Le grain, du 35 mm, scrupuleusement épargné et suffisamment discret, se révèle occasionnellement plus présent : le prix à payer pour l’utilisation d’une copie pour source.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, lui aussi très propre, sans souffle, malgré une dynamique un peu limitée, restitue clairement les dialogues, dans un bon équilibre avec l’ambiance et l’accompagnement musical de Jean Wiener José Rocca.

Crédits images : © Droits réservés

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

3,5
5
0
4
1
3
1
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 6 juillet 2021
Surpassée par trois autres adaptations du roman de Pierre Louÿs, la lecture qu’en fait Julien Duvivier permet de mesurer l’aisance avec laquelle il a, pour la première fois sommé de quitter le noir et blanc et le ratio 1.33:1, su tirer, avec inventivité, le meilleur parti de la couleur et de l’écran large.
Avatar
josep
Le 3 mars 2006
Pas de commentaire.

Lire les avis »

Multimédia
La Femme et le pantin
Bande-annonce VF

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)