Umberto D. (1952) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Vittorio De Sica
Avec Carlo Battisti, Maria-Pia Casilio et Lina Gennari

Édité par Carlotta Films

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Le 17/11/2021
Critique

Quelques moments de la vie de deux laissés pour compte dans l’Italie de l’après-guerre et un des chefs-d’oeuvre du néoréalisme.

Umberto D.

Fonctionnaire à la retraite, Umberto ne parvient plus à subvenir à ses besoins. N’ayant pour seul refuge qu’une pension en piteux état, le vieil homme occupe ses journées à trouver de quoi manger avec pour seul compagnon son chien Flike… Lorsque sa propriétaire menace de l’expulser, Umberto se lie d’amitié avec une jeune femme de chambre…

Umberto D., sorti en 1952, est l’un des quatre films, tous importants, de la période néoréaliste de Vittorio De Sica avec Sciuscià (1946), Le Voleur de bicyclette (Ladri di biciclette, 1948), tous deux salués par l’Oscar du meilleur film étranger, et Miracle à Milan (Miracolo a Milano, 1951) récompensé à Cannes par le Grand prix, l’ancêtre de la Palme d’or. Acteur célèbre, il s’était parallèlement engagé dans la réalisation dès le début des années 40.

Umberto D. et ces trois autres films ont en commun un scénario écrit ou coécrit par Cesare Zavattini, le « pape du néoréalisme », une approche du cinéma qu’André Bazin avait étiquetée « cinéma de la libération ». Une libération du fascisme et des conventions du Cinema dei telefoni bianchi avec ses comédies promouvant l’image d’une société sans problèmes.

Umberto D.

Cette définition sommaire du néoréalisme s’applique à Umberto D.. Le film, tourné en décors réels, montre des gens ordinaires, interprétés par des non-professionnels, confrontés aux dures conditions de vie de l’après-guerre et se situe à mi-chemin entre fiction et documentaire.

Anche i viecchi devono mangiare! Aumentate le pensioni!

La caméra découvre Umberto Domenico Ferrari, petit fonctionnaire retraité, noyé au milieu d’un défilé d’hommes âgés brandissant, devant l’indifférence générale, des pancartes demandant l’augmentation des pensions de retraite parce que « les vieux aussi doivent manger ». La location de la petite chambre d’Umberto ampute d’une grosse moitié sa retraite : les arriérés de loyer s’accumulent et il doit partager les repas de la soupe populaire avec son chien Flike.

La caméra suit, dans la chambre qu’il loue et dans les rues de Rome, à l’écart des lieux touristiques (à l’exception du Panthéon), Umberto, joué par Carlo Battisti, un professeur de linguistique de Florence âgé de 70 ans qu’on ne reverra jamais plus sur les écrans. Le second personnage, celui de Maria, la bonne de la pension, est aussi dans une situation désespérée : enceinte, sans savoir lequel de ses deux amoureux, des soldats de la caserne d’en face, est le père. Le rôle est aussi tenu par une débutante, Maria Pia Casilio, 17 ans, qu’on reverra dans une trentaine de films en huit ans, avant qu’elle ne se retire une fois mariée à Giuseppe Rinaldi, célèbre en Italie pour avoir doublé plus de 300 films.

Umberto D., important témoin du néoréalisme, nous est, pour la première fois, proposé en haute définition, avec deux très utiles compléments propres à cette édition.

Umberto D.

Présentation - 2,5 / 5

Umberto D. (89 minutes) et ses suppléments (58 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier, glissé dans un fourreau.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en italien, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Une édition DVD propose le même contenu.

Le film a été restauré pour Cinema Forever (Gruppo Mediaset), chez Studio Cine Videorecording, sous la supervision de Manuel De Sica, fils du réalisateur et compositeur.

Bonus - 5,0 / 5

Deux suppléments exclusifs produits par Allerton Films et Carlotta Films en 2021 :

Présentation du film par avec Jean A. Gili (29’), auteur de plusieurs ouvrages, dont Le Cinéma italien (La Martinière, 2011). Réalisateur relégué dans une dimension patrimoniale, auquel Martin Scorsese attribue un rôle important, Vittorio De Sica fut un des grands cinéastes du néoréalisme qui prit fin en 1952. Les films qu’il réalisa de 1946 à 1952 ont tous une forte dimension sociale, exacerbée dans Umberto D.. Carlo Battisti, que le réalisateur avait rencontré fortuitement à Rome, raconte dans son livre Come divenni Umberto D. (Edizioni della cineteca scolastica, 1955) que Vittorio De Sica donnait aux acteurs des informations précises sur les personnages, mais leur laissait une certaine liberté d’interprétation. Umberto D. est un film très noir au « final totalement irréaliste » qui ne laisse entrevoir aucune issue à la détresse du personnage principal, ce qui valut au réalisateur une lettre de Giulio Andreotti, alors sous-secrétaire d’état à la présidence du conseil des ministres dans le gouvernement De Gasperi, lui reprochant sa vision trop noire de l’Italie. Une intervention gouvernementale auprès du festival de Cannes priva le film de la Palme d’or qui avait, l’année précédente, récompensé Miracle à Milan.

Seuls au monde : analyse de Jean-Baptiste Thoret (25’). « Dans l’Italie d’après-guerre, la solidarité est un espoir immédiatement déçu. » Tel est le message du film, révélé dès son début, par les plans suivant la dispersion de la manifestation, qui formera « toute l’ossature d’un film (…) sur la solitude et l’indifférence (…) diffusant une violence douce ». « Umberto D. incarne une réalité qui, une fois dévoilée, provoque le vide autour d’elle (…) et aussi la faiblesse », deux thèmes qu’illustraient déjà les trois films précédents de Vittorio De Sica, Les Enfants nous regardent (I Bambini ci guardano, 1944), Le Voleur de bicyclette et Miracle à Milan, marqués par l’influence de Cesare Zavattini, le théoricien du néoréalisme. Ils « représentent quelques moments de la vie d’un homme ou d’une femme pendant lesquels il ne se passe rien (…), lorsqu’aucun coup de force scénaristique (…) ne vient perturber le cours des choses. » On sent aussi l’influence de Charles Chaplin. Une remarquable analyse du film lue par Jean-Baptiste Thoret en contrepoint d’extraits du film judicieusement sélectionnés.

Bande-annonce originale (3’45”) s’ouvrant sur un court extrait de Sciuscià, Le Voleur de bicyclette et Miracle à Milan.

Umberto D.

Image - 4,0 / 5

L’image (1080p, AVC) respecte le format original 1.37:1 aussi scrupuleusement que possible en faisant apparaître, sans le léger zoom habituel, les coins arrondis du cadre. Dans son ensemble plutôt agréable, assez propre, bien contrastée, elle est occasionnellement affectée par quelques sauts d’image (autour de 42’), par une légère instabilité du cadre et par une instabilité lumineuse, notamment vers 64’.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, soigneusement débarrassé des bruits parasites résultant d’une dégradation de la pellicule, presque sans souffle, avec une bande passante inévitablement étroite, restitue clairement les dialogues, mais donne à l’ambiance et à l’accompagnement musical un timbre occasionnellement strident dans les passages au volume sonore élevé.

Crédits images : © 1952 RTI. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 18 novembre 2021
Umberto D., important témoin du néoréalisme, une évocation par Vittorio De Sica, en décors réels, avec des acteurs non-professionnels, des dures conditions de vie de l’après-guerre en Italie, nous est, pour la première fois, proposé en haute définition, avec deux très utiles compléments propres à cette édition.

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