La Grande horloge (1948) : le test complet du Blu-ray

The Big Clock

Réalisé par John Farrow
Avec Ray Milland, Charles Laughton et Maureen O'Sullivan

Édité par Elephant Films

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 21/09/2021
Critique

Injustement méconnu, ce film de John Farrow tient pourtant une place honorable dans le genre du Film noir.

La Grande Horloge

George Stroud, marié et père de famille, rédacteur en chef de Crime Magazine, titre phare des éditions du magnat de la presse Earl Janoth, est chargé de découvrir l’auteur du meurtre de Pauline York, la maîtresse de son patron. Mais la méthode logique qu’il a mise au point pour démasquer les coupables le désigne comme le meurtrier…

La Grande horloge (The Big Clock), sorti en 1948, est le 28ème de la cinquantaine de films réalisés, de 1936 à 1959, par John Farrow, le père de Mia Farrow, l’une des sept enfants qu’il a eus avec Maureen O’Sullivan. Après s’être fait connaître à Hollywood par l’écriture de scénarios, il s’est ensuite engagé sur la voie de réalisation, tout en continuant de contribuer à l’écriture de quatre films, dont Le Tour du monde en 80 jours (Around the World in 80 Days) réalisé par Michael Anderson en 1956 et qui lui vaudra l’Oscar du meilleur scénario, partagé avec James Poe et S.J. Perelman.

La Grande horloge est la première des trois adaptations du roman The Big Clock, publié en 1946, par le poète et journaliste Kenneth Fearing. Il inspirera deux autres films, d’abord une adaptation très distante, Police Python 357 (Alain Corneau, 1976), puis Sens unique (No Way Out, Roger Donaldson, 1987). La Grande horloge est aussi le premier des dix films que John Farrow réalisera sur des scénarios écrits par Jonathan Latimer.

John Farrow a touché à tous les genres, mais a surtout laissé son empreinte dans le western, avec deux films sortis en 1953, Vaquero (Ride, Vaquero!) et Hondo. Il a, néanmoins, fait bonne figure dans le genre du Film noir.

La Grande Horloge

La Grande horloge est une des trois réalisations, toutes honorables, avec lesquelles John Farrow s’est illustré dans ce genre, en deux ans, sur des scénarios de Jonathan Latimer, avec Les Yeux de la nuit (Night Has a Thousand Eyes, 1948), puis Un pacte avec le diable (Alias Nick Beal, 1949), tous deux récemment sortis en vidéo.

La Grande horloge, comme les deux autres films, respectueux les canons du Film noir, s’appuie sur scénario particulièrement bien construit. Bien que l’identité du meurtrier soit révélée au bout d’une demi-heure, le suspense, constamment soutenu, est relancé par quelques rebondissements habilement amenés.

Le film doit aussi beaucoup à la photographie de John F. Seitz, sept fois nommé aux Oscars, employé par les plus grands réalisateurs, chef opérateur de plusieurs films de de Billy Wilder, dont Les Cinq secrets du désert (Five Graves to Cairo, 1943) et deux chefs-d’oeuvre que sont Assurance sur la mort (Double Indemnity, 1944) et Boulevard du crépuscule (Sunset Blvd. (, 1950).

Un autre atour majeur tient à la distribution. Ray Milland, Oscar du meilleur premier rôle et Prix d’interprétation masculine à Cannes pour Le Poison (The Lost Weekend, Billy Wilder, 1945), tient là un de ses meilleurs rôles, secondé par Maureen O’Sullivan, l’inoubliable Jane de Tarzan l’homme singe (Tarzan the Ape Man, W.S. Van Dyke, 1932). Il est, ici, confronté au couple mythique formé par Charles Laughton et Elsa Lanchester.

Voilà plus de raisons qu’il n’en fallait pour saluer la réédition de La Grande horloge qui nous revient après restauration, pour la première fois en haute définition, et accompagné de bonus exclusifs.

La Grande Horloge

Présentation - 3,0 / 5

La Grande horloge (95 minutes) et ses suppléments (25 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu fixe et musical, aux couleurs de l’estimable Collection Cinéma MasterClass lancée par Elephant Films il y a une dizaine d’années, propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master audio 2.0 mono.

Une édition combo Blu-ray +DVD et une édition DVD sont sorties simultanément, avec le même contenu.

Bonus - 3,5 / 5

Le film vu par Eddy Moine (13’). Paramount confie la production de La Grande horloge à Richard Maibaum, le futur scénariste de James Bond 007 contre Dr. No et d’autres aventures de l’agent 007. Jonathan Latimer, l’auteur du scénario, modifie la structure du roman dans lequel chaque chapitre était raconté par un personnage différent. Charles Laughton, Ray Milland et Maureen O’Sullivan avaient déjà joué ensemble dans Payment Differred (Lothar Mendes, 1932). Eddy Moine évoque l’immense décor construit à la demande de John Farrow, le travail sur les éclairages et la photographie de John F. Seitz, la méthode de travail de John Farrow imposant des répétitions sur le plateau pour n’avoir à faire qu’une seule prise. Il passe ensuite rapidement en revue son oeuvre, une cinquantaine de films, de Men in Exile, en 1937, à John Paul Jones, en 1959. Sous contrat avec Paramount, il obtint des gros budgets pour cinq films avec Alan Ladd, et put s’essayer à tous les genres. La Grande horloge reçut un assez bon accueil du public et de la critique malgré la concurrence avec d’autres films noirs comme Marché de brutes (Raw Deal, Anthony Mann), La Cité sans voiles (The Naked City, Jules Dassin) et Les Amants de la nuit (They Live by Night, Nicholas Ray).

Entretien avec Stéphane Du Mesnildot (10’). Le « développement du concept du temps (…) jusqu’à l’arme du crime, un cadran solaire (…) et à l’obsession d’Earl Janoth, une sorte de Cronos » fait l’originalité de La Grande horloge. Stéphane Du Mesnildot compare les scénarios des trois adaptations du roman, assez différents mais ayant en commun « un personnage principal qui mène une enquête contre lui-même ».

Bande-annonce (2’).

Dans la même collection : les bandes-annonces de trois films noirs récemment édités : La Clé de verre (The Glass Key, Stuart Heisler, 1942), Les Mains qui tuent (Phantom Lady, Robert Siodmak, 1944) et Les Yeux de la nuit (Night Has a Thousand Eyes, 1948), un autre film de John Farrow.

La Grande Horloge

Image - 3,5 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), après la restauration opérée pour l’édition Arrow sortie aux USA en mai 2019, apparaît assez propre bien qu’on puisse détecter, çà et là, quelques petites taches ou griffures et un occasionnel scintillement. Ces petits défauts ont subsisté à une cure de rajeunissement qui a, fort heureusement, préservé le grain argentique. Entre des blancs lumineux et des noirs denses s’installe un agréable dégradé de gris, parfois légèrement perturbé par des contrastes exagérés.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, un peu étouffé, avec une bande passante étroite, restitue pourtant clairement les dialogues, peu affectés par un souffle assez régulier pour se faire presqu’oublier. La partition originale de Victor Young (L’Homme tranquille /The Quiet Man, John Ford, 1952, Le Tour du monde en 80 jours / Around the World in 80 Days, Michael Anderson, 1956), souffre de saturations dans les passages forte.

Crédits images : © Paramount Pictures

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 22 septembre 2021
Un scénario diabolique, une photographie inspirée et une distribution exceptionnelle, avec Ray Milland, Charles Laughton et Elsa Lanchester, font de ce film noir une des réussites de John Farrow.

Lire les avis »

Multimédia
La Grande horloge
Bande-annonce VOST

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)