Le Riche et le pauvre - L'intégrale (1976) : le test complet du Blu-ray

Rich Man, Poor Man

Version Restaurée

Réalisé par David Greene (I)
Avec Peter Strauss, Nick Nolte et Susan Blakely

Édité par Elephant Films

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Le 08/02/2022
Critique

Un frère réalise son rêve américain, l’autre ne s’intègre pas dans le système. Les deux vont devoir affronter de dures épreuves.

Le Riche et le pauvre - L'intégrale

À Port Phillip, État de New York, le soir du 8 mai 1945, on célèbre la capitulation de l’Allemagne qui sonna la fin de la guerre en Europe. C’est là qu’Axel Jordache, un boulanger venu d’Allemagne, vit avec son épouse Mary. Rudy, un de leurs fils, en terminale du lycée, ambitieux, veut poursuivre ses études à l’université, tandis que l’autre, Tom, rêve de devenir boxeur. On suivra leur parcours jusqu’à la fin des années 60, juste avant l’arrivée à la Maison Blanche de Richard Nixon.

Le Riche et le pauvre (Rich Man, Poor Man), une minisérie de 12 épisodes produite par Universal, diffusée par ABC à partir du 1er février 1976, est l’adaptation du bestseller publié en 1969 par Irwin Shaw, révélé en 1948 par son premier roman, qu’Edward Dmytryk transposera pour le grand écran en 1958 : Le Bal des maudits (The Young Lions). Le succès du roman et de la minisérie suscita une suite : l’écrivain publia en 1976 Beggarman, Thief, qui inspira aussitôt Rich Man, Poor Man - Book II, série de 22 épisodes diffusée à partir de septembre 1976 par ABC, puis en France, sous le titre Le Riche et le pauvre - Les héritiers - Saison 2.

Le Riche et le pauvre suit les parcours divergents des deux frères, celui, chaotique, de Tom, et la brillante réussite de Rudy dans les affaires, puis dans la politique, ce qui l’exposera, lui aussi, à plusieurs épreuves.

Le Riche et le pauvre - L'intégrale

Les moyens investis ont permis une reconstitution convaincante de l’Amérique de l’après-guerre jusqu’au milieu des années 60 dans la première partie, de l’année 1968 dans la seconde, l’intégration d’un nombre important de personnages secondaires et le tournage de scènes en décors réels ou en extérieur, à Washington, New York, New Orleans, Dallas… (une gaffe à l’épisode 9 du livre I qui montre, en 1962, les Twin Towers… onze ans avant leur construction !) La durée circonscrite de la minisérie facilita le recrutement dans la distribution de Le Riche et le pauvre - Saison 1 d’acteurs de cinéma renommés, Ray Milland, Dorothy Malone, Gloria Grahame, Ed Asner, Van Johnson, Bill Bixby, le futur Dr. David Banner de L’Incroyable Hulk (The Incredible Hulk, 1977-1982, 82 épisodes)… et de booster la renommée des deux acteurs principaux encore peu connus, Peter Strauss, nommé aux Primetime Emmy Awards pour le rôle de Rudy et vu, à ce jour, près de 90 fois, essentiellement à la télévision, et propulsé sur le grand écran Nick Nolte, lui aussi nommé aux Primetime Emmy Awards pour son interprétation de Tom.

N’oublions pas les vilains et leur fonction capitale : maintenir le téléspectateur en haleine. Le premier, Falconetti, une brute vicieuse, doublée d’un assassin, est interprété par William Smith qui s’est spécialisé dans la vilenie dans la plupart des 276 rôles qu’il a tenus. L’autre, un criminel en col blanc, le sénateur Charles Estep, est joué par Peter Haskell, vu surtout sur le petit écran, mais aussi sur le grand, notamment dans deux volets de la saga Chucky (Child’s Play), Chucky, la poupée de sang (Child’s Play, John Lafia, 1990) et Chucky 3 (Child’s Play 3, Jack Bender, 1991).

Le Riche et le pauvre, en associant mélodrame, thriller, action, réussit à soutenir la tension dramatique, avec des rebondissements, des moments de suspense et des cliffhangers à la fin des épisodes. Elle propose, en arrière-plan, quelques furtifs repères historiques.

Elle nous arrive, après restauration, pour la première fois en haute définition, en exclusivité mondiale.

Le Riche et le pauvre - L'intégrale

Présentation - 4,0 / 5

Le Riche et le pauvre (1632 minutes, soit 27h12) tient sur huit Blu-ray-50 logés dans un coffret non fourni pour le test.

Un menu animé et musical propose les épisodes dans leur version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

À l’intérieur du coffret, un livret de 52 pages, est, comme la série, divisé en deux parties. La première, Le Riche et le pauvre en coulisses, rédigée par Emmanuel Francq (Le Quotidien du Cinéma), après une brève présentation de la minisérie, des moyens investis, passe en revue sa distribution, les jeunes acteurs, Peter Strauss, Nick Nolte et Susan Blakely, l’interprète de Julie, personnage tourmenté, et n’oublie pas William Smith, indispensable élément de « l’éternelle lutte du bien contre le mal », thème majeur d’une « mini-série valant absolument le détour ». La seconde partie, Le Riche et le pauvre, saison 2, sous la plume de Thierry Le Peut (Le Quotidien du Cinéma, lui aussi), salue une suite « s’éloignant du format de la mini-série pour s’orienter vers le soap opera », l’entrée d’acteurs incarnant la génération suivante, celle des « héritiers » : Gregg Henry et James Carroll Jordan, côté garçons, pour les personnages de Wesley Jordache et Billy Abbott, Kay Lenz, Penny Peyser, Kimberly Beck et Cassie Yates, côté filles, dans les rôles respectifs de Kate Jordache, Ramona, la fille du syndicaliste Scotty, Diane Porter et Annie Adams. Il voit dans Le Riche et le pauvre - Livre2 « le chaînon manquant entre Peyton Place et Dallas » La saison 2, « ancrée dans un contexte historique » propose « un instantané de la société américaine de la fin des années 1960 (…), aborde des thèmes (…) du monde ouvrier et de la chasse aux sorcières (…) et des liens plus ou moins occultes qui existent entre politique et affaires », à l’aube des années Nixon. Le livret se referme sur un Guide des épisodes, illustré, avec un court synopsis, la distribution et l’équipe (scénariste et réalisateur), et les dates de première diffusion aux USA et en France, par TF1.

Une édition DVD est sortie avec le même contenu.

Le Riche et le pauvre - L'intégrale

Bonus - 3,5 / 5

La grande histoire des miniséries par Alain Carrazé (19’, 2021, Elephant Films). Auteur de plusieurs ouvrages sur les séries télévisées, dont Les Grandes séries américaines de 1970 à nos jours (Huitième art, 1995), il souligne la forme innovante de Le Riche et le pauvre, une des premières miniséries déroulant une histoire complète dans un nombre prédéterminé d’épisodes pouvant durer jusqu’à une quinzaine d’heures (Dallas, à l’origine prévue pour 6 épisodes, en comptera cependant 356 !). La formule avait déjà été exploitée par The Blue Knight (1973), d’une durée de quatre heures, diffusée en quatre soirées consécutives, puis par QB VII (6h30, 1974), avec Ben Gazzara et Anthony Hopkins, 14 fois nommée et 7 fois primée aux Emmy Awards. Adaptées de grands romans, baptisées « novels for television », elles alignent de grands succès : Roots (1977) qui atteint un pic de 110 millions de téléspectateurs, Shogun (1980), Masada (1981), Les Oiseaux se cachent pour mourir (The Thorn Birds, 1983), Nord et Sud (North and South, 1985). NBC ouvrit une case dédiée aux miniséries avec Captains and the Kings (1976), L’Aigle et le vautour (Once an Eagle, 1976-1977), Seventh Avenue (1977), The Rhinemann Exchange (1977), Tant qu’il y aura des hommes (From Here to Eternity, 1979), Studs Lonigan (1979)… Elles attirèrent des stars : Rock Hudson dans Wheels (1978), Kirk Douglas dans Arthur Hailey’s The Money Changers (1976), Meryl Streep et James Woods dans Holocaust (1978), Marlon Brando dans Roots: The Next Generation, 1979), Robert Mitchum dans Le Souffle de la guerre (The Winds of War, 1983) et Les Orages de la guerre (War and Remembrance, 1988-1989), Robert Duvall et Tommy Lee Jones dans Lonesome Dove (1989) et, tout récemment, Nicole Kidman dans Big Little Lies (2017-2019). Colorado (Centennial, 1978) qui durait 26h30 et avait coûté 25 millions de dollars, comme War and Remembrance (avec un coût de 110 millions de dollars) connurent un échec commercial annonçant « le début de la fin » de la formule.

Le flambeau sera toutefois repris par HBO avec From the Earth to the Moon (1998), Band of Brothers (2001) et The Pacific (2010). La formule renaît sous l’appellation « limited series » avec The Pillars of the Earth (2010), ou, sous une variante, avec les anthologies déroulant une nouvelle histoire complète, avec de nouveaux personnages, à chaque saison, telles American Crime Story, Law & Order; True Crime, American Horror Story, True Detective

Bande-annonce du livre I (1’37”).

Dans la même collection, les bandes-annonces de trois autres miniséries éditées par Elephant Films : Barbara Hutton : Destin d’une milliardaire (Poor Little Rich Girl: The Barbara Hutton Story, Charles Jarrott, 1987), avec Farrah Fawcett dans le rôle-titre, Tanamera : Le lion de Singapour (Tanamera - Lion of Singapore, John Power, Kevin James Dobson, 1989, 7 épisodes) et Prince Noir (Black Beauty, Daniel Haller, 1978, 5 épisodes).

Le Riche et le pauvre - L'intégrale

Image - 4,5 / 5

L’image, au ratio 1.33:1, a été spectaculairement restaurée : un nettoyage poussé a éliminé toute marque de dégradation (une ligne rouge fugace a toutefois survécu à l’épisode 16 du livre II, à 5’7 »). L’effacement du grain surprend, mais sans qu’on ressente les effets néfastes d’un lissage excessif tendant parfois à estomper le modelé des visages. La palette du technicolor est fidèlement reproduite et bien étalonnée si l’on oublie une occasionnelle tendance des tons de peau à virer au rouge en basse lumière.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, très propre, assure un claire restitution des dialogues, légèrement affectés par un excès de réverbération à l’épisode 9, occasionnellement étouffés dans quelques scènes de l’épisode 11 et délivre finement l’accompagnement musical salué par un Primetime Emmy Award d’Alex North (Spartacus, Cleopatra).

Ce constat s’applique au doublage en français, souvent surjoué (Nick Nolte est doublé par Pierre Arditi).

Crédits images : © Universal TV

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 8 février 2022
Cette série qui battit des records d’audience dans les années 70, un mix de mélodrame, de thriller et d’action, avec rebondissements et suspense, nous revient, parfaitement restaurée, pour la première fois en haute définition... et en exclusivité mondiale !

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Le Riche et le pauvre - L'intégrale
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