Onoda - 10 000 nuits dans la jungle

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle (2021) : le test complet du Blu-ray

Blu-ray + DVD bonus

Réalisé par Arthur Harari
Avec Yuya Endo, Kanji Tsuda et Yuya Matsuura

Édité par Le Pacte

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Le 01/02/2022
Critique

L’invraisemblable aventure de soldats restés en guerre pendant près de 30 ans après la capitulation du Japon, racontée par un Français.

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle

Fin 1944. Le Japon est en train de perdre la guerre. Sur ordre du mystérieux Major Taniguchi, le jeune Hirô Onoda est envoyé sur une île des Philippines juste avant le débarquement américain. La poignée de soldats qu’il entraîne dans la jungle découvre bientôt la doctrine inconnue qui va les lier à cet homme : la Guerre Secrète. Pour l’Empire, la guerre est sur le point de finir. Pour Onoda, elle s’achèvera 10 000 nuits plus tard.

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle, sorti fin juillet 2021, est le deuxième long métrage de l’acteur, scénariste et réalisateur Arthur Harari, né à Paris en 1981, après Diamant noir, salué en 2016 par le Prix du meilleur premier film français du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des Films de Télévision. Il est aussi l’auteur de trois courts ou moyens métrages, Des jours dans la rue (2005), La Main sur la gueule (2007), distingué par le Prix de l’ADAMI et une Mention spéciale du jury au festival international du court métrage de Clermont-Ferrand en 2008, et Peine perdue (2013), tous les trois proposés en complément à la présente édition.

Arthur Harari est le fils de l’acteur Clément Harari, titulaire de seconds rôles dans 130 films ou téléfilms, tels La Nuit des espions (Robert Hossein, 1959) ou Nuits rouges (Georges Franju, 1974), et le frère du chef-opérateur Tom Harari et de l’acteur Lucas Harari qui ont contribué à la plupart de ses oeuvres, avec le monteur Laurent Sénéchal.

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle

Le choix de l’histoire du lieutenant Onoda par un réalisateur français a suscité l’étonnement, pas seulement au Japon. C’était pourtant une bonne idée : cette folle aventure, défi au bon sens, déni de toute logique, n’avait pratiquement pas été racontée sur les écrans, si ce n’est dans un épisode, intitulé The Last Kamikaze, diffusé en avril 1975, de la saison 2 de la série L’Homme qui valait trois milliards (The Six Million Dollar Man) et dans un court métrage américain Onoda’s War (Rhyme Lu, 2016).

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle cumule plusieurs thèmes forts, notamment celui de l’abandon, après la reddition de l’empire japonais, de soldats affectés hors de l’archipel, notamment aux Philippines, relaté par l’inoubliable Feux dans la plaine (Nobi, Kon Ichikawa, 1959) et par la troisième partie de l’impressionnante saga La Condition de l’homme (Ningen no joken, Masaki Kobayashi, 1959).

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle saisit également l’opportunité, habilement exploitée par le scénario, de mettre en avant l’ambiguïté du personnage principal, son entêtement à refuser la défaite, sa résistance, pendant près de trente ans, en dépit de son éducation, à tout raisonnement logique. On perçoit également son humanisme, traduit par l’entretien du souvenir de ses compagnons d’armes disparus, et sa froide cruauté envers les paysans philippins. Habilement, le film laisse au spectateur le soin de rechercher les possibles raisons de son comportement.

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle est sobrement mis en scène par Arthur Harari et photographié par son frère Tom Harari, dans un style délibérément classique, avec une bande-son achevée, toujours en résonnance avec l’image, avec, dans le rôle-titre, deux acteurs japonais, Kanji Tsuda et Yûya Endô, parfaitement dirigés. La musique, discrète, déroule trois thèmes musicaux inattendus (l’un supposé avoir été composé par Richard Coeur de Lion à la fin du XIIème siècle, un autre par Gluck, le troisième par Olivier Marguerit tiré de l’introduction de la symphonie Titan de Gustav Mahler).

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle immerge le spectateur dans la jungle où se terrent la poignée de soldats, l’emprisonne dans leur solitude, donne la mesure du temps qui s’éternise par la succession des moussons, par l’usure des uniformes qui doivent être plusieurs fois rapiécés.

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle, choisi pour l’ouverture de la section Un certain regard à Cannes en 2021, Grand prix du jury et Prix du meilleur scénario au festival du film européen de Séville, fait honneur au cinéma français et attise notre envie de voir la prochaine réalisation d’Arthur Harari.

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle

Présentation - 3,0 / 5

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle (167 minutes) et ses généreux suppléments (241 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD-9 logés dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check discs.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en japonais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Piste d’audiodescription au format DTS 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Bonus - 5,0 / 5

Sur le Blu-ray du film :

Des jours dans la rue, court métrage d’Arthur Harari (2005, 28’, 1.78:1, MPEG-2, DTS 2.0). Christian déambule dans les rues de Paris à la recherche d’un emploi de mécanicien ou, à défaut, d’homme de ménage. En vain. De guerre lasse, il téléphone à sa mère pour lui annoncer son retour…

Diaporama de douze projets d’affiches (1’).

Bande-annonce (2’).

Sur le DVD de bonus :

Retour sur la création d’Onoda (93’, PMA Film & Télévision), en trois modules :

L’image (25’). Arthur Harari, le chef-opérateur Tom Harari et l’assistant-réalisateur Benjamin Papin évoquent la longue préparation du tournage, la spectaculaire beauté des paysages du Cambodge, la photographie (cadrage des personnages, profondeur de champ…) influencée par le cinéma classique, la prédilection donnée aux plans longs, par choix esthétique et pour contenir le tournage dans le délai de 60 jours, le choix d’une palette chromatique visant à contrebalancer le vert de la jungle, le souci d’adoucir l’image numérique.

Le scénario (37’). Le réalisateur, Vincent Poymiro, le scénariste, et Laurent Sénéchal, le monteur, rappellent que la lecture de Joseph Conrad et de Robert Louis Stevenson a nourri l’envie d’un film d’aventure, d’une histoire « en résonnance avec les mythes d’Ulysse, Don Quichotte et Robinson Crusoé ». Ils ont tenu à faire d’Onoda « un personnage dans lequel on peut se projeter », à faire ressortir son ambiguïté et celle du major Taniguchi. L’ordre chronologique ne fonctionnant pas, l’enjeu majeur du montage fut d’assurer « l’articulation des étapes d’un récit » qui se déroule sur trente ans.

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle

La musique (31’). Arthur Harari, Andrea Poggio et Olivier Marguerit rappellent l’idée de départ : la musique devait soutenir la dimension universelle du récit. Inspiré de sources occidentales, elle devait se relier à la narration et à la temporalité du scénario, faire écho à la mentalité des personnages, être en équilibre avec les sons d’ambiance.

Bien qu’il eût gagné à être plus structuré et plus concis, ce document donne une vision approfondie du processus de création du film.

Conversation avec les acteurs (33’). Après un rappel de la genèse du film par Arthur Harari, les acteurs Endô Yûya (Hirô Onoda jeune) et Tsuda Kanji (Hirô Onoda âgé) rappellent leur surprise d’apprendre qu’un réalisateur français allait raconter l’histoire incroyable d’Onoda. Le parti pris fut de ne pas chercher à représenter trop fidèlement le personnage principal, d’éviter les clichés pour que les acteurs puissent lui donner « une présence absolue ».

Main sur la gueule, moyen métrage d’Arthur Harari (54’, Les Films du Dimanche, 2007, 1.85:1, MPEG-2, Dolby Digital 2.0 stéréo). Bruno vient de Paris présenter Liliane à son père, retiré en province, et lui annonce qu’il va être grand-père. La relation entre les deux hommes se charge d’agressivité (Prix de l’ADAMI au festival du court métrage de Clermont-Ferrand).

Peine perdue, court métrage d’Arthur Harari (39’, Bathysphère Productions, 2013, 1.78:1, MPEG-2, Dolby Digital 2.0 stéréo). Un petit orchestre joue sur les bords de Loire. Rodolphe remarque Alex, un jeune homme timide qui n’a d’yeux que pour Julia, une Parisienne en vacances mais n’ose pas l’aborder. Il va venir à son aide…

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle

Image - 5,0 / 5

L’excellente définition de l’image numérique (1.85:1, 1080i, AVC), avec une remarquable profondeur de champ dans les plans de paysages, agréablement adoucie en postproduction pour rappeler la texture du 35 mm, met en valeur le soin apporté à la photographie, à la balance équilibrée de couleurs naturelles, soigneusement étalonnées.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale, avec une belle ouverture de la bande passante, une forte dynamique et une répartition judicieuse du signal sur les cinq canaux, procure une sensation d’immersion dans l’ambiance, dans les bruits de la forêt et délivre avec finesse l’accompagnement musical.

Ces observations valent pour le doublage en français, manquant un peu de naturel.

Crédits images : © Bathysphere Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 1 février 2022
Le récit de l’incroyable aventure d’un soldat japonais resté en guerre près de 30 ans après la capitulation de son pays avait fait le tour de la planète en 1974. Arthur Harari a eu la bonne idée de raconter l’histoire à sa façon, d’inviter le spectateur à partager les dures conditions de survie du soldat et à tenter de comprendre ses motivations. Un film majeur du festival de Cannes 2021, étonnant, inoubliable !

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