Tih-Minh (1918) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Louis Feuillade
Avec Mary Harald, René Cresté et Georges Biscot

Édité par Gaumont

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Le 29/03/2022
Critique

Une lutte sans merci entre le bien et le mal dans un des Ciné-romans, pas le plus connu, dont Louis Feuillade avait le secret. À découvrir.

Tih Minh

L’explorateur Jacques d’Athys retrouve sa villa Luciola, à Nice. Il revient d’Indochine accompagné de Tih-Minh, une jeune métisse à laquelle il est fiancé. Il a emporté dans ses bagages un livre qu’il croit sans valeur, mais qui attise la convoitise d’un trio de malfaiteurs à la solde de l’Allemagne : Kistna, un Hindou, le docteur Gilson et la marquise Dolorès de Santa Fe. Ils ont appris d’un espion qu’un prince hindou, avant de mourir, avait indiqué sur la page de garde la situation d’un trésor qui donnerait à son inventeur la richesse et lui assurerait la suprématie dans un nouveau conflit européen.

Tih-Minh, « Grand ciné-roman en 12 épisodes », commence à être distribué par Gaumont à Paris, à raison d’un épisode chaque vendredi, du 7 février au 25 avril 1919. C’est une réalisation de Louis Feuillade, universellement reconnu comme un des meilleurs artisans du feuilleton cinématographique depuis Fantômas et, surtout, Les Vampires, une suite de 10 épisodes sortie en 1915 et 1916, dont la projection fut un temps suspendue par la préfet de police parce qu’il flattait des malfaiteurs et ridiculisait la police. Ces deux oeuvres majeures ont été réunies par Gaumont en 2017 dans l’exceptionnel Coffret Louis Feuillade – les Sérials noirs (Fantomas & Les Vampires), le suivant, une autre réussite, se montrera plus respectueux de la morale.

Tih-Minh met en images un scénario original coécrit par Louis Feuillade et Georges Le Faure (1856-1953), auteur prolifique d’une quarantaine de romans populaires et de quelques scénarios, de 1888 à 1941.

Tourné sur la Côte d’Azur, en grande partie en extérieurs, sur la corniche, à Èze, à Monaco, à Nice, peu avant que ne débute la construction des Studios de la Victorine. Derrière la caméra, Léon Klausse, orthographié Clausse au générique, qui fut le chef-opérateur de Louis Feuillade de 1916 à 1918, notamment pour Judex et La Nouvelle mission de Judex.

Tih Minh

Tih-Minh, rythmé par une suite de rebondissements, associe plusieurs genres, le thriller et l’action, avec de bons moments de suspense, la romance, avec trois idylles conclues par trois mariages au dernier épisode, ainsi que la comédie, avec le personnage de Placide, le majordome de la villa Luciola, interprété par Georges Biscot. Vedette de caf’conc’, amené au cinéma par Jacques Feyder, il prenait, auprès de Feuillade, la relève de Marcel Lévesque, l’Oscar Mazamette de Les Vampires et le Cocantin de Judex. On repère aussi dans les crédits le nom de l’assistant réalisateur, Julien Duvivier, 21 ans, qui s’apprêtait à tourner son tout premier long métrage, Le Prix du sang. Le rôle-titre est tenu, avec grâce et naturel, par une quasi-débutante née d’un père français et d’une mère annamite, Mary Harald, que Feuillade venait d’employer dans Vendémiaire.

Dans le rôle principal de Jacques d’Athys, René Cresté, le séduisant Judex, élégant sous sa cape, préfigurant Zorro, un autre justicier. Les trois vilains sont joués par Louis Leubas (Kistna l’Asiatique, enturbanné), Gaston Michel (le docteur Gilson) : doyen de la bande à 63 ans, il allait mourir deux ans plus tard, non sans avoir joué dans neuf autres films de Feuillade, et enfin par Georgette Faraboni (la marquise Dolorès de Santa Fe que ses pouvoirs télépathiques rendent particulièrement redoutable).

Une restauration opérée en 2018 par L’Image Retrouvée, filiale française de L’Immagine Ritrovata, à partir du scan 4K d’un négatif nitrate Gaumont et d’un contretype réversible conservé par le CNC, a donné à ce Ciné-roman une éternelle jeunesse.

Tih-Minh, pour sa première édition, méritait ce précieux cadeau récompensant un cocktail savamment dosé des ingrédients du feuilleton avec enlèvements, hypnose, poisons, dont un philtre d’oubli qui rend amnésique et plonge dans une profonde apathie, déguisements…

Tih Minh

Présentation - 2,0 / 5

Tih-Minh (385 minutes) et ses suppléments (18 minutes) tiennent sur deux Blu-ray BD-50 logés dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check discs.

Le menu animé et musical propose les épisodes avec une illustration musicale au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo.

Sous-titres anglais disponibles pour la traduction des intertitres.

Une édition DVD est sortie avec le même contenu.

Bonus - 2,0 / 5

Tih-Minh : un petit index (16’). Ce court document présente les acteurs. Georges Biscot, la clown de Tih-Minh, qui terminera sa carrière en apparaissant dans La Cage aux rossignols (Jean Dréville, 1945). René Cresté : passé du théâtre au cinéma, découvert par Léonce Perret pour incarner les jeunes premiers chez Gaumont à partir de 1908, il trouvera la gloire sous la cape et le chapeau de Judex et mourra de la tuberculose à 40 ans, en 1922. Georgette Faraboni, une danseuse repérée par Jacques Feyder, incarne la marquise Dolorès. Mary Harald, titulaire du rôle-titre, dont la carrière prometteuse s’interrompra en 1925 avec son mariage à un diplomate américain. Louis Leubas, un méchant qui fut Satanas dans Les Vampires et l’ignoble banquier Favraux dans Judex. Édouard Mathé, le journaliste Philippe Guérande dans Les Vampires. Gaston Michel, le Père Kerjean de Judex. Le document contient une courte séquence sur Louis Feuillade, choisi par Louis Gaumont pour succéder à Alice Guy au poste de directeur artistique.

Tih-Minh, avant et après la restauration (2’) permet d’apprécier l’apport spectaculaire de la restauration en termes de propreté, de stabilité, de luminosité, de fermeté des contrastes.

Tih Minh

Image - 5,0 / 5

L’image (1.33:1, 1080p, AVC), une fois de plus, fait mesurer les progrès obtenus dans la restauration des films de patrimoine, en particulier la qualité du travail de L’Immagine Ritrovata, à Bologne autant qu’à Paris, sa maîtrise à rénover des films centenaires, à effacer toutes les marques laissées par le temps sur les fragiles pellicules nitrate, sans en altérer la texture, en conservant le grain d’origine. Les blancs sont redevenus lumineux, sans jamais être brûlés, les noirs d’encre, sans jamais être bouchés.

Tih Minh

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio stéréo de l’illustration musicale ne suscite pas de reproches sur le plan technique, si ce n’est la très faible séparation des deux canaux. Mais on est loin d’être séduit par le manque d’inspiration du bric à brac d’une l’illustration musicale sans la moindre ligne directrice.

Crédits images : © 1919 Gaumont

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 29 mars 2022
Les feuilletons, « les ciné-romans » du cinéma muet, avec lesquels Louis Feuillade construisit sa renommée, nous reviennent, l’un après l’autre, étonnamment restaurés, comme neufs ! Moins connu que les références du genre que sont Les Vampires ou Judex, les aventures mouvementées de Tih-Minh méritent d’être découvertes.

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