Réalisé par Claude Lelouch
Avec
Robert Hossein, Nicole Garcia et Geraldine Chaplin
Édité par Metropolitan Film & Video
Quarante-cinq ans de l’histoire du monde, de 1936 aux années 1980, à travers le destin de quatre familles, aux quatre coins du monde. Moscou : Tatiana, une danseuse, épouse Boris ; leur fils Sergueï deviendra danseur étoile. Paris : Anne et Simon, musiciens aux Folies Bergères, sont déportés et contraints d’abandonner, pendant leur trajet vers Auschwitz, leur nouveau-né David, sur la voie d’une petite gare ; il sera recueilli par un curé qui le nommera Robert Prat. Berlin : Karl Kremer, un pianiste de 20 ans, reçoit les félicitations du Führer ; il deviendra chef d’orchestre. New-York : Jack Glenn, fondateur d’un célèbre orchestre de jazz, s’engage dans l’armée pour divertir les troupes américaines en Angleterre… Des hommes, des femmes qui vivent dans des pays différents mais parlent une même langue : la musique.
Les Uns et les autres, sorti dans nos salles en mai 1981, sélectionné pour la Palme d’or, salué à Cannes par le Prix du meilleur son, est le 22ème des 46 longs métrages de fiction de Claude Lelouch, également auteur du scénario. C’est probablement son film le plus ambitieux, par l’ampleur du sujet, le nombre des personnages, la somme de moyens mobilisés et sa durée d’un peu plus de trois heures. Un montage beaucoup plus long a été diffusé en 1983 sous la forme d’une minisérie en cinq épisodes de 52 minutes.
Les Uns et les autres séduit par la beauté de la photographie, une caractéristique générale des films de Claude Lelouch. Il a, cette fois, fait appel au chef-opérateur Jean Boffety qu’il réemploiera pour un autre retour dans le passé, Édith et Marcel, sorti en 1983.
Les Uns et les autres tire aussi une partie de son charme de la place qu’il donne à la musique, aux chansons populaires interprétées par Nicole Croisille et Ginette Garcin, au jazz pour grand orchestre dans une évocation de Glenn Miller transparaissant derrière le personnage de Jack Glenn (interprété par James Caan), à la musique classique avec, notamment, des extraits de la Septième symphonie de Beethoven et de la Première symphonie de Brahms. De bons moments légèrement gâchés par une mise en scène un peu brouillonne : la gestuelle de Nicole Garcia, au violon, et celle de Robert Hossein, au piano, dans l’orchestre des Folies Bergères sont en complet décalage avec le rythme de la musique. Et la conduite par Daniel Olbrychski d’un orchestre symphonique, sans partition, aurait difficilement pu être plus caricaturale.
On pourra aussi être sensible à la profusion d’acteurs, certains ne faisant qu’une apparition furtive. Chaque médaille a son revers : la multitude de personnages peut embrouiller le spectateur, d’autant plus qu’on revoit, dans les trois époques, les mêmes acteurs dans la peau de personnages différents. Mais pas toujours : Daniel Olbrychski interprète Karl de bout en bout sans avoir pris une ride ! Certaines scènes dans la dernière partie sont d’un intérêt limité et s’intègrent mal dans l’ensemble.
Les Uns et les autres se termine avec la chorégraphie du Boléro par Maurice Béjart, sa compagnie Ballet du XXe siècle et Jorge Donn. Une fin en beauté pour estomper les petites désillusions.
Metropolitan Video vient de rééditer plusieurs films de Claude Lelouch, ainsi qu’un coffret Claude Lelouch / Jean-Paul Belmondo avec les trois films qu’ils ont tournés ensemble : Un homme qui me plaît (1969), Itinéraire d’un enfant gâté (1988) et Les Misérables (1995). Les Uns et les autres fait partie des films proposés pour la première fois en haute définition après restauration.
Les Uns et les autres (184 minutes) et ses suppléments (20 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un digipack à trois volets, glissé dans un étui.
Le menu fixe et musical propose le film, après numérisation du négatif original et restauration par le Groupe Éclair, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.
Sous-titres anglais disponibles.
À l’intérieur de l’étui, un livret de 42 pages, abondamment illustré, s’ouvre sur un synopsis écrit par Claude Lelouch, et quelques dates, des repères de la grande et de la petite histoire des deux périodes couvertes par le film, de 1036 à 1945, puis de 1960 à 1980. Puis, place à la musique, sur la composition originale et les arrangements de Michel Legrand et Francis Lai et les oeuvres classiques, notamment la Septième symphonie de Beethoven et le Boléro de Ravel sur lesquels danse Jorge Donn sur une chorégraphie de Maurice Béjart. Suivent À propos du maquillage, réalisé par Dominique Colladant et Reiko Kruk, les vues de Yonnick Flot sur Claude Lelouch et le rappel de sa carrière. Le livret se termine sur un article de Jean Ollé-Laprune sur le court métrage Il a besoin et sur le Petit journal de tournage du 21 juillet 1980 au 21 janvier 1981.
On trouve également dans l’étui un CD de la musique originale de Francis Lai et de Michel Legrand sur 18 plages d’une durée totale de 73 minutes.
Il a besoin, court métrage (8’, Les Films 13, 1981). Il a besoin… des uns et des autres. Cambodge, 1980. Un convoi de camions de la Croix Rouge (qu’on voit traverser le Pont d’Iéna à la fin du film Les Uns et les autres) livre du riz à une foule amassée au point de rencontre.
Entretien avec Claude Lelouch (7’, 1.33:1, 1999). « Les gens qui n’ont pas trop de mémoire sont les plus heureux (…) je suis quelqu’un qui n’en a pas ». Ce qui l’a poussé à « faire un film sur la mémoire des uns et des autres (…) dans lequel il est normal que les gens se retrouvent (…) dans lequel la musique parle à notre inconscient (…) permet de voir en chacun d’entre-nous ce qu’il y a de meilleur » confie Claude Lelouch 18 ans après le tournage.
Bande-annonce (4’24”).
L’image (2.39:1, 1080p, AVC), parfaitement restaurée, avec des blancs lumineux, des noirs très denses, déploie des couleurs éclatantes, particulièrement dans les scènes des Folies Bergères, toujours soigneusement étalonnées. Une définition pointue fait bon ménage avec le grain argentique, scrupuleusement respecté.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 reproduit fidèlement le son 6-pistes du tirage 70 mm, projeté dans les salles les mieux équipées, qui avait été deux fois primé, à Cannes et aux Césars. Une large ouverture de la bande passante et une forte dynamique donnent à la musique l’ampleur voulue et une sollicitation appropriée des cinq canaux crée une discrète, mais cohérente, impression d’immersion dans l’ambiance.
Crédits images : © Films 13, TF1 Films Production