Walkabout (1971) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Nicolas Roeg
Avec Jenny Agutter, Luc Roeg et David Gulpilil

Édité par Potemkine Films

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Le 27/05/2022
Critique

Réédition attendue d’un beau récit d’aventures dans l’outback australien et de la rencontre, difficile, de deux civilisations.

Walkabout

Un Anglais expatrié à Adelaïde en Australie, emmène ses deux enfants, une fille de 16 ans et un garçon de 6 ans, pique-niquer dans le désert. À l’heure du repas, l’homme saisit un pistolet et tire sur ses enfants qui réussissent à s’abriter pour voir leur père incendier la voiture et se suicider. Seuls, désorientés, ils vont croiser la route d’un jeune Aborigène, séparé de sa tribu : il doit apprendre à survivre seul dans le bush pendant quelques mois en accomplissant un rite de passage à l’âge adulte, le « walkabout ».

Walkabout, sélectionné en 1971 à Cannes pour la Palme d’or, sorti dans nos salles sous le titre La Randonnée, l’adaptation d’un roman publié par l’Anglais Donald G. Payne en 1959, est le deuxième film réalisé par le cinéaste britannique Nicolas Roeg, un an après Perfomance (édité en vidéo au Royaume Uni). Entré dans l’univers du cinéma en 1951 comme cameraman, il contribuera notamment à deux films de David Lean, Lawrence d’Arabie (Lawrence of Arabia, 1962) et Le Docteur Jivago (Doctor Zhivago, 1965). Dix ans plus tard, il devient directeur de la photographie d’une quinzaine de films, parmi lesquels Le Masque de la Mort Rouge (The Masque of the Red Death, Roger Corman, 1964), Fahrenheit 451 (François Truffaut, 1966) et Loin de la foule déchaînée (Far from the Madding Crowd, John Schlesinger, 1967). Il est, une dernière fois, derrière la caméra pour le tournage de Walkabout. Il réalisera, jusqu’à sa retraite en 2014, une quinzaine de films, dont les plus connus sont Ne vous retournez pas (Don’t Look Now, 1973), son chef-d’oeuvre, L’Homme qui venait d’ailleurs (The Man Who Fell to Earth, 1976) et Enquête sur une passion (Bad Timing, 1980).

L’Aborigène et la fille ensemble, séparés par 30 000 ans

Walkabout

Walkabout questionne ingénument le consumérisme. Le spectateur donne peu de chance aux deux jeunes Anglais de survivre plus de quelques jours à la privation d’eau et de nourriture dans un environnement hostile dans lequel le jeune Aborigène, avec sa connaissance du milieu, sans rien d’autre qu’un boomerang et d’une branche taillée en lance, trouve toute la nourriture dont il a besoin et se désaltère en enfonçant un chalumeau dans le sable au bon endroit.

Le film souligne ainsi, avec d’autres signes, la largeur du fossé séparant la civilisation occidentale de celle des Aborigènes, allant jusqu’à rendre impossible la communication entre la fille et le jeune autochtone.

Walkabout ajoute à l’intérêt d’un insolite récit d’aventures, la beauté de la photographie de l’outback, de ses paysages et de sa faune, étonnants, inquiétants parfois, saisis par le réalisateur, lui-même, au terme de son expérience de chef-opérateur.

Walkabout est également servi par sa distribution en tête de laquelle Jenny Agutter démontre, à 16 ans, l’aisance qu’elle a acquise face à la caméra depuis l’âge de 14 ans, avec un premier rôle important dans la très belle minisérie The Railway Children (1968, 7 épisodes), toujours disponible au Royaume Uni. Elle sera saluée par un BAFTA Award pour sa prestation dans Equus (Sidney Lumet, 1977). Le garçonnet, Luc Roeg, le fils du réalisateur, n’a pas tenu d’autre rôle, mais s’est engagé dans la production. Le jeune Aborigène est interprété par David Gulpilil, un débutant de 17 ans qui ne parlait pas un mot d’anglais, devenu une star en Australie avec une quarantaine de rôles pour les petits et grands écrans, notamment dans La Dernière vague (The Last Wave, Peter Weir, 1977), Le Chemin de la liberté (Rabbit-Proof Fence, Philip Noyce, 2002) et Charlie’s Country (Rolf de Heer, 2013) qui lui valut le Prix d’interprétation masculine à Cannes dans la section Un certain regard. Il est décédé en novembre 2021.

Walkabout, un grand film à découvrir ou à revoir, depuis longtemps disparu des catalogues, nous revient, pour la première fois en France en haute définition, avec la reprise des suppléments du DVD Potemkine de 2008 et un nouveau bonus exclusif.

Walkabout

Présentation - 3,5 / 5

Walkabout (100 minutes) et ses suppléments (101 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD, dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Bonus - 4,0 / 5

Gulpilil, One Red Blood (59’, documentaire de Darlene Johnson, 2002). Philip Noyce se souvient de l’implication émotionnelle de David Gulpilil dans Le Chemin de la liberté. « Jouer est un jeu d’enfant », disait-il, sans cacher sa frustration de ne pouvoir communiquer en anglais avec les journalistes qui l’assaillaient à Londres après la sortie de Walkabout : la seule langue qu’il parlait était celle de sa tribu, le mandhalpuyngu. Il montre la patrie de son père, et se souvient d’avoir pris pour des fantômes peints en blanc les premiers Européens qu’il a vus, de son enfance dans une mission après la mort de ses parents, du temps où son peuple ne consommait ni tabac, ni alcool, des danses traditionnelles qu’il pratiquait et enseignait… Il fut l’un des premiers Aborigènes à paraître dans un film sans être brutalisé ou tué. Il s’est engagé dans la défense des droits et de la fierté des tribus de l’outback. Entre deux tournages, il revenait mener la vie simple de sa tribu… Moments de vie de famille, scènes de tournage, une cérémonie de circoncision (maningrida), souvenirs de ceux qui l’ont connu… complètent ce portrait de David Gulpilil.

Walkabout

Entretien avec Jenny Agutter (21’, 2008). Elle avait été remarquée à la télévision par la femme de Nicolas Roeg qui l’a recommandée pour Walkabout. « J’avais 16 ans (…) l’âge auquel l’innocence commence à disparaître ». David Gulpilil était détendu devant la caméra et chaleureux, moins distant que son personnage, et paraissait avoir « un sens inné du cinéma ». Le montage du film a pris du temps et elle avait 18 ans quand il fut projeté à Cannes. Nicolas Roeg savait créer une ambiance familiale dans son équipe. L’entretien se termine sur l’évocation de la fin du récit dans le film et le roman.

Entretien avec André Iteanu (20’, La Bête lumineuse, 2022), auteur ou coauteur de plusieurs ouvrages d’ethnologie. Walkabout, « un film babacool (…) montre qu’on peut vivre avec presque rien ». Seul l’enfant, encore peu cultivé, peut communiquer avec l’Aborigène, contrairement à sa soeur qui ne fait aucun effort pour le comprendre et ne peut envisager que retrouver le mode de vie occidental. La critique de la société de consommation est évidente. Walkabout donne une image positive des Aborigènes, sans toutefois dévoiler leur culture.

Ce nouveau supplément, exclusif au Blu-ray, ajoute peu au visionnement du film.

Bande-annonce (1’09”).

En dépit de leur durée, ces suppléments n’égalent pas ceux de l’Édition limitée Second Sight Films, sortie au Royaume Uni en août 2020.

Walkabout

Image - 3,5 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), propre, stable, lumineuse, bien contrastée, mais un peu douce, souffre toutefois d’un défaut d’étalonnage : les visages, dès qu’ils ne sont plus exposés en pleine lumière, prennent une forte coloration rouge. Avec une résolution comparable, les tons de peau étaient beaucoup plus naturels sur l’édition Universal distribuée au Royaume Uni en 2012, reprenant celle restaurée pour Criterion en 2010.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, propre lui aussi, assure la clarté des dialogues, mais un spectre étroit, pauvre en graves, donne un timbre métallique et aigrelet à l’accompagnement musical de John Barry.

Crédits images : © Si Litvinoff Film Production

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 2 juin 2022
Walkabout ajoute à l’intérêt d’un insolite récit d’aventures, la beauté de la photographie de l’outback, de ses paysages et de sa faune, étonnants, inquiétants parfois, saisis par le réalisateur, lui-même, au terme de son expérience de chef-opérateur.

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