Le Mari de la coiffeuse (1990) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Patrice Leconte
Avec Jean Rochefort, Anna Galiena et Roland Bertin

Édité par Rimini Editions

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Le 04/07/2022
Critique

La première édition en haute définition du film le plus sensuel et émouvant de Patrice Leconte, enrichie de bonus inédits.

Le Mari de la coiffeuse

Antoine a connu ses premiers émois amoureux dans le salon de coiffure de la plantureuse madame Sheaffer. Il s’est fait une promesse : lorsqu’il sera grand, il épousera une coiffeuse. Il rencontre Mathilde, la coiffeuse de ses rêves. Le coup de foudre est réciproque.

Le Mari de la coiffeuse, sorti en 1990, sélectionné pour le Prix du meilleur film aux Césars, le Prix du meilleur film étranger aux BAFTA Awards, a été salué par le Prix Louis Delluc (ex-aequo avec Le Petit criminel de Jacques Doillon). C’est le dixième des 31 films réalisés pour le grand écran par Patrice Leconte et la troisième de ses sept collaborations avec Jean Rochefort, après Les Vécés étaient fermés de l’intérieur (1976) et Tandem (1987). Une association fructueuse qui sera récompensée par le Prix du public à la Mostra de Venise en 2002 pour L’Homme du train.

Le Mari de la coiffeuse met en images une histoire d’amour minimaliste, coécrite par le réalisateur et le romancier Claude Klotz, alias Patrick Cauvin, signataire d’une vingtaine de scénarios. Antoine, assis toute la journée dans le salon de coiffure a une seule occupation : regarder Mathilde. Une admiration presque muette.

Le Mari de la coiffeuse diffuse une forte sensualité, pudiquement exprimée par des gros plans sur les visages ou la rondeur entraperçue d’un sein, et aussi de l’émotion, particulièrement dans la scène où le couple visite Isidore Agopian, l’ancien patron de Mathilde, reclus dans une maison de retraite dans l’attente de la mort.

Le Mari de la coiffeuse

Surtout, n’adoptez jamais !

L’essentiel du métrage se déroulant dans le salon de coiffure, il fallait bien qu’il y ait des clients. Une exigence exploitée avec bonheur par Claude Klotz dans une suite de saynètes (« des petits fragments d’humanité », selon Patrice Leconte). Défilent des personnages insolites : deux métaphysiciens du dimanche, interprétés par Philippe Clévenot et Ticky Holgado, un mari abandonné par sa femme (Albert Delpy), un homme triste (Julien Bukowski)… Le personnage le plus mémorable est sans doute cette mère adoptive d’un gamin hirsute et intenable qu’Antoine réussira pourtant à hypnotiser en improvisant une danse orientale, une de ses spécialités avec les mots croisés. La mère, complètement dépassée, nous permet de découvrir Michèle Laroque tout au début de sa carrière sur le grand écran.

À noter, la beauté réaliste des décors reproduisant le salon de coiffure et les deux rues sur lesquelles donne sa devanture, dus à Ivan Maussion, directeur artistique de 22 des films de Patrice Leconte et l’apport de la photo d’Eduardo Serra qui fut deux fois nommé aux Oscars, pour Les Ailes de la colombe (The Wings of the Dove, Iain Softley, 1997, encore inédit en vidéo) et pour La Jeune fille à la perle (Girl with a Pearl Earring, Peter Webber, 2003).

Le Mari de la coiffeuse doit aussi beaucoup à la distribution des rôles des deux personnages opposés, Antoine, un idéaliste qui n’a jamais réussi à sortir de l’enfance, et Mathilde, très lucide, certainement à l’excès. L’alchimie entre les deux acteurs paraît telle qu’on a du mal à croire Patrice Leconte quand il rappelle leur mauvaise entente sur le plateau. Ce qui confirme que le cinéma n’est qu’illusion !

Le Mari de la coiffeuse est, pour moi, un des meilleurs films de Patrice Leconte, avec Monsieur Hire, Prix de la critique du SFCC et Ridicule, sélectionné pour la Palme d’or, récompensé par un BAFTA Award, par un César et par le Prix du meilleur film du Festival Lumière.

Le Mari de la coiffeuse

Présentation - 2,0 / 5

Le Mari de la coiffeuse (82 minutes) et ses généreux suppléments (90 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Bonus - 3,5 / 5

Deux compléments inédits :

Pour l’amour d’une coiffeuse (18’, Rimini Éditions, 2022). Patrice Leconte réalise des films courts, se jugeant « incapable d’intéresser les gens pendant deux heures et demie » et tente de « s’en tenir à l’essentiel sans être sec ». Ses premiers films, « délibérément des comédies », ont fait beaucoup d’entrées, mais c’est avec Tandem qu’il a commencé à éveiller l’intérêt de la critique. Claude de Ganay, producteur de films publicitaires avec lequel il avait beaucoup travaillé, lui a donné un « chèque en blanc » sur quelques bribes du scénario : il est amoureux d’une coiffeuse, il l’épouse et ils sont heureux. Il aime les « histoires intemporelles (…) nourries de souvenirs » qui sortent le spectateur de l’époque actuelle. Alors qu’il s’est concentré, pendant l’écriture du scénario, sur les personnages d’Antoine et Mathilde, Claude Klotz a inventé les clients hors du commun. Il fut surpris que cette histoire d’amour absolu (en dépit de la mauvaise entente entre Anna Galiena et Jean Rochefort) à laquelle il ne pouvait pas « imaginer une issue légère » ait eu un tel succès, y compris à l’étranger.

Un intéressant entretien, malgré quelques redondances avec celui enregistré pour l’édition de 2000.

La confession d’une coiffeuse (17’, Rimini Éditions, 2022). Anna Galiena se souvient de sa rencontre avec Yves Boisset pour La Travestie, son premier film en France, alors qu’elle avait quitté l’Italie pour le théâtre aux USA et ne parlait pas français. Surprise d’être choisie par Patrice Leconte dont elle avait beaucoup aimé Monsieur Hire, elle a accepté le rôle de Mathilde après un temps de réflexion, et s’est initiée pendant trois semaines à la coupe dans un salon de coiffure pour hommes. Le succès du film lui a permis de revenir en Italie et d’y travailler avec de grands cinéastes.

Le Mari de la coiffeuse

Deux compléments repris de la première édition DVD Opening de 2000 :

Le Batteur du boléro (8’, 1992), un court métrage de Patrice Leconte, primé à Krakow et à Valladolid. Tatatata, tata, tatatata tatatata, tatatata tata… entre timbales et cymbales, Jacques Villeret bat attentivement la mesure avec ses deux baguettes sur une caisse claire… Imperturbable au début, il finit par donner des signes d’impatience (avec l’Orchestre symphonique de Paris, dirigé par Laurent Petit-Girard).

Interview de Patrice Leconte (55’). L’idée lui trottait dans la tête de raconter une histoire minimaliste d’amour fou « comme on aimerait en vivre ». Un scénario, improvisé au cours d’un déjeuner, séduisit immédiatement le producteur de films publicitaires avec lequel il avait travaillé, Thierry de Ganay, qui souhaitait se lancer dans la production pour le cinéma. Ce n’était pas un récit autobiographique, même s’il a pu récupérer les slips en laine tricotés par sa mère (« avec des cerises, pas des pompons ! ») qu’il portait pendant son enfance sur les plages normandes. Après des repérages infructueux, la décision fut prise de tourner sur le plus grand plateau des Studios d’Arpajon, dans des décors créés par Ivan Maussion, « un fidèle compagnon de travail ». « Des décors en dur » pour que des contraintes donnent au film un aspect naturaliste. Il voulait, pour le rôle de Mathilde, « une femme qu’on n’avait jamais vue » et eut un coup de foudre pour Anna Galiena. Il est encore ému par la scène du barrage de sable construit par un bulldozer, la réalisation d’un phantasme d’enfance. Il prend plaisir à attirer l’attention sur quelques idées de mise en scène, ses « petites ruses ». Il voulait faire « un film d’odeurs (…) pas bavard (…) qui sentirait l’eau de Cologne, les tissus, la peau » et dit ne pas être directif avec les acteurs : « l’essentiel de la direction d’acteurs, c’est le casting ».

Le Mari de la coiffeuse

Image - 4,0 / 5

Le transfert en haute définition (2.35:1, 1080p, AVC) apporte un indéniable gain de définition, avec un contrôle du grain qui grignote la ligne jaune en adoucissant un peu trop les visages, mais a su s’arrêter juste à temps pour ne pas dénaturer la texture du 35 mm. Les couleurs, délicatement étalonnées, soulignent la sensualité du film. La stabilité est occasionnellement mise en défaut par un tremblotement, toutefois assez discret pour n’être pas trop gênant.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine restitue avec netteté les dialogues et la narration en voice over de Jean Rochefort. Il délivre, presque sans saturations, le bel accompagnement musical de Michael Nyman et les mélodies orientales qui font danser Antoine.

Crédits images : © Lambart Productions, TF1 Films Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 5 juillet 2022
Le Mari de la coiffeuse, salué par le Prix Louis Delluc, est un des meilleurs films de Patrice Leconte, certainement le plus sensuel et le plus émouvant, servi par l’inoubliable couple formé par Jean Rochefort et Anna Galiena. Sont également sortis Le Parfum d’Yvonne, un autre film intimiste, et Les Grands ducs, une comédie débridée.
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sirika
Le 28 mai 2003
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