Chronique d'un amour (1950) : le test complet du Blu-ray

Le premier long métrage de Michelangelo Antonioni, enfin disponible en haute définition, après une nouvelle restauration 4K.

Paola, 27 ans, est mariée à un quadragénaire, un riche industriel milanais qui trouve des photos de sa femme en compagnie d’un autre homme, prises plusieurs années avant leur mariage. Sa jalousie le pousse à charger un détective privé d’enquêter sur le passé de Paola. Il découvre qu’elle a eu une liaison avec Guido, un vendeur de voitures dont la fiancée est morte en tombant dans une cage d’ascenseur à la veille de son mariage. Suicide ou meurtre, le doute sur les circonstances du drame ont conduit à la séparation de Paola et Guido que l’enquête ne va pas tarder à rapprocher.

Lui qui n’aime personne, achète tout. Il m’a achetée.

Chronique d’un amour (Cronaca di un amore), sorti en 1950, est le premier long métrage de Michelangelo Antonioni qui n’avait, jusque-là, réalisé que quelques courts documentaires, dont deux sont proposés en bonus dans cette édition. Il est l’auteur de l’histoire originale et du scénario, à l’écriture duquel ont collaboré trois autres scénaristes, une intrigue mélangeant deux genres, romance et policier, centrée sur le personnage de Paola. Elle n’aime pas son mari, mais s’accommode d’une union qui lui assure le luxueux confort de la haute bourgeoisie.

Michelangelo Antonioni, cinéphile passionné dès l’adolescence, s’était initié au cinéma en écrivant, de 1936 à 1940, des critiques de films pour un quotidien de Ferrare, Corriere Padano, puis, avant 1950, les scénarios de ses documentaires et de trois longs métrages d’autres cinéastes, dont Roberto Rossellini pour Un pilota ritorna en 1942 (il écrira encore, en 1952, celui du deuxième film de Federico Fellini, Le Cheik blanc (Il Sceicco blanco).

On perçoit dans Chronique d’un amour, sorti au crépuscule du néoréalisme, les premiers signes annonciateurs du style novateur de Michelangelo Antonioni qui s’épanouira, une dizaine d’années plus tard, avec le triptyque L’Avventura (1960), La Notte (La nuit) 1961), L’Éclipse (L’Eclisse, 1962).

Pour réaliser Chronique d’un amour, Antonioni s’assure de solides contributions : pour la photographie, celle du chevronné Enzo Serafin, pour la direction artistique, celle de Piero Filippone, qui collaboreront tous les deux avec Roberto Rossellini pour Voyage en Italie (Viaggio in Italia, 1954), et, pour le montage, celle d’Eraldo Da Roma (Umberto D., Vittorio de Sica, 1952), qui l’assistera, ensuite, pour une dizaine de ses films.

En tête de distribution Massimo Girotti, salué un an avant par le Syndicat Italien de la critique de cinéma pour sa prestation dans Au nom de la loi (In nome della legge, Pietro Germi, 1949), confronté à Lucia Bosè, une débutante de 21 ans qui venait d’être découverte après son premier rôle dans Pâques sanglantes (Non c’è pace tra gli ulivi, Giuseppe De Santis, 1950). Antonioni la réemploiera en 1953 dans La Dame sans camélias (La Signora senza camelie), l’histoire des débuts chaotiques d’une starlette de cinéma.

Chronique d’un amour, édité sur DVD en 2017, nous est, à nouveau, proposé par Carlotta Films, cette fois en haute définition, après une nouvelle restauration 4K commandée par la Ciniteca di Bologna et opérée par L’Immagine Ritrovata.

Chronique d’un amour (103 minutes) et ses suppléments (22 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier glissé dans un fourreau.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en italien, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

N.U. (Nettoyage urbain, 1948, noir et blanc, 1.33:1, 11’). Ce documentaire, salué par le Prix du syndicat italien des critiques de films, observe, pendant toute une journée, le travail des balayeurs des rues de Rome, les sans-abri et les déshérités habitant des taudis. Sur un mur, l’affiche de Dove sta Zazà, un film de Giorgio Simonelli, recouvrant à moitié celle de To Each His Own, de Mitchell Leisen qui valut Olivia de Havilland le premier de ses deux Oscars.

Sette canne, un vestito (La Rayonne, 1948, noir et blanc, 1.33:1, 10’), un documentaire sur la fabrication de la fibre synthétique dans le village de Torviscosa, à partir de cannes Arundo donax récoltées en hiver entre Venise et Trieste, d’où sera extraite la cellulose qui, après plusieurs traitements dans une usine construite pendant l’ère fasciste, deviendra fil de rayonne, utilisé pour la fabrication de tissus présentés dans un défilé.

Bande-annonce 2022 (1’18’4) pour la reprise dans nos salles en janvier.

Quel que soit l’intérêt de ces deux courts métrages de Michelangelo Antonioni, photographiés par Giovanni Ventimiglia et accompagnés par une partition originale de Giovanni Fusco, deux fidèles collaborateurs des débuts du cinéaste, on ne peut que regretter l’absence d’une analyse du film.

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), après une restauration 4K opérée par L’Immagine Ritrovata à partir d’un marron, a soigneusement éliminé les marques de dégradation de la pellicule, sans lisser le grain argentique. Stable, avec des blancs lumineux et des noirs aussi denses que celui des cheveux de Lucia Bosè, elle déploie un fin dégradé de gris avec un piqué assez remarquable, notamment dans les plans larges des rues de Milan sous la pluie.

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, restauré après scan 4K du négatif original, assure une parfaite clarté des dialogues. S’il restitue un peu timidement l’ambiance, il met en valeur l’accompagnement musical, pratiquement sans saturations. Un souffle subsiste, qu’un niveau moyen et régulier peut faire oublier.

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