Les Bonnes Étoiles (2022) : le test complet du Blu-ray

Hirokazu Kore-eda, Palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille, fait une escapade en Corée pour nous en conter une autre, insolite.

À Busan, par une nuit pluvieuse, une très jeune femme, Lee Ji-eun, abandonne son bébé dans la boîte d’une église destinée à recueillir les nourrissons non désirés. Il est illégalement remis par le curé à Ha Sang-hyun, le patron d’une petite laverie décidé, avec son employé Dong-soo, à le vendre à un couple digne de devenir sa nouvelle famille. Tout au long d’un parcours jusqu’à Séoul, ils sont suivis par Su-jin, une policière témoin de l’abandon qui veut les surprendre en flagrant délit de trafic d’enfant. La mère est du voyage… « pour faire plus naturel ».

Les Bonnes étoiles (Beurokeo), écrit, réalisé et monté par Hirokazu Kore-eda, distribué en France par Metropolitan Films, sélectionné à Cannes pour la Palme d’or et salué par le Prix du jury oecuménique, est le quinzième long métrage du cinéaste japonais. Un habitué de Cannes dont la notoriété internationale, bâtie par quelques 70 prix, a été confortée par la Palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille (Manbiki kazoku).

Les Bonnes étoiles, dans le style discret de son réalisateur, est constitué d’une suite de plans fixes soigneusement cadrés avec le concours de Hong Kyung-pyo, chef-opérateur coréen multiprimé, notamment pour Parasite (Gisaengchung) le film de Bong Joon-ho qui marqua l’année 2020 avec, parmi quelques 300 prix, la Palme d’or attribuée à l’unanimité, quatre Oscars et un BAFTA Award !

Les Bonnes étoiles développe une histoire originale et insolite, imaginée par Hirokazu Kore-eda, auteur du scénario de la plupart de ses films. Il nous replonge dans une cellule familiale, cadre récurrent de sa filmographie, même si les liens tissés entre les passagers du minivan en route vers Séoul ne forment qu’une famille très marginale.

Les Bonnes étoiles affiche une remarquable distribution avec deux stars du cinéma coréen, dont Song Kang-ho, le flic ombrageux de l’inoubliable Memories of Murder (Salinui chueok, Bong Joon-ho, 2003). Son incarnation du blanchisseur Ha Sang-hyun lui a valu le Prix d’interprétation masculine à Cannes en 2022. L’autre star est Doona Bae. Révélée en 2002 par une Sympathy for Mister Vengeance (Boksuneun naui geot, Park Ckan-wook), elle nous avait particulièrement touché dans A Girl at My Door (Dohee-ya, July Jung, 2014). Hirokazu Kore-eda confirme, une fois de plus, sa maîtrise de la direction d’acteurs.

Les Bonnes étoiles, à défaut d’atteindre la rigoureuse perfection d’Une affaire de famille, séduit par la délicatesse du traitement d’un scénario un peu farfelu et par sa beauté formelle. On attend donc avec impatience la sortie vidéo du film suivant, Monster (Kaibutsu), retenu dans la sélection officielle du festival de Cannes 2023.

Les Bonnes étoiles (129 minutes) et ses suppléments (26 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans le traditionnel boîtier bleu.

Le menu propose le film dans sa langue originale, le coréen, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Édition DVD disponible, avec le même contenu.

Rencontre exclusive avec Hirokazu Kore-eda (15’, coréen sous-titré, Metropolitan Films, 2023, un entretien conduit par Nicolas Rioult et Charles Ferrogut). L’idée du film lui est venue, il y a plus de dix ans, quand il a appris l’existence de points d’abandon de bébés, au Japon comme en Corée. Le scénario, dont l’ébauche remonte à 2016, pousse le spectateur à se questionner sur la culpabilité de la mère. Sans y faire référence, il a regardé plusieurs fois Un Monde parfait (A Perfect World, Clint Eastwood, 1993) et [PRGORAM(fils_du_desert)] (3 Godfathers, John Ford, 1948). Bien qu’il ne parle pas le coréen, une sorte de sixième sens lui a permis de sentir ce qui fonctionnait bien et il juge enrichissantes ses expériences de tournage hors du Japon, en France pour La Vérité. Il avait, dès l’origine du projet, choisi les deux acteurs principaux, en premier Doona Bae qu’il avait employée dans Air Doll (Kûki ningyô, 2009). Il a choisi pour premier lieu de tournage Busan qu’il connaissait pour avoir assisté au festival, et a déplacé l’action jusqu’à Séoul, en longeant la mer, l’eau étant un motif récurrent du film.

En dehors de ce bonus, propre à l’édition française, le reste est bien maigre, fait de quatre très squelettiques documents qui n’apportent rien à la découverte du film :

Voyage au Festival de Cannes (3’).

Les personnages (4’).

Comment tout a commencé (2’).

Le choix des acteurs (2’).

Suivent les bandes-annonces de Les Bonnes étoiles et de quatre films coréens : Destruction finale (Baekdusan, Lee Hae-jun & Kim Byung-seo, 2019), [PROGRAM(Geukhanjikeob)] (Geukhanjikeob, Lee Byeong-heon, 2019) [PROGRAM(Yoocheitalja)] (Yoocheitalja, Yoon Jae-geun, 2020) et The Roundup (Beomjoidosi 2, Lee Sang-yong, 2022).

L’image numérique, capturée par caméras Arri Alexa LF et Arri Alexa Mini LF (1080p, encodage AVC), au ratio originel 1.85:1, privilégie une texture adoucie, plus que le piqué. Une délicate palette de couleurs, assez peu saturées, est mise en valeur par un bon équilibre des contrastes, entre blancs lumineux et noirs denses.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 garantit un bon équilibre entre les dialogues, l’accompagnement musical et l’ambiance, assez concentrée sur le plan frontal en dehors des prises en extérieur. Il reproduit avec finesse le timbre du piano et de la guitare de la composition originale de Jung Jae-il, auteur de la partition de Parasite et du thème de la fameuse série Squid Game.

Ces observations valent pour le doublage en français, au volume plus élevé, affecté par des dialogues manquant trop souvent de naturel.

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