Dillinger (1973) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD + Livret - Édition limitée

Réalisé par John Milius
Avec Warren Oates, Ben Johnson et Michelle Phillips

Édité par Rimini Editions

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Le 12/07/2023
Critique

Un jeu du chat et de la souris sans merci entre un agent du FBI et John Dillinger, l’ennemi public le plus recherché au début des années 30.

Dillinger

Aux États-Unis, dans les années 30, John Dillinger défraya la chronique : emprisonné pour braquages à main armée, il parvint à s’échapper et resta plusieurs mois en cavale avant d’être abattu par le FBI…

Dillinger, sorti en 1973, est le premier long métrage de John Milius. Il était devenu l’un des trois scénaristes les mieux payés de Hollywood depuis l’écriture des scénarios de The Life and Times of Judge Roy Bean (John Huston, 1972, encore inédit en vidéo en France) et de Magnum Force (Ted Post, 1973). Sa contribution à l’écriture d’Apocalypse Now lui valut d’être nommé aux Oscars en 1980. Mais son rêve était de devenir réalisateur.

Un voeu qu’exauça son ami Lawrence Gordon, directeur de la production d’AIP (American International Pictures), un studio cantonné dans la production de films à petit budget. Dillinger, alors sa production la plus ambitieuse, coûta un million de dollars. John Milius dut payer son ticket d’entrée en cédant à petit prix le scénario et en se contentant d’un cachet de 50 000 dollars pour la réalisation. Parmi ses six autres longs métrages, les plus populaires seront Le Lion et le Vent (The Wind and the Lion, 1975) et Conan le Barbare (Conan the Barbarian, 1982). Il sera aussi un des créateurs de l’inoubliable série Rome.

All my life I wanted to be a bank robber!

Dillinger est le cinquième film sur ce hors-la-loi, après Dillinger (Max Nosseck, 1945) et Dilinger est mort (Dillinger è morto, Marco Ferreri, 1969), un personnage mythique du gangstérisme aux USA pour le nombre de ses braquages de banques, son évasion spectaculaire et une longue traque par le FBI, largement médiatisée. Il continuera d’inspirer les cinéastes, notamment Lewis Teague pour Du rouge pour un truand (Lady in Red, 1979).

Dillinger

L’histoire, sur un ton de western souligné par les variations sur Red River Valley de l’accompagnement musical, est racontée en voice over par Melvin Purvis, agent vieille école du FBI, le négatif d’un personnage lui aussi attaché aux traditions et soucieux de son image, John Dillinger. Le choix de deux acteurs seulement vus dans des seconds rôles contribua au réalisme de la représentation des deux personnages.

Warren Oates avait déjà tenu une centaine de rôles pour le grand et le petit écran, avec quelques grands titres à son palmarès, notamment Dans la chaleur de la nuit (In the Heat of the Night, Norman Jewison, 1967). Son choix pour le rôle-titre, peut-être suscité par son étonnante ressemblance avec le gangster, s’est avéré inspiré dans la mesure où l’acteur s’efface derrière le personnage. Face à lui, Ben Johnson, avec 66 rôles à son tableau, dont sept sous la direction de John Ford, venait d’être salué par un Oscar du meilleur second rôle pour La Dernière séance (The Last Picture Show, Peter Bogdanovich, 1971). Les deux acteurs avaient déjà été côte à côte dans deux films de Sam Peckinpah, Major Dundee (1965) et La Horde sauvage (The Wild Bunch, 1969).

Dillinger est une étonnante réussite pour un premier film, conçu avec des moyens comptés, tourné en 16 mm. Rythmé par des scènes d’action très violentes, soigneusement chorégraphiées, bien photographiées par Jules Brenner qui s’était fait connaître deux ans plus tôt pour Johnny Got His Gun - Johnny s’en va-t-en guerre (Dalton Trumbo, 1971), Dillinger reste, cinquante ans après sa sortie, un plaisir à revoir ou à découvrir.

Dillinger

Présentation - 3,5 / 5

Dillinger (107 minutes) et ses suppléments (88 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD-9, avec un seul des six compléments. Les deux disques sont logés dans un digipack à trois volets, glissé dans un étui.

Le menu propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono (Dolby Digital 2.0 sur le DVD).

À l’intérieur du digipack, un livret de 32 pages intitulé Wanted Dillinger, s’ouvre sur l’avis négatif du FBI sur le film, sur la simplification de l’histoire de Dillinger, sur le tournage, à la manière d’un western avec des références fordiennes, en Oklahoma sous une mauvaise météo. Suivent la perception de Dillinger par John Milius, le rappel des deux personnages principaux, du choix de Warren Oates et de Ben Johnson, la sortie du film et sa réception par la critique. Le livret se referme sur un entretien, recueilli par Stéphane Chevalier, avec l’acteur Steve Kanaly, un proche de John Milius, l’interprète de Pretty Boy Floyd dans Dillinger. Il se souvient du tournage, de Warren Oates et de Ben Johnson, de l’importance que Milius attachait au choix des acteurs auxquels il laissait une marge d’improvisation. Il évoque les deux autres films où il a joué sous sa direction, Le Lion et le Vent (The Wind and the Lion, 1975) et Big Wednesday (1978), le déroulement de sa carrière d’acteur, marquée par le rôle de Ray Krebbs dans 285 épisodes de la série Dallas.

Dillinger

Bonus - 4,0 / 5

Trois entretiens exclusifs avec Jacques Demange (Positif), Olivier Père (directeur de l’Unité Cinéma d’ARTE France) et Samuel Blumenfeld (Le Monde), conduits en 2022 et 2023 par Jean-Pierre Vasseur, le fondateur de Rimini Éditions.

Sur les deux disques :

Un héros américain (26’), avec Jacques Demange, Olivier Père et Samuel Blumenfeld. Lawrence Gordon, directeur de AIP, propose à John Milius un petit cachet, mais un budget de 1 million de dollars, important pour ce petit studio, pour la réalisation de son premier film à un moment où le genre des gangsters des années 20 renaît depuis le succès de Bonnie and Clyde, avec des héros marginaux mis en avant par le Nouvel Hollywood. John Milius, qui mettait l’histoire avant la forme, oppose Dillinger à Melvin Purvis, deux personnages à l’ego surdimensionné, aussi complémentaires que les deux protagonistes de L’Homme qui tua Liberty Valance (John Ford, 1962). John Milius représente Dillinger, sans masquer ses crimes, comme un héros américain.

Sur le seul Blu-ray :

Le nouvel horizon de John Milius (9’). Selon Jacques Demange, Milius, sans chercher à démontrer son style, visait à réaliser des films pour plaire, avec de l’action et un attachement aux valeurs traditionnelles. Le ton du western est traduit par l’accompagnement musical et de beaux plans larges. Il dépeint Dillinger en « héros de chair et de sang », violent, et crée de l’empathie pour Melvin Purvis, des personnages « entre deux horizons », comme ceux de ses scénarios, Dirty Harry ou Jeremiah Johnson.

John Milius et le mythe fordien (13’). Samuel Blumenfeld esquisse le portrait d’un « machiste assumé », fasciné par les armes à feu, nostalgique d’un passé où les lois laissaient une plus grande liberté d’expression, y compris par les armes. Il disait vouloir filmer les choses, non comme elles sont, mais comme elles devraient être. Dillinger « s’inscrit dans une perspective fordienne », avec des références à La Prisonnière du désert, Les Raisins de la colère et My Darling Clementine.

Suivent trois entretiens repris de l’édition Arrow Films de 2016 :

Dillinger

Le tournage de Dillinger (Shooting Dillinger, 12’). Jules Brenner, chef-opérateur de Dillinger, entré à Hollywood comme électricien, avait été, en 1971, le directeur de la photographie de Johnny Got His Gun, le film de Dalton Trumbo. John Milius ne connaissait rien aux caméras et aux éclairages, mais savait placer les personnages dans le cadre. Il évoque certaines scènes qu’il a particulièrement aimé filmer et livre ses souvenirs du tournage.

Balles et ballades (Bullets and Ballads, 16’). Barry De Vorzon, compositeur de la musique du film, avait vendu sa société de production de disques à Warner Bros. avant de passer trois ans en Europe. À son retour, Stanley Kramer lui offrit en 1970 l’opportunité d’entamer une nouvelle carrière dans la musique de film avec R.P.M. et Bless the Beasts and the Children et de devenir consultant musical pour AIP. Il a entrepris des recherches pour composer un accompagnement musical et trouver la musique additionnelle en cohérence avec l’époque de Dillinger et les lieux qu’il fréquentait, loin des grandes villes. John Milius a souhaité que les scènes violentes soient sans musique, pour plus de réalisme. Il a composé la musique de plusieurs films produits par AIP, dont Les Guerriers de la nuit (The Warriors, Walter Hill, 1979).

Lawrence Gordon, gangster originel (Lawrence Gordon, Original Gangster, 10’). Sachant que John Milius voulait devenir réalisateur, il lui proposa Dillinger, le film le plus cher que le studio ait jusque-là produit. Son succès commercial lui valut d’être embauché par Columbia Pictures.

Bande-annonce (2’25”).

Dillinger

Image - 4,0 / 5

L’image (1080p, AVC), au ratio original 1.85:1, très propre après la restauration opérée en 2016, déploie des couleurs ravivées, agréablement saturées, avec toutefois des tons de peau tendant à virer au rouge dans les plans moins éclairés et une occasionnelle instabilité lumineuse. La résolution est étonnante pour des prises en 16 mm (un peu moins dans les plans en basse lumière) et le grain argentique a été

Dillinger

respecté.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono (Dolby Digital 2.0 sur le DVD), très propre lui aussi, presque sans souffle, assure la clarté des dialogues. Une bonne dynamique et une ouverture de la bande passante satisfaisante, limitée dans les graves, donnent une présence assez réaliste à l’ambiance et à l’accompagnement musical.

Le doublage en français, apparemment non restauré, affecté par du souffle et des crachotements, plaçant trop en avant des dialogues au timbre étouffé, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © American International Pictures

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 15 juillet 2023
La traque par le FBI de l’ennemi public numéro 1 John Dillinger inspira le célèbre scénariste John Milius pour un premier film réussi, rythmé par des scènes d’action particulièrement violentes. Cinquante ans après sa sortie, cette nouvelle édition, enrichie de bonus exclusifs, nous le propose soigneusement restauré, pour la première fois en haute définition.

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