JFK

JFK (1991) : le test complet du Blu-ray

Édition Culte 60ème Anniversaire

Réalisé par Oliver Stone
Avec Kevin Costner, Tommy Lee Jones et Laurie Metcalf

Édité par L'Atelier d'Images

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Le 04/05/2023
Critique

Nouvelle édition rassemblant le documentaire-fiction de 1991, un documentaire de 2011 et sa version condensée et actualisée en 2021.

JFK

Le 22 novembre 1963, John F. Kennedy est assassiné à Dallas. Trois ans plus tard, Jim Garrisson, procureur de la Nouvelle-Orléans, inculpe Clay Shaw, un homme d’affaires qu’il soupçonne d’avoir été impliqué dans l’attentat, officiellement imputé à Lee Harvey Oswald, dont l’assassinat avait mis fin aux poursuites. En dépit des risques, Jim Garrison est déterminé à découvrir la vérité, cachée derrière les incohérences du rapport Warren rendu par la commission d’enquête nommée par le successeur de Kennedy, Lyndon Johnson.

L’édition culte du 60ème anniversaire est constituée de trois éléments : JFK, un long métrage de fiction de 1991, dans le montage de l’édition Warner Bros. de 2001, plus long de 15 minutes que celui de la première édition de 1999, et deux documentaires : JFK - Un destin trahi (JFK - Destiny Betrayed), une minisérie diffusée en 2011, et JFK - L’enquête (JFK Revisited: Through the Looking Glass), une reprise, sortie en 2021, de la minisérie, condensée et mise à jour.

L’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, le 35ème président des USA, a été soumis à l’examen de quatre commissions d’enquête. La première, la Warren Commision, dans laquelle siégeait Allen Dulles ex-directeur de la CIA que Kennedy avait licencié, livrait en 1964, au bout de 10 mois, sa conclusion : l’assassinat avait été commis par le seul Lee Harvey Oswald, un ex-marine, parti deux ans en URSS, soupçonné lors de son retour aux USA d’être communiste et procastriste. Les failles du rapport Warren le rendirent trop peu crédible pour clore l’affaire. Les investigations furent reprises en 1977 par le United States Senate Select Committee to Study Governmental Operations with Respect to Intelligence Activities, dit Church Committee, présidé par Frank Church, sénateur de l’Idaho, puis par le House Select Committee on Associations, dit HSCA, de 1976 à 1978, et par le Assassination Records Review Board, dit ARRB, de 1994 à 1998. L’ouverture des archives encore secrètes (15 584 dossiers) prévue en 2017, fut repoussée à 2021 par Donald Trump et 520 dossiers pourraient encore rester secrets jusqu’en 2029.

JFK

Après sa courte victoire sur Richard Nixon, les choix politiques de John F. Kennedy, en rupture avec ceux de son prédécesseur, Dwight D. Eisenhower, lui valurent de solides inimitiés chez les conservateurs. Notamment, l’annonce de sa volonté d’un retrait progressif des premières troupes engagées au Viêt Nam, son soutien aux mouvements pour l’égalité des droits civiques, réaffirmé par une allocution télévisée le 11 juin 1963, son conflit avec la CIA qu’il accusait de lui avoir menti au moment de l’affaire des missiles soviétiques, son opposition à une invasion de Cuba, son rapprochement de Nikita Khrouchtchev visant un apaisement de la guerre froide.

JFK, sorti en 1991, le neuvième long métrage d’Oliver Stone, huit fois nommé aux Oscars, récompensé par ceux de la Meilleure photographie et du Meilleur montage, Golden Globe du meilleur film, met en images un scénario coécrit par le réalisateur et Zachary Sklar, puisé dans deux sources : On the Trail of the Assassins, publié par Jim Garrison en 1988, et Crossfire: The Plot That Killed Kennedy, par Jim Marrs en 1989.

JFK est centré sur Jim Garrison, procureur de New Orleans qui fut le seul magistrat à engager des poursuites sur l’assassinat de JFK. Il fait arrêter le 1er mars 1967 Clay Shaw, un homme d’affaires qu’il accuse d’avoir été, sous les ordres de la CIA, un des complices de l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy. Oliver Stone a donné un petit rôle dans le film à Jim Garrison qui allait mourir en 1992, un an après sa sortie.

JFK est d’une nature composite. Constitué, pour l’essentiel, par une reconstitution fictionnelle des événements, il est complété par l’insertion de vraies archives et de « fausses archives » fabriquées par Oliver Stone en noir et blanc, au ratio 2.35:1.

Kevin Costner interprète avec assurance Jim Garrison, impressionnant dans son long réquisitoire, à la fin du film. Il a été fait appel à une solide distribution pour les rôles secondaires : Tommy Lee Jones dans celui de Clay Shaw, Gary Oldman dans celui de Lee Harvey Oswald. Mais aussi, Jack Lemmon, Joe Pesci, Walter Matthau, Vincent D’Onofrio, Kevin Bacon, Sissy Spacek, Pruitt Taylor Vince, Tomas Milian…

JFK

JFK - Un destin trahi (JFK - Destiny Betrayed), une minisérie en quatre épisodes réalisée en 2011 par Oliver Stone, faite d’archives filmées commentées par Whoopi Goldberg et Donald Sutherland et de nombreux entretiens entre Oliver Stone et plusieurs historiens, témoins, hommes politiques (parmi lesquels Robert F. Kennedy Jr., le fils de Bob Kennedy).

JFK - L’enquête (JFK Revisited: Through the Looking Glass), diffusé par Showtime en 2021, présenté à Cannes et au Festival du film américain de Deauville, condense les mêmes ingrédients que la minisérie et ajoute de nouveaux éléments mis à jour par le ARRB. Oliver Stone, avec ce dernier film, enfonce encore un peu plus le clou dans sa démonstration que l’assassinat ne pouvait pas avoir été perpétré par une seule personne, mais par un complot ourdi par la CIA.

JFK et les deux documentaires démontrent les incohérences et le manque d’honnêteté du rapport Warren : au moins deux tireurs ont agi et la balle mortelle, celle qui a détruit une partie du cerveau de John F. Kennedy, venait d’un tireur posté devant lui, à droite de la chaussée sur laquelle défilait le cortège de voitures. Ce qui mettait fin à la théorie de la balle magique (magic bullet) qui, tirée de l’arrière, aurait, dans un trajet en zigzag, causé sept blessures sur deux corps, celui du président, et celui du gouverneur John Connally, assis sur la banquette avant.

L’édition culte du 60ème anniversaire ajoute à ces trois films un livret de 28 pages et un lot fourni de bonus. Une ressortie attendue, la dernière édition de 2001 de JFK étant depuis longtemps épuisée.

JFK

Présentation - 3,5 / 5

JFK, L’édition culte du 60ème anniversaire, tirée à 1 000 exemplaires, contient trois Blu-ray BD-50 logés dans un mediabook de 28 pages.

JFK, proposé dans son director’s cut (206 minutes) et ses suppléments (146 minutes, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50. Le menu, propose le film dans sa version originale, l’anglais, avec sous-titres imposés qui auraient pu moins empiéter sur l’image, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

JFK - L’enquête (113 minutes) et ses suppléments (45 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sont proposés en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

JFK - Un destin trahi (4 épisodes d’une durée cumulée de 224 minutes) est proposé dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Le mediabook de 28 pages, abondamment illustré, propose un texte de Samuel Blumenfeld, journaliste au Monde et historien du cinéma. En servant au Viêt Nam, Oliver Stone a été le témoin de massacres et a réalisé que des mensonges l’avaient poussé à s’engager à 19 ans. Ce qui éveilla sa conscience politique : JFK est le premier de trois films sur les présidents des USA, suivi par Nixon en 1995 et W. - L’improbable Président (W.) en 2008, sur George W. Bush, une trilogie dans laquelle Kennedy reste un modèle inégalé. La condamnation par Oliver Stone de l’impérialisme des USA l’a probablement amené à réaliser des documentaires sur des dirigeants contestables et contestés comme Fidel Castro (Comandante - 2003), Hugo Chavez (Mi amigo Hugo - 2014) ou Vladimir Poutine (The Putin Interviews - 2017).

Sont également disponibles deux autres éditions du 60ème anniversaire, sur deux Blu-ray ou sur deux DVD, avec une bonne partie des suppléments vidéo, mais sans la minisérie, ni le livret.

JFK

Bonus - 4,0 / 5

Sur le disque JFK :

Commentaire du film par Oliver Stone (Dolby Digital 2.0) sur le rappel des événements, l’histoire et le rôle des protagonistes, la partition de John Williams. Le réalisateur évoque la mise en scène, présente les acteurs… Un commentaire informatif, intéressant, malheureusement non sous-titré.

De l’idéalisme absolu à la farce, par Jean-Baptiste Thoret (24’, L’Atelier d’Images, 2022). L’assassinat de John F. Kennedy est, avec les attentats du 11 septembre 2001, un des événements marquants de l’histoire des USA. Oliver Stone s’est attaché à révéler tous les détails de l’enquête. On y voit Abraham Zapruder en train de filmer la scène de l’assassinat, un plan de 26 secondes dont chacun des 477 photogrammes sera minutieusement examiné pendant 40 ans, particulièrement le Z313, celui de l’explosion du crâne du président, révélant la présence d’un deuxième tireur, confortant l’hypothèse d’un complot. Ce plan « hantera le cinéma américain », notamment Brian De Palma pour Blow Out. Oliver Stone, dans sa recherche de la vérité, « comble les manques » en fabriquant des archives. JFK marque un tournant dans son cinéma, ce que va confirmer Natural Born Killers, avec un « mélange de sources différentes, (…) un bombardement d’images » d’une impureté délibérée. Kevin Costner, dans son interprétation d’un héros du cinéma de Frank Capra, rappelle James Stewart dans Mr. Smith au Sénat (Mr. Smith Goes to Washington). JFK fut un des premiers films à jeter le doute sur les institutions des USA.

Douze scènes coupées (55’, avec sous-titres), précédées d’un extrait du scénario.

Douze scènes coupées, commentées par Oliver Stone (55’, sans sous-titres). Les mêmes scènes, avec les commentaires du réalisateur. Dommage qu’ils n’aient pas été sous-titrés !

JFK

Bande-annonce originale (2’22”)

Sur le disque JFK - L’enquête :

Entretien exclusif avec Oliver Stone (16’, en français et en anglais, avec sous-titres, L’Atelier d’Images, 2022), enregistré à Deauville en septembre 2021, pendant le festival. Le rapport Warren, concluant à la responsabilité d’un seul homme, honteusement bâclé et déshonnête, ne tenait pas debout. Pour faciliter sa distribution, la durée du documentaire, 4 heures dans le premier montage, a été réduite à 2 heures. Le métrage initial a ensuite été découpé en 4 épisodes pour la minisérie. La CIA, tout au long des enquêtes, a refusé de coopérer à la recherche de la vérité, restant fidèle à Allen Dulles qui pouvait filtrer les informations avant leur divulgation à la Commission Warren. Lee Harvey Oswald servit de bouc émissaire. Le film JFK, sévèrement critiqué par l’establishment et par la presse, attira pourtant un large public et favorisa la réouverture de l’enquête par le ARRB. Ce qui permit d’étaler au grand jour le bâclage de l’autopsie, la disparition de pièces à conviction, notamment du cerveau de Kennedy et d’une balle, remplacée par une autre.

Masterclass d’Oliver Stone à Deauville (39’, en anglais, sous-titré, L’Atelier d’Images, 2022) enregistré en septembre 2021 pendant le festival. Oliver Stone, interrogé par Marc Godin, journaliste et auteur d’ouvrages sur le cinéma, confie qu’il a toujours été choqué par le mensonge depuis son adolescence, quand ses parents lui avaient caché leur intention de divorcer, puis par le mensonge sur la légitimité de la guerre au Viêt Nam, sur les crimes qui y furent commis, sur le doute jeté sur la détermination de Kennedy à retirer les troupes US. Cela relève du rêve de dire que l’Amérique est une démocratie exemplaire et de compter sur l’objectivité de la presse, trop souvent dans la poche des gouvernements et d’institutions comme la CIA ou le Pentagone. Oliver Stone condamne l’impérialisme des USA dont les alliés sont en réalité leurs vassaux.

Espace découverte de L’Atelier d’Images : avec la bande-annonce de Steve Bannon : Le grand manipulateur (The Brink, Alison Klayman, 2019), La Main droite du diable (Betrayed, Costa-Gavras, 1988), Mississippi Burning (Alan Parker, 1988) et U Turn - Ici commence l’enfer (U Turn, Oliver Stone, 1997).

JFK

Image - 4,0 / 5

L’image de JFK (1080p, AVC) au ratio original 2.39:1, lumineuse, bien contrastée, dans une palette de couleurs délibérément peu saturées, affiche une résolution en partie accentuée par un lissage du grain qui laisse une texture agréable. La qualité des inserts est, bien sûr, largement dépendante de leur source et de leur état de conservation.

Ce constat vaut pour l’image des documentaires JFK - L’enquête et de JFK - Un destin trahi (1080i, AVC), constitués d’archives et de séquences prises en 2011.

JFK

Son - 4,5 / 5

L’encodage DTS-HD Master Audio 5.1 est probablement fidèle au format multicanal Dolby SR de la sortie du film en 1991. Très propre, sans souffle, il assure un bon confort d’écoute, la clarté des dialogues et l’aération du bel accompagnement musical de John Williams. Une répartition équilibrée du signal sur les cinq canaux crée une sensation réaliste d’immersion dans l’action, surtout dans les scènes en extérieur.

Ces observations s’appliquent au doublage en français.

Elles valent aussi pour les deux documentaires, JFK - L’enquête et JFK - Un destin trahi, au même format DTS-HD Master Audio 5.1. La composition de ces deux oeuvres, essentiellement à partir d’archives et d’entretiens, donne peu d’occasions d’exploiter l’effet immersif du son multicanal qui profite surtout à l’accompagnement musical.

Crédits images : © Warner Bros, Le Studio Canal +, Regency, Alcor - Ingenious Media, Ixtlan Productions, Pantagruel Productions - The Polone Company, Kushner-Locke Company, Hearst Entertainment Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 6 mai 2023
Oliver Stone a été révolté par les mensonges d’état sur les circonstances de l’assassinat de John F. Kennedy. Soixante ans plus tard, cette remarquable édition française, enrichie de bonus inédits, rassemble toutes les réalisations du cinéaste dans son inlassable quête de la vérité.
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Réal
Le 3 novembre 2007
Pas de commentaire.
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michel
Le 10 septembre 2003
Pas de commentaire.

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