Les Banshees d'Inisherin (2022) : le test complet du Blu-ray

Film chaudement recommandé pour la pureté du scénario et des dialogues, sa beauté formelle et le jeu des acteurs.

Sur Inisherin, une île proche de la côte ouest de l’Irlande, Pádraic est désorienté lorsque son inséparable ami de toujours, Colm, lui annonce soudain qu’il a décidé mettre fin à leur amitié et de ne plus lui parler. Il estime, en sa compagnie, perdre son temps en bavardages aussi ennuyeux qu’inutiles. Pádraic, avec le soutien de sa soeur Siobhán et de Dominic, un jeune un peu simplet, tente de renouer les liens avec Colm qui lui adresse une sérieuse mise en garde s’il continue à lui parler.

Les Banshees d’Inisherin (The Banshees of Inisherin), neuf fois nommé aux Oscars, notamment pour le Meilleur film, le Meilleur scénario original et le Meilleur réalisateur, salué par le BAFTA Award du meilleur film britannique, le Golden Globe du meilleur film et le Prix du meilleur scénario à Venise, est le quatrième long métrage de Martin McDonagh, après Bons baisers de Bruges (In Bruges, 2008), 7 Psychopathes (Seven Psychopaths, 2012) et 3 Billboards - Les panneaux de la vengeance (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, 2017), d’indéniables réussites, tous sélectionnés dans de prestigieux festivals (curieusement jamais à Cannes) et récompensés par près de deux cents prix !

I just don’t like you no more! We lose loads of time in aimless chatting.

Colm veut qu’on se souvienne de lui après sa mort : on oublie la gentillesse des gens, pas leur musique. Pas de temps à perdre en vains bavardages : il doit consacrer toute son énergie à composer une chanson en s’accompagnant au violon ! Après ce qui pourrait être le début d’une comédie, le film tourne vite au drame cruel quand Colm montre par un acte insensé que la mise en garde adressée à Pádraic était à prendre au sérieux.

Les Banshees d’Inisherin, avec des dialogues particulièrement bien écrits par le réalisateur, également dramaturge, auteur de neuf pièces (dont trois formant The Aran Islands Trilogy), raconte une histoire toute simple, d’une infinie tristesse. Une occasion que saisit Martin McDonagh, né à Londres, pour imaginer, au temps de la guerre civile rappelé par le grondement occasionnel du canon sur la « Grande Île » en 1923, la vie d’une petite communauté isolée sur la terre de ses ancêtres, au travers des portraits esquissés de Pádraic et Colm et de quelques personnages secondaires, Siobhán, le policier Peadar Kearney et son fils Dominic, Jonjo Devine, le tenancier du pub et Mrs. McCormick, la Cassandre locale rappelant une des sorcières de Macbeth.

Tous sont interprétés avec justesse et sobriété par des acteurs de souche irlandaise. Colin Farrell, récompensé par un Golden Globe, et Brendan Gleeson avaient déjà ensemble contribué au succès de Bons baisers de Bruges. On remarque aussi Kerry Condon (Siobhán), nommée à l’Oscar du meilleur second rôle et Sheila Flitton (Mrs. McCormick). Nous avions déjà apprécié, aux côtés de Colin Farrell dans l’insolite Mise à mort du cerf sacré (The Killing of a Sacred Deer, Yórgos Lánthimos, 2017), Barry Keoghan dont le talent est confirmé par sa touchante incarnation de Dominic, saluée par le BAFTA Award du meilleur second rôle et une nomination aux Oscars.

Les Banshees d’Inisherin doit aussi beaucoup à la photographie de Ben Davis. Pour sa troisième collaboration avec Martin McDonagh, il a su mettre en valeur l’étrange beauté d’Inishmore (Árainn Mhór, en gaëlique), la plus grande île de l’archipel d’Aran, avec son minuscule port et, dominant la mer, une mosaïque de petits champs entourés de murs de pierres sèches. Le directeur artistique Mark Tildesley a achevé une soigneuse reconstitution des années 20 avec les costumes, les intérieurs, le pub construit en bordure de falaise pour les besoins du film, une barque de pêche, l’attelage de Pádraic…

Souhaitons que l’édition vidéo permette à Les Banshees d’Inisherin, sorti dans nos salles en décembre 2022, d’élargir son public, ce qu’il mérite pour la qualité d’un scénario épuré, la justesse du jeu des acteurs et la beauté de sa photographie.

Les Banshees d’Inisherin (114 minutes) et ses suppléments (23 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans le traditionnel boîtier bleu.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres français, espagnol et anglais pour malentendants, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Piste d’audiodescription Dolby Digital 2.0 en anglais.

La création des Banshees d’Inisherin (18’). Sur fond de nombreux extraits du film et de quelques plans de tournage, Martin McDonagh indique qu’il a écrit le scénario trois ans avant le tournage. « C’est la troisième partie floue de ma trilogie sur l’île, après The Lieutenant of Inishmore et The Cripple of Inishmaan ». Il loue le talent de Brendan Gleeson, Colin Farrell et Kerry Condon qui leur renvoient l’ascenseur en soulignant sa maîtrise de l’écriture et de la mise en scène. Martin McDonagh connaît bien Kerry Condon après une collaboration de 17 ans sur les scènes de théâtre. Après l’écriture des dialogues, l’élaboration du storyboard fut une phase essentielle de la création du film dont la préparation s’est étalée sur un an. Ce documentaire aurait gagné à être élagué des commentaires sur les personnages et des échanges de compliments qui prennent trop de temps sans ajouter grand-chose au visionnage du film.

Cinq scènes coupées (5’).

Ces deux suppléments sont repris de l’édition américaine sortie en décembre 2022.

L’image numérique, capturée par une caméra Arri Alexa Mini LF, au ratio original de 2.39:1, d’une qualité irréprochable, avec une résolution révélant tous les détails des gros plans et des plans larges de paysages sur toute la profondeur du champ, déploie une délicate palette de couleurs. Le plaisir est garanti dans toutes les conditions d’éclairage, sous le soleil ou la douce lumière des ciels plombés et par les magnifiques clairs-obscurs de la plupart des scènes en intérieur.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1, avec une large bande passante et une bonne dynamique, assure la clarté des dialogues et délivre les airs folkloriques et l’accompagnement musical avec finesse. Une répartition équilibrée du signal sur les cinq canaux et le caisson de basses crée une convaincante impression d’immersion dans l’ambiance.

Crédits images : © Searchlight Pictures, Film4, Blueprint Pictures, TSG Entertainment, Metropolitan Films International