L'Homme au bras d'or (1955) : le test complet du Blu-ray

The Man with the Golden Arm

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Otto Preminger
Avec Frank Sinatra, Eleanor Parker et Kim Novak

Édité par Elephant Films

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Le 28/09/2023
Critique

Première édition en haute définition d’un des films affirmant l’indépendance d’esprit d’Otto Preminger et le talent de Frank Sinatra acteur.

L'Homme au bras d'or

Après une cure de désintoxication de six mois, Frankie Machine retrouve son épouse Zosh, clouée depuis trois ans à sa chaise roulante après un accident de la route, et le quartier de Chicago où il était connu sous le nom de « Dealer » : son habileté manuelle lui avait valu de distribuer les cartes dans les grosses parties clandestines de poker organisées par Schwiefka qui lui propose aussitôt de reprendre du service. Son retour est aussi remarqué par Louie, un dealer de drogue dont il était un client régulier. Mais Frankie a appris à jouer de la batterie pendant sa cure : son ambition est d’intégrer un grand orchestre de jazz…

L’Homme au bras d’or (The Man with the Golden Arm), réalisé par Otto Preminger en 1955, est adapté d’un roman publié en 1949 par Nelson Algren. À la demande du réalisateur, de significatives modifications furent apportées à la source d’inspiration par les scénaristes Walter Newman et Lewis Meltzer et par une révision en sous-main du scénario par le grand Ben Hetch qui avait déjà contribué à l’écriture de quatre de ses films, parmi lesquels Mark Dixon, détective (Where the Sidewalk Ends, 1950) et Un si doux visage (Angel Face, 1952).

L’Homme au bras d’or posait un sérieux problème. Non content de s’adonner aux drogues dures, son personnage principal trompait effrontément son épouse, deux vices rédhibitoires pour la MPAA (Motion Picture Association of America) qui délivrait les visas d’exploitation des films en se référant au Motion Picture Production Code, communément appelé Code Hays, créé par elle en 1930 et entré en vigueur en 1934.

Otto Preminger, conforté par la notoriété qu’il avait acquise depuis le succès de Laura en 1944, refusa de céder aux nombreuses demandes de mutilation du scénario exigées par la MPAA et réussit à convaincre United Artists de produire le film et de prendre le risque de le distribuer « unrated », sans visa, hors des circuits officiels. Un pari risqué, mais gagné : L’Homme au bras d’or, plutôt bien reçu par la critique, rapportera plus de quatre fois son coût de production et sera trois fois nommé aux Oscars, pour la direction artistique de Joseph C. Wright et Darrell Silvera, pour l’interprétation masculine de Frank Sinatra, pour la mémorable composition originale d’Elmer Bernstein. Dès que l’écran s’éclaire, on reconnaît la patte de Saul Bass, le concepteur du générique, avec un graphisme qu’il reprendra pour Autopsie d’un meurtre.

L’Homme au bras d’or permet à Otto Preminger, aidé par le talent de Sam Leavitt chef-opérateur de cinq autres de ses films, notamment de Tempête à Washington (Advise & Consent, 1962) et d’Autopsie d’un meurtre (Anatomy of a Murder, 1959), de confirmer sa maîtrise de la mise en scène et l’efficacité de sa direction d’acteurs en offrant à Frank Sinatra l’opportunité d’une de ses toutes meilleures performances : il a raté de peu la statuette qui fut attribuée à Ernest Borgnine pour Marty (Delbert Mann, 1955).

L’Homme au bras d’or vient enrichir la fabuleuse collection Collection Cinéma MasterClass lancée par Elephant Films, un filon d’or pour les amateurs du cinéma de patrimoine des USA ou d’ailleurs.

L'Homme au bras d'or

Présentation - 2,0 / 5

L’Homme au bras d’or (119 minutes) et son supplément (20 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD-9 logés dans un boîtier glissé dans un fourreau, non fourni pour le test, effectué sur le seul Blu-ray.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Bonus - 3,5 / 5

Le film par Eddy Moine (2023, 20’), journaliste spécialisé dans le cinéma, fils d’Eddy Mitchell. Les droits d’adaptation du roman furent achetés par John Garfield dès 1949 mais le projet resta « aux oubliettes » après le refus d’approbation du scénario par la Production Code Authority. Otto Preminger rachète les droits en 1955 et United Artists accepte de distribuer le film avec une clause de retrait si le scénario était recalé par la censure. Eddy Moine rappelle l’élaboration du scénario, initialement confiée à Nelson Algren, puis passe en revue la carrière de Preminger, ses débuts en Autriche, son arrivée aux USA en 1935, le succès de Laura, l’indépendance qu’il acquiert en devenant son propre producteur à partir de 1953. Suit un coup de projecteur sur la distribution, sur le tournage de six semaines en studio. Le succès du film, remarquable aux USA, fut modeste en France avec 600 000 entrées. Son défi à la censure « ouvrira la voie » à Nicholas Ray pour Bigger Than Life en 1956, à Fred Zinnemann pour A Hatful of Rain et à André De Toth pour Monkey on My Back en 1957, trois autres films sur l’addiction à la drogue…

Un utile complément, sérieusement documenté.

Bandes-annonces de la collection : La Victime (Victim, Basil Dearden, 1961), Faux monnayeurs (Outside the Law, Jack Arnold, 1956), Pour toi j’ai tué (Criss Cross, Robert Siodmak, 1949) et Meurtre sans faire-part (Portrait in Black, Michael Gordon, 1960).

L'Homme au bras d'or

Image - 3,0 / 5

L’image (1080p, encodage AVC) s’affiche au ratio 1.37:1, bien qu’elle ait été recadrée à 1.85:1 et à 1.66:1 au fil du temps pour la distribution en salles ou pour certaines éditions vidéo aux USA (toutes au ratio 1.33:1, en France, jusqu’ici). Aucune information n’est donnée sur la restauration qui a effacé l’essentiel des marques de dégradation de la pellicule en n’épargnant que d’occasionnelles petites taches ou fines rayures. Bonne stabilité d’ensemble, hormis quelques légères fluctuations lumineuses. L’étalonnage du dégradé de gris, cohérent tout au long du métrage, propose des contrastes moyens, là où on aurait aimé des blancs plus lumineux et des noirs plus denses. Autre bémol pour l’excès de lissage du grain, surtout ressenti sur les visages en gros plan.

Son - 4,0 / 5

Le son mono d’origine, après encodage DTS-HD Master Audio 2.0, assez propre, sans craquements dus à une probable détérioration de la pellicule et pratiquement sans souffle, assure la clarté des dialogues, en dépit de leur timbre occasionnellement caverneux, délivre correctement la partition d’Elmer Bernstein et donne une présence réaliste à l’ambiance.

Ce constat s’applique au doublage en français, avec des dialogues au timbre plus clair, mais manquant de naturel.

Crédits images : © Carlyle Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 29 septembre 2023
Otto Preminger brave les tabous du code Hays avec un personnage principal accro aux drogues dures, s’adonnant aux jeux clandestins et trompant effrontément son épouse. Salué par la critique et le public, ce film offrit à Frank Sinatra un de ses meilleurs rôles. Cette première édition en haute définition vient enrichir la Collection Cinéma MasterClass lancée par Elephant Films, une mine d’or pour les amateurs des grands classiques.
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P. de Melun
Le 27 février 2021
Une descente aux enfers implacable d’un ancien drogué qui replonge, poussé par des malfrats qui l'entourent. Dans le rôle principal, Frank Sinatra, superbe, dévoilant une fragilité qui le rend attachant. La fin est juste un peu décevante et inaboutie. C’est un peu dommage.

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