L'Île rouge (2023) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Robin Campillo
Avec Nadia Tereszkiewicz, Quim Gutiérrez et Charlie Vauselle

Édité par Memento Distribution

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Le 11/12/2023
Critique

Début des années 70, sur une base de l’armée française à Madagascar, les militaires et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme.

L'Île rouge

L’Île rouge, sorti dans nos salles le 31 mai 2023, est le quatrième film de Robin Campillo. Il avait fait une entrée remarquée en 2004 avec Les Revenants, Prix Orizzonti du meilleur film à Venise (brillamment décliné sous forme de série par Fabrice Gobert et Frédéric Mermoud en 2012 et 2015). À nouveau, Eastern Boys remporta en 2013 le Prix Orizzonti du meilleur film avant que 120 battements par minute ne consolide la notoriété du réalisateur en 2017 : sélectionné dans de nombreux festivals, il fut distingué par une cinquantaine de prix, dont le Grand prix du jury et le Prix FIPRESCI à Cannes, le Prix du meilleur film français du SFCC, le Prix Lumière et le César du meilleur scénario original.

Le scénario de L’Île rouge, coécrit par Robin Campillo, Gilles Marchand et Jean-Luc Raharimanana, est, comme l’avait été celui du film précédent, en partie nourri par les souvenirs du réalisateur qui passa deux années de son enfance près de Tananarive, dans une base aérienne où avait été affecté son père sous-officier. Il avait alors l’âge de Thomas, le personnage principal du film.

L'Île rouge

Bienvenue sur la Base 181, le lieu de tous les plaisirs !

L’Île rouge s’ouvre, assez curieusement, sur l’attaque par trois vilains masqués de Fantômette, l’héroïne préférée de Thomas. Gamin curieux, il a « l’oeil qui traîne ». Avec sa copine Suzanne, il épie les adultes « à des moments où ils n’ont pas envie d’être regardés », souvent par les claires-voies entre les planches d’une caisse de déménagement, son repaire dans le jardin. Ce qui leur permet de « découvrir des choses » et de nous donner sa vision de son environnement, impressionniste, mais révélatrice de l’artificialité d’un microcosme, « d’un paradis truqué, d’un paradis volé », dans la bonne conscience donnée par les accords d’indépendance signés avec Madagascar en 1960. Un paradis qui ne répondait toutefois pas aux attentes d’Odile, fraîchement arrivée de Nancy : « Il y a des trucs qui me manquent, les rues, les gens, les bonjours le matin, les chemins qu’on fait sans s’en rendre compte, les visages qu’on reconnaît. Tout ça, quoi. »

Il faut attendre les dix dernières minutes du film pour qu’on quitte le paradis pour un autre monde parallèle, pour un retour à la réalité, plus rude, de la vraie Île rouge, Madagascar, secouée par des mouvements sociaux brutalement réprimés. On ne saura pas ce que deviendront les personnages du film quand ils vont quitter l’île et être séparés, au gré des affectations décidées par le ministère des armées.

L'Île rouge

Y a plus d’endroits comme ici où on peut aller. C’est fini…

C’est dans ces dernière minutes que le spectateur se retrouve au milieu des Malgaches venus acclamer à l’aéroport la sortie de prison d’opposants arrêtés avec un appui militaire français des troupes malgaches lors de la répression d’une rébellion des paysans. Avant cette fin, le film faisait de « L’Île rouge » une belle toile de fond, donnait l’impression que les deux communautés y vivaient en parallèle, sans jamais se rencontrer : au cours d’un barbecue festif, le jardinier malgache est prié de sortir du champ de vision des invités.

L’Île rouge bénéficie de la belle photo de Jeanne Lapoirie, chef-opératrice de près d’une centaine de films (dont cinq de François Ozon et de deux autres de Robin Campillo, Eastern Boys et 120 battements par minute) et d’une belle distribution avec Nadia Tereszkiewicz, vue récemment dans [PROGRAM()] de François Ozon, et Quim Gutiérrez, l’acteur espagnol que nous avions découvert dans La Jeune fille et la brume (La Niebla y la doncella, Andrés M. Koppel, 2017). Le réalisateur a réussi à faire oublier la présence de la caméra aux deux enfants.

L’Île rouge vient s’ajouter au catalogue vidéo de Memento Films auquel venaient de s’ajouter deux films dépaysants, La Conspiration du Caire (Walad min al-Janna, Tarik Saleh, 2022) et Burning Days (Kurak günler, Emin Alper, 2022).

L'Île rouge

Présentation - 2,0 / 5

L’Île rouge (117 minutes) tient sur un Blu-ray BD-50 logé dans un fin Digipack.

Le film est proposé dans sa langue originale, le français, avec une dernière partie en malagasy sous-titré, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Piste d’audiodescription DTS-HD Master Audio 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Une édition DVD est disponible.

Bonus - 0,0 / 5

Aucun supplément.

L'Île rouge

Image - 5,0 / 5

L’image numérique 1080p, AVC, prise avec une caméra Arri Alexa Mini, au ratio 1.37:1 (soulignant le confinement dans la base militaire), lumineuse, bien contrastée avec des noirs denses, déploie des couleurs naturelles, joliment saturées et étalonnées avec soin. Le confort du visionnage est assuré dans toutes les conditions d’éclairage.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 restitue clairement les dialogues et une bonne dynamique donne une bonne présence à l’ambiance, cantonnée dans le plan frontal par une très faible sollicitation des canaux latéraux.

Crédits images : © Memento Distribution

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 11 décembre 2023
Des souvenirs d’enfance servent de prétexte à Robin Campillo pour faire revivre les illusions encore entretenues chez quelques-uns au début des années 70 par une survivance du passé colonialiste de la France.

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