Reality (2023) : le test complet du Blu-ray

Trois acteurs debout dans une pièce vide : un dispositif minimaliste, mais efficace, pour un thriller angoissant !

Le 3 juin 2017, deux agents du FBI se présentent au domicile de Reality Winner, ex-membre de l’US Air Force, maîtrisant les trois langues parlées en Afghanistan, traductrice salariée de Pluribus International Corporation, un sous-traitant de la NSA. Les deux agents, munis d’un mandat de perquisition, lui demandent si elle est d’accord pour répondre à leurs questions chez elle. Pendant que dix autres fouillent sa maison, debout dans une pièce vide de tout meuble, la jeune femme va subir l’interrogatoire des deux hommes au terme duquel elle sera arrêtée pour divulgation d’informations secrètes…

Reality, sorti dans nos salles en août 2023, le premier film de Tina Satter, est l’adaptation qu’elle a faite de sa pièce Is This a Room, montée à New York en janvier 2019, relatant mot pour mot l’interrogatoire par le FBI de la lanceuse d’alerte Reality Winner, ex-membre de l’US Air Force, suspectée d’une violation de la loi réprimant l’espionnage, alors qu’elle travaillait pour un sous-traitant de la NSA. Elle sera condamnée à cinq ans de prison pour avoir divulgué à un site Internet des informations sur l’interférence de la Russie de Vladimir Poutine en faveur de Donald Trump pendant l’élection présidentielle de 2016.

Reality repose sur un choix de mise en scène peu conventionnel, en forme de défi : trois acteurs plantés dans une petite pièce complètement vide, enregistrés pendant presque toute la durée du métrage, presqu’en temps réel. Pourtant, avec ce dispositif minimaliste, la réalisatrice expose la fragilité de la jeune femme confrontée, sans la moindre assistance, à une douzaine d’hommes et réussit à créer une ambiance de thriller avec la montée progressive d’un climat anxiogène.

Reality, diffusé aux USA sur la plateforme HBO en mai 2023, a été sélectionné dans plusieurs festivals, notamment à Berlin dans la section meilleur premier film, doit aussi beaucoup aux trois acteurs, principalement à Sydney Sweeney qui sait communiquer subtilement ses émotions, sa déstabilisation progressive par les manipulations cauteleuses des deux interrogateurs.

Ce premier grand rôle permet à Sydney Sweeney de donner toute la mesure de son talent. On ne tardera pas à la revoir dans trois films toujours encore en production au moment où s’écrivent ces lignes, dont Eden, réalisé par Ron Howard.

Reality (82 minutes) et ses maigres suppléments (6 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9, logés dans un Digipack à trois volets.

Le film est proposé dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1 (Dolby Digital 5.1 sur le DVD).

À l’intérieur du Digipack, un livret de 20 pages s’ouvre sur une introduction de Nicolas Rioult soulignant « l’aspect lynchien du film : l’interrogatoire se déroule dans une pièce vide et sordide, policiers et suspecte sont debout et figés, comme plantés dans le sol ». Tina Satter confie à Éloïse Rocca et Nicolas Rioult, qu’après avoir téléchargé sur le net la transcription de l’interrogatoire, elle a immédiatement perçu la possibilité de l’utiliser pour monter une pièce sur une affaire importante à laquelle la presse n’avait donné qu’un faible d’écho, puis de l’adapter pour l’écran : « le cinéma permet d’entrer plus en profondeur dans l’intimité de Reality et de mieux capter ce qu’elle ressent » …

Qui est vraiment Reality ? (4’). Après une courte présentation par Tina Satter et Sydney Sweeney, Reality Winner, six ans après son arrestation suivie de quatre ans de prison et de trois ans en liberté conditionnelle, dit ne pas correspondre à l’image que le gouvernement a donnée d’elle. Elle se souvient d’avoir été prise au dépourvu le 3 juin 2017, sans pouvoir imaginer la gravité du sort qui allait lui être réservé. Elle a décidé de fonder une association pour la réforme du système pénal des mineurs.

Bande-annonce de Reality (2’05”).

Bandes-annonces de Shadow in the Cloud (Roseanne Liang, 2020), Queens (Hustlers, Lorene Scafaria, 2019), Misanthrope (Damián Szifron, 2023), Private War (A Private War, Matthew Heineman, 2018), À la dérive (Adrift, Baltasar Kormákur, 2018), Scandale (Bombshell, Jay Roach, 2019), Freeway (Matthew Bright, 1996).

L’image numérique, au ratio origine de 2.00:1, encodée au standard 1080p, AVC, est lumineuse, bien résolue, agréablement contrastée, avec un délicat étalonnage des tons de peau dans les nombreux gros plans des visages. Du grain a été ajouté en postproduction.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 restitue avec clarté les dialogues dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical, une exigence essentielle pour ce type de film. Le signal est réparti avec cohérence sur les cinq canaux.

Ces observations valent pour le doublage en français, au même format.

Crédits images : © Mickey & Mina LLC