Waterloo (1970) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Sergueï Bondartchouk
Avec Rod Steiger, Christopher Plummer et Orson Welles

Édité par Colored Films

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Le 15/01/2024
Critique

Une reconstitution fidèle et spectaculaire de la bataille qui sonna le glas de l’aventure napoléonienne. Un modèle du genre !

Waterloo

Après s’être enfui de l’île d’Elbe, Napoléon regagne Paris. Il décide d’attaquer Anglais et Prussiens en Belgique, à Waterloo. Mais l’arrivée du commandant Blücher inflige une cruelle défaite aux français, au terme d’un gigantesque carnage.

Waterloo, sorti en 1970, a été réalisé par Sergueï Bondatchouk, quatre ans après l’achèvement de son chef-d’oeuvre, Guerre et Paix (Voyna i mir), réédité une dizaine de jours plus tôt par Potemkine Films.

Le scénario, l’adaptation par son auteur, l’écrivain et journaliste irlandais H.A.L. Craig, de l’ouvrage Waterloo, publié en 1970, avec la collaboration du réalisateur et du scénariste italien Vittorio Bonicelli, nommé aux Oscars pour Le Jardin des Finzi Contini (Il Giardino dei Finzi Contini, Vittorio De Sica, 1970). L’oeuvre de H.A.L. Craig inspira à Moustapha Akkad deux grands films, Le Message (The Message / Al-risâlah, 1976) et Le Lion du désert (The Lion of the Desert, 1980, toujours en attente d’une édition vidéo en France).

Waterloo est une coproduction entre Mosfilm et Dino De Laurentiis qui avait produit, avec Carlo Ponti, le Guerre et paix (War and Peace), réalisé par King Vidor en 1956, un énorme succès commercial planétaire, avec 32 millions d’entrés en URSS.

Waterloo

L’histoire de Waterloo commence avec « les adieux de Fontainebleau » quand Napoléon, après l’échec de la campagne de Russie, la défaite de Leipzig et l’entrée à Paris des troupes de l’alliance formée entre le Royaume Uni, la Prusse, la Russie et l’Autriche, est contraint de signer son abdication le 6 avril 1814, avant d’être exilé sur l’Île d’Elbe, entre la Corse et l’Italie.

Next to a battle lost, the saddest thing is a battle that has been won

« À côté d’une bataille perdue, rien n’est plus triste qu’une bataille gagnée », une citation du duc de Wellington, est emblématique de la dimension humaniste du film. À côté d’une reconstitution aussi fidèle que possible du déroulement de la bataille par des plans très larges, les horreurs et l’absurdités de la guerre surgissent dans une brutale succession de gros plans.

Waterloo confirme la maîtrise de Sergueï Bondartchouk à organiser, cadrer et mettre en scène des séquences mobilisant des centaines, voire des milliers de figurants, qu’il avait déjà démontrée en 1965 dans son deuxième film, Guerre et paix, en reconstituant les batailles de Schöngrabern, d’Austerlitz et de Borodino. La « reconstruction » de la bataille de Waterloo est à la fois spectaculaire et fidèle à la vérité historique, ce qu’atteste l’historien cinéphile Yohann Chanoir dans le supplément de cette édition.

Waterloo

Sergueï Bondartchouk tire efficacement parti des moyens mis à la disposition de la production qui ont permis le recrutement d’une foule de figurants, la confection d’uniformes, la réplique d’une profusion d’armes et de pièces d’artillerie fidèlement reproduites et le tournage d’impressionnantes charges de cavalerie. Waterloo surpasse ainsi deux récentes reconstitutions réussies de la fameuse bataille, par Dominique Mougenot dans la minisérie documentaire-fiction Napoléon : De l’histoire à la légende 1769-1821 et par James Strong et Jonathan Entwistle dans la minisérie La Foire aux vanités - Mini-série intégrale (Vanity Fair, 2018).

Waterloo bénéficie, en outre, d’une excellente distribution avec Rod Steiger, intense sous le bicorne de Napoléon, avec Christopher Plummer dans le rôle du duc de Wellington, Jack Hawkins dans celui du général Thomas Picton et Orson Welles dans une brève incarnation de Louis XVIII. L’accompagnement musical de Nino Rita, qui avait composé celui du Guerre et paix de King Vidor, est un autre atout du film.

Waterloo, un succès populaire en URSS, fut pourtant boudé en France et aux USA. C’est pourtant, pour la qualité d’une mise en scène spectaculaire de la bataille, pour son réalisme et pour l’épaisseur qu’il donne aux personnages, un film majeur.

Waterloo

Présentation - 1,5 / 5

Waterloo (134 minutes) tient sur un Blu-ray BD-50 logé dans le traditionnel boîtier bleu glissé dans un fourreau.

Le film est proposé dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 stéréo, ainsi que dans un doublage en français DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo.

Pas de nouvelle édition DVD : celle de 2015 est toujours disponible.

Bonus - 3,5 / 5

Waterloo, une bataille historique (ESC Éditions, 2023, 32’). Yohann Chanoir, historien et enseignant à Sciences-Po, rappelle le parcours de Napoléon Bonaparte jusqu’à son affrontement à Waterloo, à la tête de 75 000 soldats, de 68 000 Britanniques et 78 000 Prussiens. Le récit qu’en fait Yohann Chanoir atteste de la fidélité à l’histoire de sa « reconstruction, la plus réaliste jamais faite » de la bataille de Waterloo par Sergueï Bondartchouk qui s’est sérieusement référé à plusieurs sources et aux conseils du consultant Willoughby Gray, descendant d’un des officiers engagés contre les Français. La reconstitution minutieuse du champ de bataille, en Ukraine, là où Bondartchouk avait tourné Guerre et paix en 1965, a absorbé le tiers du budget. 1 600 fantassins et 1 500 cavaliers furent mobilisés, avec des uniformes, du matériel et des armes fournis par l’URSS. Les autres scènes furent prises à Cinecittà et dans des palais italiens. L’ampleur des moyens fournis se mesure à la qualité du casting et de l’équipe, dans laquelle se distingue la costumière Maria de Matteis. Le film est aussi « une véritable réflexion sur le guerre ». Ce fut pourtant un échec commercial : il ne rapporta que 4,8 millions de dollars aux USA, moins de trente fois son coût.

Un intéressant et utile complément du film !

Bande-annonce (3’31”).

Waterloo

Image - 4,5 / 5

L’image 1080p, AVC, au ratio original 2.35:1, après restauration, probablement celle utilisée pour la première édition en haute définition sortie aux USA par Imprint No 5 en mai 2020, très propre, avec des couleurs ravivées, une bonne résolution et la préservation du grain de la pellicule, mériterait la note maximale si on ne relevait pas, çà et là, quelques fluctuations de l’étalonnage.

Waterloo

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo), très propre lui aussi, avec une forte dynamique, une répartition équilibrée du signal sur les cinq canaux et une belle ouverture de la bande passante sollicitant à plusieurs reprises le caisson de basse, reproduit efficacement le son 6 pistes de la version 70 mm de la sortie en salles.

Le doublage en français, au format DTS-HD Master Audio 2.0, affecté par un fort souffle, plaçant trop en avant les dialogues au détriment de l’ambiance, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Dino De Laurentiis, Mosfilm

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 16 janvier 2024
Sergueï Bondartchouk a tiré le meilleur profit des importants moyens d'une coproduction entre l’Italie et l’URSS pour réaliser une fidèle reconstitution de la fameuse bataille, la suite du monumental Guerre et paix, son chef-d’œuvre sorti quatre ans plus tôt, tout récemment réédité en haute définition.

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