Dans la ligne de mire (1993) : le test complet du 4K UHD

Une tentative d’attentat contre le président des USA pour un thriller efficace, sorti 30 ans après l’assassinat du président Kennedy.

Frank Horrigan, agent des Services Secrets, est hanté par le souvenir d’un échec douloureux. Il faisait partie de la brigade chargée de la protection de John Fitzgerald Kennedy. Trente ans plus tard, il est à nouveau appelé à assurer la protection rapprochée du président des États-Unis qui entre en campagne de réélection…

Dans la ligne de mire (In the Line of Fire), sorti en 1993, trente ans après l’assassinat du président Kennedy, nommé pour trois Oscars, ceux du Meilleur scénario, du Meilleur montage et du Meilleur second rôle pour la prestation de John Malkovich, est la mise en image d’un scénario original de Jeff Maguire par Wolfgang Petersen qui commença sa carrière de réalisateur en Allemagne jusqu’à ce que le succès de Das Boot - Le Bateau (1981, décliné en minisérie en 1985) lui ouvre les portes de Hollywood et lui permette de créer plusieurs succès populaires : L’Histoire sans fin (The Neverending Story, 1984), En pleine tempête (The Perfect Storm, 2000) et un peplum à budget homérique, Troie (Troy, 2004), avec Brad Pitt en tête d’affiche.

Dans la ligne de mire repose que sur le seul affrontement sans merci de deux hommes, le président des USA, dont on ignore le nom, ne faisant que quelques brèves apparitions. Le personnage le plus développé est celui de Frank Horrigan, aussi incontrôlable que Harry Callahan, le Dirty Harry de la saga lancée en 1971 par Don Siegel, mais plus respectueux de l’éthique que le flic de la crim’ de San Francisco. L’autre est Mitch Leary, un homme mystérieux, caché sous le nom d’un mort dont il a usurpé l’identité. Ils ont en commun un sens aigu du devoir, la volonté d’accomplir leur mission jusqu’au péril de leur vie.

Dans la ligne de mire est soutenu par un judicieux choix d’acteurs. Clint Eastwood donne une sacrée présence à Frank Horrigan et fait ressentir la souffrance que lui imposent les efforts physiques qu’il doit faire en approchant de l’âge auquel il devra se retirer. Mitch Leary, un inquiétant psychopathe protéiforme, est incarné par John Malkovich, un des rôles les plus spectaculaires qu’il ait tenus à ce jour. Il faut également saluer la performance, dans l’emploi de second couteau, de Dylan McDermott qui brillera en 1997 dans l’excellente série The Practice dont 20th Century Fox n’a, curieusement, édité en France que la première des huit saisons. Rene Russo, quant à elle, est surtout là pour la décoration, sans l’opportunité de démontrer son talent que lui offrira Night Call (Nightcrawler, Dan Gilroy, 2014).

Bien photographié, rythmé par des scènes d’action bien mises en scène et par un montage efficace, Dans la ligne de mire reste, trente ans après sa sortie, un spectacle prenant, sans temps mort, avec de longs moments de suspense.

Dans la ligne de mire était introuvable depuis l’épuisement de la médiocre édition Blu-ray de 2008. Mieux construit qu’Angles d’attaque (Vantage Point, Pete Travis, 2008), sur un thème voisin, il méritait de réapparaître dans nos catalogues, cette fois en UltraHD, après une remarquable remasterisation 4K opérée par Sony Pictures pour l’édition sortie aux USA en juin 2021.

Dans la ligne de mire (128 minutes) et ses suppléments (58 minutes, sans compter le commentaire audio) tiennent sur un Blu-ray UHD trois couches BD-100 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un Blu-ray BD-50, dans un boîtier noir glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, au format audio Dolby Atmos avec un core Dolby TrueHD 7.1, et dans un doublage en dix autres langues, dont le français au format DTS-HD Master Audio 5.1.

Sous-titres dans 18 langues, dont le français et l’anglais.

Ces suppléments sous-titrés, repris de l’édition DVD sortie par Sony Pictures en 2001, sont tous supportés par chacun des deux disques.

Commentaire audio de Wolfgang Petersen (sous-titré), avec la participation du producteur J.M. Kinney qui pose les questions. Ce commentaire, enregistré plusieurs années après la sortie du film pour l’édition de 2001, présente les acteurs, évoque des anecdotes du tournage, la conception des effets visuels et des cascades, la mise en scène des séquences rassemblant jusqu’à 3 000 figurants, la contribution du chef-opérateur John Bailey, du scénariste Jeff Maguire, la bonne réception du film…

Dans les coulisses des Services Secrets (20’, 1.33:1, Showtime, 1993), avec Bob Snow, ex-directeur adjoint des Services Secrets des USA, conseiller technique de Dans la ligne de mire, des membres de l’équipe du film et quelques agents des Services Secrets. Une présentation des Services Secrets, de leur historique, de leur mission, de l’entraînement des agents… Un peu trop de place a été accordée aux déclarations des membres de l’équipe du film et aux extraits de scènes qui n’apportent rien au sujet.

L’ultime sacrifice (22’, 1.33:1, Columbia Pictures, 2000). Pour le scénariste Jeff Maguire, Frank Horrigan et Mitch Leary sont les deux facettes d’un même personnage. La fiction est ancrée, avec la coopération des Services Secrets, dans une réalité historique, celle de l’assassinat de Kennedy. Avec Bob Snow, ex-directeur adjoint des Services Secrets, des agents de cette institution et des membres de l’équipe du film. Là encore, certaines interventions, particulièrement celles des acteurs, allongent inutilement la durée de ce complément qui, d’autre part, contient des redites avec le précédent.

Effets visuels (5’, 1.33:1, Columbia Pictures, 1993). Certaines scènes ont été reconstituées avec des archives de la campagne présidentielle de Bill Clinton, retouchées numériquement, sur lesquelles ont été insérées des acteurs.

Attraper les faussaires (5’, 1.33:1, Columbia Pictures, 2000). Kevin Foley, directeur adjoint des Services Secrets et d’autres agents, en écho à la première scène du film, évoquent la lutte contre les faux-monnayeurs, auxquels l’informatique a procuré de nouveaux moyens, combattus par plusieurs procédés, notamment par l’intégration de filigranes…

Cinq scènes coupées (5’, 4/3, 1993).

Bandes-annonces d’Angles d’attaque (Vantage Point, Pete Travis, 2008) et de la première saison de l’excellente saga Damages (2007-2012, 59 épisodes).

La nouvelle remasterisation 4K de l’image (2160p, HEVC - HR10), au ratio d’origine 2.39:1, donne un gain spectaculaire de définition, tant dans les plans larges que dans les gros plans sur les visages. La gestion du grain concilie idéalement le profit à tirer de l’UHD et le respect de la texture argentique. De plus, le renforcement de la luminosité et de la profondeur des noirs améliore très agréablement les contrastes. Enfin, le ravivement des couleurs et de leur densité saute aux yeux.

Le nec plus ultra de ce que peut offrir l’UHD !

Le remixage Dolby Atmos, testé sous le format Dolby TrueHD 7.1, est cohérent avec le son d’origine 6 pistes de la version 70 mm. Il donne aux dialogues clarté et naturel et une belle ampleur à la composition originale d’Ennio Morricone. Une convaincante sensation d’immersion dans l’ambiance est assurée par le ferme appui des canaux latéraux et arrière, avec le renfort approprié du caisson de basses.

Le doublage en français bénéficie d’un son multicanal assez efficace, DTS-HD Master Audio 5.1, mais sans la profondeur du son original. D’autre part, les dialogues, manquant souvent de naturel, sont moins bien intégrés à la piste sonore.

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