Réalisé par Dino Risi
Avec
Vittorio Gassman, Alessandro Momo et Agostina Belli
Édité par TF1 Studio
Dino Risi, disparu en 2008, a probablement réalisé, sur un
scénario de comédie douce-amère adapté du roman de Giovanni
Arpino, « Il buio e il mare », son meilleur film, couronné de
plusieurs récompenses, dont le César du meilleur film étranger ;
le même film a valu à Vittorio Gassman le prix d’interprétation
masculine à Cannes. Cette même histoire a été, à nouveau,
adaptée avec bonheur par Martin Brest, dans son film
Le Temps d’un week-end, tout récemment réédité, avec Al
Pacino dans la rôle principal.
Fausto est au centre de tout le récit. Sa personnalité complexe,
marquée par un douloureux combat entre l’image qu’il veut
donner de lui, celle d’un homme arrogant, cynique, amer,
agressif et une réelle fragilité intérieure, accentuée par
l’isolement auquel le contraint son handicap (cécité), en dépit des
efforts qu’il a déployés pour le compenser. Rien, en effet, ne
lui échappe : il « voit avec ses oreilles » les moindres
mouvements de Giovanni et sent, bien avant lui, la présence des
femmes.
Il rejette brutalement les avances de la jeune Sara (incarnée
par la si belle Agostina Belli), amoureuse de lui dès
l’adolescence. Il est pourtant secrètement épris d’elle, ce que
trahit une photo cachée dans sa valise. S’il rudoie Giovanni,
qu’il a rebaptisé Ciccio, comme ses autres ordonnances, il
éprouve une sincère affection pour le fragile jeune homme (il
dort en position foetale !) qui supporte sans trop broncher ses
brimades. Le rôle de Ciccio était tenu par Alessandro Momo,
fauché par la mort à 19 ans, dans un accident de moto survenu
peu après le tournage, à l’aube d’une carrière d’acteur pleine
de promesses.
Comme dans Le Lit conjugal, et dans bien d’autres films
italiens de cette époque, les coups de griffe à la religion ne
manquent pas. Dans une scène, importante, où Fausto demande sa
bénédiction à son ami prêtre Don Carlo (interprété par Vernon
Dobtcheff, à l’inquiétant visage de rapace) : « un signe de
croix, deux sottises en latin et me voilà vacciné contre le
péché ! ». Toujours à Rome, dans une pension tenue par des
religieuses, Fausto, le bras valide camouflé sous sa veste,
obtient l’aide d’une nonnette pour… se soulager la vessie !
Le récit glisse progressivement du ton de la comédie vers un
désespoir profond de Fausto au terme du voyage : « Je suis le
onze de pique, cette carte qui n’existe pas ». La dernière image
donne-t-elle une petite lueur d’espoir ou n’est-ce encore
qu’illusion ?…
La jaquette montre, en premier plan, le visage de Fausto et,
derrière lui, plus effacée, Sara : toute la symbolique du film
est sur cette image.
Choix entre version française et version originale avec
sous-titres français optionnels. On peut changer de version ou
activer les sous-titres à la volée. Merci TF1 Vidéo !
Menu principal très simple, animé, élégant, sur fond noir, avec
le bandeau Passion Cinéma. Film divisé en 12 chapitres.
Dino Risi, en août 1999, parle à bâtons rompus du cinéma
pendant 13 minutes. Après s’être d’abord orienté vers la
médecine, il a été, aux débuts du néo-réalisme, attiré par le
cinéma, « ce beau métier où l’on ne fait pratiquement rien, où
l’on s’amuse et où l’on voit des jolies filles ». Il aime cette
phrase de Jean-Paul Sartre : « Ce qui compte, ce n’est pas ce
qu’on regarde, mais l’oeil qui regarde » et souligne
l’importance primordiale du scénario et du choix des acteurs,
dans les comédies italiennes qui ont suivi les années de guerre
quand est venu le goût du plaisir, de l’automobile, des vacances
à la mer. Il évoque plusieurs de ses films, Le Fanfaron,
Les Monstres, Mordi e fuggi (Rapt à l’italienne). Intéressant.
(4/3, en italien, avec sous-titres français optionnels).
Vittorio Gassman ne nous accorde que 3 minutes pour nous
dire, dans un bon français, qu’il trouve stimulant, pour un
acteur, d’être transformé comme il le fut dans I soliti ignoti
ou, encore, de simuler la cécité dans le rôle de Fausto (16/9,
en français).
Bande-annonce (16/9, VOST).
La photo manque notablement de contraste ; les détails des scènes sombres sont parfois difficiles à discerner. Toutefois, l’image est propre, bien qu’une vilaine barre orange qui traverse l’écran à 01h34m12s eût pu être effacée.
Son clair en mono 2.0, dans les deux versions, avec un léger souffle, pas gênant.