Réalisé par Andrzej Zulawski
Avec
Isabelle Adjani, Sam Neill et Margit Carstensen
Édité par TF1 Studio
Possession a été tourné à Berlin, au pied du mur érigé 20 ans
plus tôt et qui allait tomber en novembre 1989. On retrouve la
passion exacerbée jusqu’à la folie qui caractérisait
L’Important c’est d’aimer, le premier film
réalisé en France par Andrzej Zulawski en 1975. Cette
instabilité reviendra dans des oeuvres ultérieures, comme « La
femme publique », « L’amour braque » et « Mes nuits sont plus
belles que vos jours », pas encore éditées en France.
Possession n’est pas un film d’horreur, mais une étrange
composition sur la passion amoureuse, débridée, paroxystique.
Après tout, la créature monstrueuse existe-t-elle vraiment ou
n’est-elle pas plutôt qu’une hallucination d’Anna, une
manifestation de sa furie sexuelle et de la culpabilité
qu’elle aurait engendrée, ce que paraît suggérer la scène
d’hystérie dans les couloirs du métro et l’aveu ultérieur
d’être l’artisan de sa propre malédiction ? Le monstre
n’apparaît en pleine lumière qu’un temps très court, vers la
fin du film, contre l’avis du réalisateur, pour qui
l’étiquette de film d’horreur qui a pu lui être collée
pourrait expliquer l’échec commercial.
La remarquable performance d’Isabelle Adjani lui a valu le
prix d’interprétation féminine au festival de Cannes et aux
Césars. Très à l’aise en anglais, avec un léger accent à ravir
les spectateurs anglophones, elle est extraordinaire dans sa
représentation du désir sexuel, du mépris, de la dérision de
la haine et de la folie, en violent contraste avec son double,
Helen, la douce institutrice de Bob. Lui donnent la réplique
Sam Neill, lui aussi couronné par plusieurs prix et par Heinz
Bennent, apprécié dans l’unique Die Blechtrommel (Le Tambour)
de Volker Schlöndorff et dans Le Dernier métro de
François Truffaut. Pour moi, il en fait quand même un peu trop
ici.
TF1 Vidéo comble un vide en éditant pour la première fois en
France un film important de Zulawski qui n’était disponible
qu’en importation des USA ; il n’avait été que rarement
diffusée en France à la télévision et toujours avec un
doublage en français.
Une belle jaquette, sobre, symbolisant parfaitement le film
avec les deux visages d’Anna, apaisée et emportée par sa folie.
Choix entre version française et version originale avec
sous-titres français optionnels. Merci TF1 Vidéo !
Menu principal très simple, animé, élégant, sur fond noir,
avec le bandeau Passion Cinéma. Film divisé en 12 chapitres.
Interview d’Isabelle Adjani (2 min.) qui résume la direction
d’acteurs à la Zulawski : il les pousse à bout jusqu’à ce
qu’ils craquent !
Interview du réalisateur. Au long des 36 min. d’intéressantes
confidences faites sur un canapé, Andrzej Zulawski raconte,
notamment, ses mésaventures à Varsovie où il était retourné
pour le tournage du film de science-fiction « Le globe d’argent »
(Na srebrnym globie), qui s’est étalé sur 18 mois pour être,
avant son achèvement, interrompu par un zélé fonctionnaire du
Ministère du cinéma qui y avait vu de nombreuses trahisons des
canons du socialisme. Le réalisateur n’a pu récupérer son
passeport que grâce à un invitation bidon à Hollywood envoyée
par un ami américain. Une fois arrivé à New York, il s’est
lancé dans l’écriture de « Possession ». Un recueil d’anecdotes
qui se regarde et s’écoute sans le moindre ennui.
Bande-annonce doublée en français (3 min.)
Le remasterisation est remarquable : pas la moindre tache, pas le moindre défaut de compression pour la mise en valeur de l’excellent travail de Bruno Nuytten, le chef op’ et, aussi, le compagnon d’alors d’Isabelle Adjani, qu’il aurait réussi à convaincre de revenir sur son refus de tenir le rôle d’Anna/Helen.
Son clair en mono 2.0, dans les deux versions.