Persona (1966) : le test complet du DVD

Édition Collector

Réalisé par Ingmar Bergman
Avec Bibi Andersson, Liv Ullmann et Margaretha Krook

Édité par Studiocanal

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Le 22/04/2014
Critique

Elisabet, actrice de théâtre, perd l’usage de sa voix sur la scène en interprétant Elektra. Après un séjour en clinique, elle s’isole avec Alma, son infirmière. Au silence d’Elisabet répond la parole ininterrompue d’Alma. Les rapports entre les deux femmes se détériorent…

L’idée vint à Ingmar Bergman d’écrire le scénario de Persona lorsqu’il vit sur une photographie Liv Ullmann et Bibi Anderson.

Persona est probablement le film de Bergman le plus complexe, semblant parfois basculer du rêve à la réalité, celui qui gardera toujours une part de mystère, même après plusieurs visionnages.

Très vite apparaît une inversion des rôles de la patiente et de l’infirmière, cette dernière cédant au besoin de se raconter à Elisabet qui, telle un psychiatre, la laisse parler sans desserrer les lèvres. Alma lui dévoile ainsi, avec force détails, une expérience sexuelle impromptue et intense sur une plage avec une jeune femme et deux adolescents. Scène où le pouvoir des mots est tel qu’on peut se demander si on ne nous en a pas montré les images.

L’équivoque plane sur la nature des relations entre les deux femmes : antagonisme ou attirance mutuelle ? Le doute n’est pas levé par le gros plan iconique, gravé dans la mémoire des cinéphiles, où Liv Ullmann embrasse le cou de Bibi Andersson. À moins qu’elle la vampirise…

Le retour, au milieu du film, de la suite surréaliste d’images de la séquence d’ouverture marque un tournant du récit juste après qu’Alma vienne de réaliser qu’elle avait été le jouet d’Elisabet. Alma est toujours la seule à parler mais, désormais, prend l’ascendant sur Elisabet en lui disant qu’elle a identifié la cause de sa souffrance, dans un long monologue, répété deux fois, mot pour mot. La première fois, la caméra est tournée vers le visage d’Elisabet, la seconde fois vers celui d’Alma.

Ce renversement de situation crée un nouveau doute : laquelle des deux femmes cherche-t-elle à envahir la personnalité de l’autre ? Ce doute est renforcé par deux curieux plans qui font se confondre les deux visages, d’abord par la juxtaposition de la partie droite de l’un et de la partie gauche de l’autre, puis, dans un plan plus long, par la superposition des deux visages annonçant peut-être la fusion des deux personnalités en une seule.

Cette expérience cinématographique rare exerce une réelle fascination, sous le charme envoûtant de deux grandes complices du cinéma de Bergman, Bibi Andersson, avec laquelle le réalisateur allait tourner une vingtaine de films, tout comme avec Liv Ullmann qui allait partager sa vie pendant de nombreuses années.

Édition - 6,5 / 10

Test effectué sur check disc.

Le film est vendu dans un boîtier keep case accompagné d’un livret de 20 pages qui ne nous a pas été communiqué.

Le menu, fixe et muet, propose le choix entre la version originale ou un doublage en français, les deux au format DD 1.0.

Aucun supplément vidéo, pas même la reprise de la courte intervention de Liv Ullmann, seul supplément de l’édition Opening de 2002. Absence regrettable pour une oeuvre si particulière.

L’image n’est pas techniquement au niveau de celle de la réédition, également par Studiocanal de La Source, sortie simultanément. Si elle est pratiquement exempte de taches ou rayures, elle souffre d’un léger manque de contrastes, de noirs un peu poreux et d’un fourmillement visible surtout sur les plans larges. Rien de grave au point de gâcher le plaisir dispensé par la photo de Sven Nykvist, le photographe attitré de Bergman. La comparaison avec l’édition Opening montre un très léger gain dans l’affinage des niveaux de gris, sensible dans les séquences fortement contrastées.

Le son mono (DD 1.0) assure une bonne restitution des dialogues. Un spectre ouvert, des aigus cristallins, une quasi-absence de saturations trompent sur l’âge du film et flattent la musique originale de Lars Johan Werle, un compositeur suédois avant-gardiste. Un léger souffle, pas vraiment gênant, ne se fait entendre que dans les moments de silence.

Crédits images : © 1966 - AB Svensk Filmindustri

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
6,5 / 10
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Philippe Gautreau
Le 22 avril 2014
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