Scènes de la vie conjugale (versions cinéma et télé) (1973) : le test complet du DVD

Scener ur ett äktenskap

Édition Collector

Réalisé par Ingmar Bergman
Avec Liv Ullmann, Erland Josephson et Bibi Andersson

Édité par Studiocanal

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Le 26/05/2014
Critique

Johan, professeur d’université, et Marianne, avocate spécialisée dans les divorces, mariés depuis dix ans, parents de deux filles, sont interrogés par une journaliste sur les raisons de la durée de leur union que Johan dit être parfaite. Marianne semble hésiter. Mais elle n’aura pas le temps de s’exprimer : c’est l’heure de la photo.
Quelques jours après, Johan annonce à Marianne, qui ne se doutait de rien, qu’il aime une collègue de travail, Paula. Il va partir vivre avec elle pour au moins huit mois…

Scènes de la vie conjugale est une série télévisée en six épisodes de 50 minutes dont la première diffusion remonte à 1973. Le « film », également proposé dans le coffret, est un nouveau montage, d’une durée (168 minutes) réduite à près de la moitié de celle de la série. Cette version cinéma, à laquelle Ingmar Bergman a consenti à la demande des producteurs, malgré l’importance des coupes faites (par exemple, l’avortement de Marianne) conserve néanmoins la force de l’original.

Le coffret offre également le téléfilm Saraband, tourné trente ans après les Scènes de la vie conjugale, avec les mêmes personnages, Marianne et Johan, interprétés par les mêmes acteurs, Liv Ullmann et Erland Josephson, que Bergman a dirigés respectivement une vingtaine et une trentaine de fois.

Les confrontations en huis clos entre Johan et Marianne font l’essentiel de la série et du film. Écrits par Ingmar Bergman, les dialogues sont recherchés, mais sonnent naturellement, vrais comme la vie, dans la bouche de personnages qui se livrent à fond, débarrassés de toute pudeur.

L’humeur du couple passe par plusieurs états. Du cynisme le plus âpre : « Nous sommes là avec notre confort minable, notre lâcheté, notre absence de vie et notre honte ; et nous n’avons pas de tendresse, pas d’amour, pas de joie. » Jusqu’à des résurgences d’une profonde affection, d’une indéfectible complicité qui n’a pas besoin de paroles pour s’exprimer. En passant par des violences verbales et même physiques.

Scènes de la vie conjugale met au premier plan le personnage de Marianne qui réussit, avec le temps, à s’affranchir de sa dépendance vis-à-vis de Johan dont elle a analysé les causes : « On m’a administré un poison d’une efficacité redoutable : la mauvaise conscience. »

Tourné pour la télévision, à plusieurs caméras, par une suite de plans fixes rapprochés sur les visages, presque tous en intérieur, sans accompagnement musical, Scènes de la vie conjugale, par son dénuement, force à se concentrer sur les deux personnages et réussit à maintenir une forte tension dramatique tout au long des cinq heures de projection.

Saraband, l’avant-dernier long-métrage d’Ingmar Bergman, tourné en 2003, montre, en dix tableaux, un apaisement des relations entre Johan et Marianne qui se retrouvent pour la première fois après une séparation de trente ans. Cette tardive note optimiste n’empêche pas Bergman de rappeler que la famille peut être, comme il l’a montré avec force dans Fanny et Alexandre, le ferment de tensions haineuses et de douloureuses turpitudes, ici la relation incestueuse qu’entretient Henrik (le fils issu du second mariage de Johan) avec sa fille Karin.

Édition - 7,5 / 10

Les quatre DVD sont logés dans un boîtier inséré dans un étui cartonné avec la même charte graphique (monochrome avec une photo du film) et son titre calligraphié, que les autres oeuvres de Bergman récemment rééditées par StudioCanal : Le Septième sceau, Les Fraises sauvages, La Source, Persona et Sonate d’automne. L’édition Blu-ray, sortie simultanément, a le même contenu.

Le menu fixe propose, pour la version cinéma, le choix entre version originale et doublage français. La série n’est disponible qu’en version originale sous-titrée. Les sous-titres optionnels, trop haut placés une fois de plus, empiètent sans raison sur l’image.

Le supplément vidéo est Saraband, la suite de Scènes de la vie conjugale, d’une durée de 106 minutes (et non pas de 1h06 comme indiqué sur la jaquette).

On aurait apprécié une introduction ou une analyse, fussent-elles courtes, comme celles proposées en complément de l’édition MK2 de 2005. Fort heureusement, un livret de 20 pages abondamment illustré contient une brillante analyse de Philippe Rouyer des Scènes de la vie conjugale (avec une liste des coupes faites pour la version cinéma) et de Saraband.

L’image de Scènes de la vie conjugale, au format 1.33, est, dans les deux versions, exempte de taches, rayures et scintillements. Les couleurs sont fraîches, dans des tonalités délicates et bien étalonnées. Une seule ombre au tableau : un fourmillement très perceptible dans les plans larges, inévitable conséquence du tournage en 16 mm, mais qu’on remarque à peine dans les gros plans sur les visages. L’image de Saraband, au format 1.77, est très propre, sans le bruit vidéo de la série, mais dans les mêmes tonalités douces.

Le son DD 1.0 de Scènes de la vie conjugale restitue assez clairement les dialogues, exceptionnellement affectés par un léger excès de réverbération. Les dialogues français sont clairs, mais un peu étriqués.

Seule la version originale est proposée pour Saraband dont le son DD 2.0 stéréo offre un spectre large, avec des basses profondes, profitant aux extraits musicaux qui illustrent le film, dont la sarabande de la suite n° 5 pour violoncelle de Bach qui lui a donné son titre.

Crédits images : © Studiocanal

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm