La Planète des tempêtes (1962) : le test complet du DVD

Planeta bur

Réalisé par Pavel Klushantsev
Avec Vladimir Yemelyanov, Georgi Zhzhyonov et Gennadi Vernov

Édité par Artus Films

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Le 02/09/2015
Critique

La Planète des tempêtes

Trois vaisseaux spatiaux soviétiques, Sirius, Véga et Cappella approchent de Vénus. Sirius est détruit par une météorite. Bravant l’ordre d’attendre quatre semaines l’arrivée d’un vaisseau lancé en renfort, trois hommes partent en exploration de la planète. Sans nouvelles d’eux, un vaisseau se pose sur Vénus pour leur porter secours. Seul espoir de retour, un vaisseau reste en orbite avec une femme à bord, Masha.

La Planète des tempêtes, sortie en 1962, un an pile après le premier vol Youri Gagarine à bord de Vostok 1, ajoute au récit de science-fiction une bonne dose de propagande. Le carton d’ouverture annonce tout de go la couleur :  » Le film est purement imaginaire. Mais nous croyons aux futurs exploits des cosmonautes soviétiques qui verront de leurs yeux la planète des tempêtes « .

Si cette prophétie ne s’est jamais réalisée, La Planète des tempêtes, inédit en vidéo en France et peu montré hors des frontières de l’ex-URSS, est une curiosité qui vaut la découverte. La réalisation de Pavel Klushantsev, un spécialiste des documentaires scientifiques, fait dans l’économie d’effets spéciaux : rien n’est montré de  » l’avénussisage  » de la première équipe à bord d’un planeur (!), tout nous est raconté par les spationautes restés en orbite.

Une fois sur la planète, les explorateurs sont confrontés à quelques dinosaures un peu figés, à des plantes carnivores armées de tentacules et aussi à un vulgaire lézard pris en gros plan pour paraître plus menaçant. Les scènes sous-marines sont filmées à travers, ou devant, un aquarium. En toile de fond, le décor minimaliste de la cabine du vaisseau spatial et des rivages rocheux balayés par des nuages rampants masquant opportunément les arrière-plans dont la configuration est laissée à l’imagination du spectateur.

Avec La Planète des tempêtes, on est à quelques années-lumière des réalisations hollywoodiennes, dont la référence absolue est Planète interdite, tournée six ans plus tôt. Dans le film russe, pas une seule particule d’humour, pas d’acteur charismatique parmi les cosmonautes, tous plus sérieux les uns que les autres (tout comme Bob, le gros robot pataud). Pas même de blonde platine sexy, mais Masha, une brunette boulotte, très boulot-boulot. La relative importance donnée à l’unique femme de l’équipage, seule dépositaire des moyens de retour sur terre des cosmonautes pourrait-elle être gâchée par la sortie de l’un d’eux :  » Un robot peut réfléchir, mais pas une femme  » ? À vous d’apprécier…

Mais ces caractéristiques originales créent un total dépaysement faisant l’attrait de La Planète des tempêtes. De plus, les ficelles et l’apparence un peu cheap des effets visuels n’effacent pas la fraîcheur ingénue, quasi-poétique de certaines scènes du film, tout de même un peu trop bavard.

La Planète des tempêtes

Édition - 7,5 / 10

Le disque (DVD-9) est logé dans un digipack, coutumier aux éditions Artus Films (non fourni pour le test), avec une des affiches du film en couverture. Le menu fixe, accompagné par un chant conquérant repris dans le générique de fin, propose la version originale avec sous-titres français optionnels et un doublage en français, les deux au format Dolby Digital 2.0 mono.

En supplément, La science-fiction russe par Alain Petit (22’), passe rapidement en revue une dizaine de films, des aventures art-déco sur Mars d’Aelita (1924) à un polar spatial confidentiel, L’Inspecteur des étoiles, réalisé en 1980 par Mark Kovalyov et Vladimir Polin, en passant par la perle du lot, le Solaris d’Andrei Tarkovski en 1972. De nombreux titres sont passés sous silence, qui auraient pu figurer dans la liste à la place de quelques nanars, comme Andromeda Nebula de Yevgeni Sherstobitov (1967), Eolomea de Herrmann Zschoche (1972) et, surtout, Le Voyage cosmique de Vasily Zhuravlyov (1935), disponible en zone 1, qui mériterait d’être un jour édité en France.

Alain Petit parle un peu de La Planète des tempêtes qui inspira Stanley Kubrick en 1968 pour 2001, l’odyssée de l’espace et dont Roger Corman acheta les droits et recycla les effets visuels dans deux films. Il cite aussi une amusante anecdote : le ministre de la culture d’alors aurait rugi contre une scène du film où Masha verse de grosses larmes croyant ses collègues morts :  » Un cosmonaute soviétique ne peut pas pleurer ! « . Le réalisateur aurait confié, plus tard on imagine, n’avoir échappé à de longues vacances au goulag que parce qu’il était irremplaçable dans sa spécialité.

Voilà, dans l’ensemble, un complément utile, mais malheureusement dit d’un ton trop monotone. Dommage aussi que le documentaire complétant le DVD russe, sur l’oeuvre de Pavel Klushantsev, n’ait pas été repris.

En plus, un diaporama d’affiches et de photos (celles placées dans les vitrines des salles), la bande annonce du film et celle de deux autres éditions Artus Films, sorties simultanément dans la Collection SF Vintage : La Planète des vampires et de La Planète des hommes perdus.

La restauration a éliminé de l’image (1.33:1) toute tache ou griffure. Bonne luminosité, avec des couleurs plutôt vives, bien qu’un peu délavées dans certaines scènes, particulièrement celles tournées à l’intérieur du vaisseau spatial. Le principal reproche tient aux teints de peau, assez instables.

Le son Doldy Digital 2.0 mono, lui aussi correctement restauré, restitue clairement dialogues et accompagnement musical. La version originale est préférable au doublage français assez calamiteux et affecté par un léger souffle.

La Planète des tempêtes

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
7,5 / 10
Avis

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Philippe Gautreau
Le 2 septembre 2015
Ce petit film de science-fiction est sorti dans les salles de l’ex-URSS en hommage au premier vol spatial habité avec Youri Gagarine à bord de Vostok 1, pile-poil un an après. Artus Films nous donne l’opportunité de découvrir un film inédit en France, qui mêle aventures et propagande.

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