Le Jour se lève (1939) : le test complet du DVD

Réalisé par Marcel Carné
Avec Jean Gabin, Jules Berry et Arletty

Édité par Studiocanal

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Le 13/11/2014
Critique

Dans un immeuble, un coup de feu, un corps roule dans l’escalier. Le meurtrier, François, s’enferme dans sa chambre pendant que la police se déploie, attendant l’aube pour donner l’assaut. Pendant les quelques heures de liberté qui lui restent, François revit les circonstances qui l’ont amené à tirer.

Le Jour se lève est le résultat de la quatrième miraculeuse association entre Marcel Carné et Jacques Prévert, après Jenny, Drôle de drame et Quai des brumes.

Le Jour se lève, vénéré par le critique André Bazin, cumule toutes les vertus. Prévert, sur une idée de scénario en quatre pages de Jacques Viot, a découpé le récit en trois longs flashbacks (alors une nouveauté) qui éclairent les raisons du meurtre sur lequel s’ouvre le film. Il y ajoute la poésie de dialogues apparemment tout simples, portant sophistiqués. Un exemple quand Françoise, une jeune femme qu’il a rencontrée, découvre une ressemblance entre Jean Gabin/François et son ours en peluche : « Vous voyez, il est comme vous, il a un oeil gai et l’autre un tout petit peu triste. »

Marcel Carné, depuis Quai des brumes, sorti un an avant Le Jour se lève, est reconnu comme un des cinéastes français de premier plan, à l’égal de Jean Renoir, Jacques Becker et Jean Grémillon. Tous posèrent les jalons de ce qu’on appellera, plus tard, « le réalisme poétique » qui garde l’héritage de l’expressionnisme allemand pour les éclairages et la photo des décors de Trauner, la reconstitution en studio d’un carrefour de Paris et de la petite rue qu’habite Françoise.

Le Jour se lève est, aussi, l’affrontement de deux monstres sacrés de l’époque, Jean Gabin et Jules Berry, impressionnants dans la scène filmée en champ et contre-champ à la fin du film. Arletty y tient également un rôle important ; surprise nue, occupée à sa toilette, elle déclenche une réplique de Jean Gabin : « On dirait la vérité qui sort du puits », peut-être à l’origine du personnage de Garance dans Les Enfants du paradis, créé cinq ans plus tard, dont nous avons testé il y a deux ans, la magnifique restauration, éditée par Pathé. Il faut ajouter, dans le rôle de Françoise, la présence lumineuse de Jacqueline Laurent, alors la petite amie de Jacques Prévert.

La photo de Curt Courant et la musique de Maurice Jaubert viennent ajouter au plaisir de voir et revoir un film exceptionnel, à cent coudées au-dessus du remake que réalisera Anatole Litvak en 1947 (The Long Night) avec Henry Fonda dans le rôle principal.

Édition - 8,5 / 10

Test effectué sur un check disc.

Dans chacun des formats, DVD ou Blu-ray, le disque est présenté dans un digibook contenant un livret de 24 pages, non fourni pour le test.

Le menu principal donne accès à des sous-titres pour malentendants et à une piste d’audiodescription.

Le menu initial avec le choix des langues, français, allemand et anglais, donne accès à un doublage en allemand et à des sous-titres anglais sur la version originale en français.

Le changement de version ou de sous-titres impose un retour au menu principal.

Le supplément principal, Le Jour se lève, dernier sursaut du front populaire, réalisé par Dominique Maillet, donne, pendant 96 minutes, la parole à plusieurs intervenants, critiques ou historiens de cinéma, comme Claude Gauteur, Olivier Barrot, André Heinrich (spécialiste de Jacques Prévert) ou à des auteurs, acteurs ou techniciens qui ont côtoyé Marcel Carné : Jean-Charles Tacchella, Jean Valère, le chef op’ Willy Kurant, Pascale Petit, Françoise Arnoul… Ce document foisonnant contient une analyse du film illustrée par quelques séquences, évalue les contributions respectives de Marcel Carné et Jacques Prévert, relate de nombreuses anecdotes.

Les difficultés de La restauration du film nous sont expliquées pendant 15 minutes par des membres du Laboratoire Éclair : recherche du meilleur support, un contretype ou  » marron  » conservé par la Cinémathèque Française, en l’absence d’un négatif nitrate, réparation des perforations, traitement des traces laissées par les moisissures, des rayures, du pompage, etc., le tout ayant mobilisé jusqu’à une vingtaine de personnes pendant quatre mois.

Pour finir, trois scènes censurées d’une durée totale de 2 minutes, coupées sur ordre du régime de Vichy (après la sortie du film en juin 1939), réintégrées dans le montage qui nous est présenté. Deux scènes contiennent des invectives de badauds à l’encontre de la police, la troisième montre Arletty dans son plus simple appareil.

L’image surprend souvent par la fermeté des contrastes, par son piqué et la densité des noirs, bien qu’elle soit trop douce dans certaines scènes d’intérieur en basse lumière. Aucune tache ou rayure n’a échappé à l’oeil des restaurateurs. Un travail exemplaire, bien qu’on soit un poil au-dessous de la perfection atteinte par la même équipe avec Les Enfants du paradis.

La restauration du son a été opérée par L.E. Diapason. Même si la qualité d’ensemble est remarquable, il subsiste des passages pendant lesquels, le souffle, discret le plus souvent, s’impose un peu trop. Là encore, on n’égale pas le résultat obtenu pour Les Enfants du paradis, peut-être en raison du niveau des dommages subis par les archives utilisées.

Crédits images : © Studiocanal

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
8,5 / 10
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Philippe Gautreau
Le 27 septembre 2014
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cineberry
Le 16 septembre 2011
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dirtylulu
Le 9 juin 2010
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